Le Nuage de Neige

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Elle tombe, tombe, tombe et sans relâche, recouvre la ville et le monde d’un léger voile fragile.
Le temps ne passe pas. La neige a figé le monde autour et tout est ralenti. Les enfants jouent dehors un jour d’école. Et tomber ne fait pas mal aujourd’hui. On se relève en riant et on refait le même pas, celui qui vient de nous mettre par terre, la tête en arrière dans la neige. Mais le monde aujourd’hui se souvient de notre corps et de nos pas. Derrière nous, notre chemin se dessine et nous n’avons plus qu’à aller de l’avant, nous enfoncer dans la neige, là où personne n’est allé, pour tracer un chemin dans un univers à part qui semble inconnu.
Elle est sortie plus tôt du bus lundi et elle a enlevé ses écouteurs avant d’écouter le bruit de ses pas dans la neige. Elle posait ses pieds doucement, on aurait dit une petite fille qui voyait la neige pour la première fois et en même temps, elle semblait chez elle à un point qu’on se demandait si elle n’était pas elle même un peu comme la neige, fragile au sol, et forte au milieu de cette danse silencieuse qui occupait le ciel et l’univers. Elle prenait soin de chaque craquèlement sous ses pas, comme d’une musique que suit la danseuse. C’était beau de la voir s’agenouiller par terre pour prendre des photos de ce spectacle que lui offrait sa campagne qui s’habillait pour l’hiver. Elle avait un sourire sur le visage, et les cheveux à l’air malgré la neige. Elle faisait quelques pas dans la neige avant de les prendre en photo en pensant que le temps venait de s’arrêter, que ses pas resteraient jusqu’à ce que la neige soit assez tombée. C’était beau ce matin aussi, de la voir partir à la même heure que lorsqu’elle part pour le lycée. Elle a prit le chemin de la lande, mais elle n’a pas pu s’empêcher de râler parce que la nuit qui semblait vouloir rester elle aussi pour contempler le spectacle empêchait toute photographie. Elle a retrouvé le pont au dessus des rails. Elle a couru dans la neige pour arriver plus vite parce qu’elle savait qu’elle était chez elle. Elle a commencé à regarder les trains s’en allant dans un nuage de neige et je crois que son coeur y est encore. Sur ce pont, les yeux rivés sur le nuage de neige, parce que c’est là-bas qu’elle a compris, les plus beaux spectacles ne peuvent pas être photographiés. On ne peut pas voler au coeur et au temps les plus beaux instants. Ils sont en nous, et ces instants sur le pont ne pouvaient pas être partagés. Alors, le nuage de neige n’était que pour elle. Uniquement pour elle.

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