A toutes les femmes

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A l'heure où les propos de Marguerite Stern sur Twitter séparent et divisent encore un peu plus les personnes, je voudrais modestement extérioriser mes ressentis des trois dernières semaines. Je précise de suite que par homme j'entends toute personne qui se sent et/ou se reconnait comme un homme, et par femme, toute personne qui se sent et/ou se reconnait comme une femme.

Ces trois dernières semaines donc, j'ai pu expérimenté un emploi difficile. Agent d'entretien dans des entreprises de ma ville. J'ai très vite eu mes chantiers favoris, parce que les gens étaient plus sympa, parce qu'il n'y avait pas ce fichu escalier en colimasson au milieu duquel je me mettais à trembler pendant dix minutes, ou des dizaines d'araignées à enlever à l'aspirateur. Bref. Prenez soin des agents d'entretien. C'est fatigant, mal payé, et avec la chaleur de ces derniers jours, j'vous jure que c'était pas la joie.

Pendant ces trois semaines, j'ai expérimenté le contact avec d'autres personnes. Des hommes, des femmes, dans différents milieux. Souvent dans des milieux plutôt masculins. Je voudrais pas remettre en cause le fait que les agressions de rues sont pour la plupart agisssement d'hommes envers des femmes, parce que je sais pertinement que c'est le cas, mais, (oui oui, il y a un mais), je pense qu'avant de se battre contre le patriarcat, réaffirmer la notion et l'importance de la sororité pourrrait s'avérer utile. Je m'explique. J'ai rencontré 30 hommes pour 8 femmes (oui quand j'ai commencé à ressentir ce que je vais exposer j'ai compté). Sur les 30 hommes, UN SEUL m'a regardé comme un bout de viande. UN SEUL. Ça donne 3,33%. Les autres ont été polis, courtois, accueillants et ultra bienveillants envers moi et mon travail. Merci à eux. Pour les femmes en revanche, c'est pas ça du tout. Quatre d'entre elles ont été polies et bienveillantes, quatre ont été hautaines et dédégneuses. 4 pour 4 ça fait 50%. La moitié des femmes m'a traité comme de la merde et si j'ai eu la boule au ventre d'aller travailler les deuxièmes et troisièmes jeudis, vous pouvez pas imaginez comme je me suis sentie légère lorsque j'ai vu le troisième jeudi que celle qui m'a fait le plus sentir une moins que rien n'était pas là. Alors j'ai voulu comprendre, parmis les femmes qui m'avaient traité comme de la merde on avait trois femmes qui gagnaient bien plus que moi et celle que je remplaçais pendant ses vacances (on a donc le même salaire). Parmi celles qui avaient été bienveillantes, on retrouvait une ouvrière agro-alimentaire, les trois autres avec un meilleur salaire. Donc, c'était pas le salaire. J'ai cherché plus loin. Je crois que c'est le milieu de travail et sa gestion. Les femmes dans un environnement masculin étaient plus dûres que celles dans un environnement mixte. Comme si mon arrivée leur faisait une compétition qu'elles n'appréciaient pas. Je suis jeune, je rentre dans les critères de beauté. Mais elles aussi. La plus méchante est le portrait type des critères de beauté féminins. Et plus ces femmes s'éloignaient de ce critère, plus elles étaient adorables. Alors ce serait ça ? Rentrer dans les critères de beauté ? Peut-être fait-elle des efforts pour avoir le corps qu'elle a et en devient compétitrice pour attirer le regard des hommes, peut-être est-elle née comme ça ? Je crois que les femmes ont été depuis leur enfance, "éduquées" à plaire. Et à être plus belle que la voisine, plus mince, plus jeune. Et forcément, une jeune maman établie ne peut rivaliser avec la jeunesse d'une gamine de 19 ans qui a parfois du mal à être vue comme une personne majeure. Donc, j'étais facilement l'ennemie. De toutes les personnes qui travaillaient avec elle, des hommes et une femme, qui était en vacances lorsqu'elle était là et que j'ai vu seulement la dernière semaine. Elle, c'est un ange, elle ne rentre pas dans les critères de beauté et elle a la cinquantaine. La jeune maman est donc, sans moi, la plus jeune personne des lieux.

Je ne vais pas vous expliquer en quoi ces personnes ont été désagréables, à m'en tordre le bide. J'aimerai juste appeler à plus de sororité, de bienveillance entre toutes les femmes, les cis, les trans, les hétéros, les lesbiennes. Toutes. Les minces, les enrobées, les grosses. Toutes. Les jeunes, les moins jeunes. Toutes. Les mamans, celles qui essayent, celles qui veulent pas, celles qui peuvent pas. Toutes les femmes. C'est ensemble, main dans la main, qu'on arrivera à combattre le patriarcat et à rendre la société meilleure, plus juste et plus sûre pour toutes les personnes. Certaines femmes sont odieuses avec les autres femmes et, je trouve cela bien plus traumatisant que le regard trop insistant du vieux monsieur de 60 ans qui m'a regardé comme un bout de viande. J'ai toujours eu l'impression, à mon grand regret, que certaines femmes étaient en compétition entre elles pour paraître plus belles et plus importantes aux yeux des hommes. Je n'ai jamais compris. Manque de confiance en soi ? Société qui pousse à cela avec ses critères de beauté et ses injonctions à rester jeune ? Je rêve d'un monde qui laisse chaque femme être elle-même, sans que ce soit vu comme une force de caractère que de s'assumer sans maquillage, sans soutien gorge ou je ne sais quoi. Me dîtes pas que c'est à cause des hommes, les seules personnes à m'avoir fait des remarques sont des femmes. Parce que je fais négligée ou que je ferai quand même plus féminine.

Soyons soudé.e.s. C'est important. Plus que de rabaisser les autres sans raison.

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