C'est l'heure

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Ma session est ouverte, et je dois cliquer. Pour m'engager dans l'une ou l'autre des deux voies qui me sont proposées. Les deux que je voulais. Vraiment. Celles que j'ai choisies seule.

C'est l'heure. L'heure de choisir. Parfois je me dis que j'aurai préféré que le classement ait choisi pour moi, mais même ça, je n'en suis pas certaine. Ces deux choix, ce sont les bons. Tous les deux. Mais maintenant, c'est l'heure. L'heure de choisir. L'heure de choisir et de foncer. Et d'assumer.

Je repense à l'année dernière. Mon cri de joie, au milieu de mes peines et de mes peurs. La joie de n'être pas si nulle que cela et d'avoir une école, peut-être la joie d'avoir été acceptée dans une école loin de chez mes parents, ou d'avoir l'école qui me permettrait de les rendre fiers, au moins un peu.

Puis, les vacances. Et le grand vide. La décision ultime. Le service civique, le refus d'aller en cours. Tout annuler. Annuler l'école, annuler la vie à Angers. Et partir. Rester près de celle qui me connait si bien, et de la boule de poil qui me réveille pour manger le matin.

Une année est passée, et je vois ces trois journées, celle il y a un an et l'école à Angers, celle en septembre dernier et le début de moi, et celle aujourd'hui, avec ce choix à faire, sous un nouveau regard. J'ai un an de plus, mais mille bagages me rendent plus sûre de moi. Ce service civique a été la plus belle expérience de ma petite vie, et ma princesse et mes boules de poils m'ont donné plus d'amour que je ne pensais en recevoir en une vie entière.

J'ai souri, j'ai pleuré, j'ai appris. Et je n'ai jamais regretté. Je n'ai pas regretté d'avoir menti. J'ai parfois regretté d'avoir dû mentir pour en arriver là, mais je sais que c'était la seule solution. Deux jours avant la rentrée, j'ai menti à nouveau. J'ai dit oui pour l'école, pour ne pas retourner à Paris. Parce que mon Service Civique m'attendait déjà et que toutes mes affaires étaient déjà chez ma princesse, elles m'attendaient, déjà rangées dans ce studio trop petit pour nous deux. Je savais que c'était la bonne décision. Qu'il fallait juste que mon père et ma grand-mère repartent d'Angers, pour que je puisse rentrer à mon tour. Retourner chez ma princesse et commencer ma vie. Serrer mon chat dans mes bras et lui dire que c'est bon, que je suis là et que tout ira bien. Pour m'en persuader moi-même.

Mon père m'avait dit qu'il ne me connaissait plus. Qu'il ne m'avait pas élevé comme ça. Que j'avais menti, et que je le décevais. Je sais. Je le savais avant qu'il ne me le dise. Mais c'était ma dernière carte. J'avais essayé. Essayé de parler. Mais ça n'avait rien changé.

Aujourd'hui, je vais choisir. Et mon père est fier de moi. Il est d'accord avec mon choix et ça me rassure. C'est bizarre, parce qu'il n'a jamais été vraiment d'accord avec mes choix personnels. Je crois que c'est la première fois.

C'est l'heure. L'heure de choisir. Et je n'ai pas peur. Je sais que je fais le bon choix. Je ne sais pas où je vais, mais je sais que c'est mon chemin.

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