New York, juste un rêve

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Chapitre 11

Lorsque le soleil perce à travers les rideaux, mes paupières s'ouvrent lentement. Je m'étire paresseusement dans mes draps. Mathilde s'est déjà levée. Une odeur agréable arrive jusqu'à mes narines : celle du pain grillé. Je lâche un petit soupir... Topaze arrive jusqu'au pied du lit, en remuant la queue, et me regardant d'un air déjà bien éveillé! Soudain voit sa tête en gros plan et, avant que j'aie le temps de reculer, sa truffe froide est déjà collée contre ma joue, le tout accompagné de reniflements dans mon oreille.

Miss Mystère :
"Coucou, mon gros !"

Je protège ma tête sous la couette, pendant que ce coquin essaie d'y glisser son museau pour me sortir du lit !

Miss Mystère :
"Hey !"

Je sors timidement mon visage de dessous le tissu. En découvrant Mathilde, quasi nue et terriblement sexy, je réalise que ma tête doit être franchement affreuse.

Mathilde :
"Dit donc mon p'tit gars, tu ne vas quand même pas me voler le privilège du premier bisou du matin ?!"
Miss Mystère :
"Eh bien, on dirait que c'est raté !"

J'essuie avec un air dégoûté, l'humidité sur ma joue, pendant que Topaze me regarde avec ses deux billes rondes innocentes.

Miss Mystère :
"Oh là là ! Arrête ! Ne fais pas un pas de plus !! Je dois avoir une tête à faire peur..."
Mathilde :
"Mais non... Tu es magnifique !"

(Magnifique ? Avec ma coiffure, version tsunami, mes paupières gonflées et mon haleine de chacal ? L'amour rend aveugle, assurément...)

Elle s'assied sur le bord du lit et me fait un bisou sur le front. Ces moments de tendresse m'avaient tellement manqué... La douceur de ses bras et ses petites attentions... Voilà que mon cœur refait des siennes. Évidemment Topaze vient vite se coller à nous, en chouinant pour avoir lui aussi sa part d'affection.

Mathilde :
"Tu sais que tu m'as déjà cassé mon coup une fois, toi ? Faudrait pas que ça devienne une habitude !"

Elle s'adresse à Topaze, le regard en biais. J'explose de rire ! Je me souviens bien de ce fameux soir où Topaze nous a interrompus...

Miss Mystère :
"Tu parles ! tu t'étais défilé ! N'empêche, c'était la séance de soin la plus hot qu'on m'ait jamais faite..."

Elle me fait un sourire craquant avant de se lever.

Mathilde :
"Allez hop hop hop ! Debout princesse ! Je t'ai préparé le petit déjeuner !"
Miss Mystère :
"Si je dis à Lola à quel point tu es parfaite, elle va finir par me haïr."

Elle repart en tant en direction de la cuisine, suivi de Topaze, soudainement très intéressé. J'ai peut-être ma tête peu flatteuse du matin, mais je peux limiter les dégâts en portant ma petite nuisette. Mes pieds nus parcourent discrètement le sol jusqu'à Mathilde. Je me colle allègrement contre la peau de son dos nu. Elle sert ses toasts dans les petites assiettes.

Mathilde :
"J'ai fait comme chez moi, tu m'en veux pas ?"
Miss Mystère :
"Si, c'est très ennuyeux ces filles canons qui s'approprient ta cuisine pour te faire un super petit-déjeuner..."

Elle m'adresse un petit regard malin avant de me tendre mon assiette. Je m'installe sur la chaise de bar, en face d'elle, avant de croquer goulûment dans le pain moelleux.

Miss Mystère :
"Mmmmh c'est trop bon !!!"
Mathilde :
"Je sais princesse, tu me l'as dit cette nuit..."

Je rougis devant sa mine provocante.

Miss Mystère :
"Elles aiment qu'on les flatte..."
Mathilde :
"De vraies manipulatrices..."

Nous échangeons un regard complice. Topaze nous interrompt, en chouinant à l'intention de Mathilde.

Miss Mystère :
"Tu lui as donné quelque chose ?"
Mathilde :
"Moi ?! Non..."
Miss Mystère :
"Mathilde..."
Mathilde :
"C'est pas impossible qu'un petit bout de bacon ait malencontreusement glissé pendant que je faisais la cuisine..."
Miss Mystère :
"Tu sais bien que je veux pas qu'on donne des trucs ! Après, il chouine. Regarde... ! Topaze ! Bouge de là !"

Elle éclate de rire pendant que je fais les gros yeux à mon chien. Je n'aime pas qu'il mange n'importe quoi, et encore moins qu'il mendie.

Mathilde :
"T'es sexy quand tu t'énerves."

Je lui lance un regard en biais à elle aussi. C'est exaspérant !

Mathilde :
"Dis-moi, princesse grognon, ça te de dirait d'allait faire du roller cette après-midi ?"
Miss Mystère :
"Oh pourquoi pas ! Un peu de sport me fera le plus grand bien ! Par contre j'en ai pas !"
Mathilde :
"J'irai en récupérer chez un pote qui tient une boutique de sport. Je dois le voir pour un truc, toute façon... Et on se retrouve en début d'aprèm à Central Park ?"
Miss Mystère :
"Cool."

Elle me sourit. Je la fixe un instant. J'ai enfin l'impression de la retrouver. Je nourris l'espoir qu'un jour elle franchisse le cap et qu'elle m'emmène faire un tour sur sa moto, l'esprit serein...
Lola est venue me rejoindre ce midi. Elle devait passer chez une amie, en fin de matinée, dans le quartier. Du coup je lui ai dit de venir grignoter chez moi.

Lola :
"C'est vraiment sympa comme quartier..."

Son regard se perd sur les petites résidences qui s'étendent devant ma fenêtre, pendant que je dépose nos assiettes sur la table.

Miss Mystère :
"Oui, ça va."
Lola :
"De plus en plus je songe à déménager..."
Miss Mystère :
"Ah bon ? Tu n'es pas bien dans ton appart ?"
Lola :
"C'est plutôt un studio... C'est pour ça que je t'y ai jamais invitée. Et puis le quartier est pas très sûr. Surtout la nuit quand je rentre de la danse..."
Miss Mystère :
"Tu pourrais venir habiter pas loin de chez moi ! T'imagines, on serait voisines !"

Elle lâche un petit soupir.

Lola :
"Laisse tomber ! De toute façon, il faudrait que Carter Corp m'octroie une sacrée augmentation, pour je puisse déménager dans, un meilleur quartier ! Mais bon... On ne va pas parler immobilier... Tu as sans doute des choses bien plus croustillantes à me raconter, toi..."

Son regard dévie sur la rose que j'ai placée dans le petit soliflore, sur ma commode. On ne cache rien à Lola et encore moins en matière d'amour et de soirée torride... Elle prend son petit air mutin et s'installe sur le canapé en me faisant signe de venir. Je lui souris. Le simple fait de repenser à nos jeux amoureux d'hier soir suffit à me faire rougir.

Lola :
"Quelque chose me dit que j'avais vu juste !!"
Miss Mystère :
"Oui !!! C'était bien Mathilde qui a tapé à la porte !!"

Si je n'étais pas aussi heureuse que les choses se soient arrangées avec elle, je serais presque agacée qu'elle devine toujours tout.

Lola :
"Raconte !"
Miss Mystère :
"D'accord ! D'accord ! Elle m'a présenté ses excuses et elle m'a apporté une rose."
Lola :
"Oh là là ! C'est tellement romantique !!"

Elle s'esclaffe et attend que je poursuive.

Miss Mystère :
"Et on s'est réconcilié... De toute façon, je suis incapable de lui en vouloir..."
Lola :
"En même temps, c'est super chou..."
Miss Mystère :
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa tête... Pourquoi elle est venue finalement ...? Elle m'avait dit qu'elle avait besoin de temps."
Lola :
"Lorsqu'elle t'a tout raconté, elle a dû réaliser à quel point elle tenait à toi. C'est sans doute trop dur de rester éloigné de toi. Rah là là !!! Je suis sûre que ça a été torride..."

Je lui adresse un petit regard qui en dit long. Elle soupire en balançant sa tête de droite à gauche, un sourire vissé aux lèvres.

Lola :
"Votre histoire, c'est un truc de dingue ! Tu devrais en faire un livre !"
Miss Mystère :
"Oh ? Et pourquoi pas un jeu d'amour virtuel auquel des gens pourraient jouer ? Avec, dans le rôle de la pauvre héroïne tourmentée, Miss Mystère !!"

Nous éclatons de rire. Topaze nous rejoint, gaiement.

Miss Mystère :
"pour parler plus sérieusement, cette après-midi, Mathilde m'a proposé d'aller faire du rouler à Central Park."
Lola :
"Oh ? La dernière fois que j'ai mis des patins, je devais avoir cinq ans, et j'ai fait des figures aériennes ! Je ne suis pas faite pour les trucs à roulettes..."
Miss Mystère :
"Je trouve ça trop bien ! J'en fais depuis longtemps..."
Lola :
"En tout cas, c'est cool ! Tu vois, tour revient à la normale. Vous allez vous retrouver tout doucement. Elle a juste besoin de temps."
Miss Mystère :
"Oui, c'est ce que je me dis. Je sais qu'elle ressent la même chose que moi, mais ce n'est pas de tout repos avec elle !"
Lola :
"C'est sûr... C'est un cœur écorché... Mais c'est pour ça aussi qu'elle te plaît, je suppose..."
Miss Mystère :
"Oui, ta raison."

Les paroles de Lola résonnent en moi. Sans doute que, Mathilde et moi, nous sommes toutes les deux abîmées. Le passé ne nous a pas fait de cadeau. Les blessures nous ont fait mûrir, mais elles ont aussi laissé des traces. Indélébiles.

Nous sommes déjà sur place, avec Topaze. J'ai la tenue de voleur complète ! Je me sens ridicule, avec mes deux grosses genouillères. On a connu plus sexy ! Pendant que Topaze furète partout, j'attrape mon portable pour envoyer un message à Mathilde et lui dire que je suis arrivée. Soudain, je sens deux mains se poser sur ma taille et une voix chaude vient caresser mon oreille.

Mathilde :
"Bonjour, mademoiselle... Une virée en roller, ça vous branche...?"

Je me retourne vivement et je me fonds dans ses bras de ma belle brune. Je l'embrasse passionnément... Je ne peux pas me passer de ses lèvres ni de ses bras, et tout de suite mon imagination divague sur une autre activité ...

Mathilde :
"Ou on peut rentrer chez moi, tout de suite..."

Je lui souris et frappe doucement sa poitrine.

Miss Mystère :
"J'aime me faire désirer."

Elle se racle la gorge et puis elle me tend fièrement un casque rose. J'arque un sourcil.

Miss Mystère :
"Quoi ? Tu veux que je mette ça ?"
Mathilde :
"Tu seras mignonne avec du rose. Je ne veux pas que tu te blesses."

Je lui prends le casque des mains en faisant la moue. Franchement, elle n'aurait pas pu trouver une autre couleur, non ?!

Miss Mystère :
"Tu te moques encore, je te le fais manger, ton casque rose !"
Mathilde :
"Oh là là ! Quel mauvais caractère !!"
Miss Mystère :
"Et toi ? Il est où, le tien ?"
Mathilde :
"Pas besoin de casque, poulette ! Je gère !"

Je soupire, en clipsant le casque sur ma tête. Devant son air hilare, je lève un doigt.

Miss Mystère :
"Pas un mot...! Pas un mot !"

Tout en se retenant de pouffer de rire, elle déballe les rollers sur le sol, devant elle.

Mathilde :
"Bon, tu connais un peu ou pas ?"
Miss Mystère :
"Bien sûr que je connais ! Tu as devant toit la championne régionale de rollers !"
Mathilde :
"Ok. Viens t'asseoir, championne."

Nous nous déplaçons jusqu'à un banc. Je lance un regard à Topaze qui observe avec fascination une bande de canards. Elle ouvre des rollers et m'indique d'y glisser mon petit pied. Cette attention qu'elle me porte, ses mains sur mes mollets, tout ça m'émoustille.

Miss Mystère :
"J'aime bien que tu t'occupes de mes pieds. La prochaine fois, tu me feras un massage...?"

Un fin sourire étire ses lèvres lorsqu'elle me regarde par-dessus son épaule.

Mathilde :
"Je pense que c'est ta taille."
Miss Mystère :
"Oui, ça a l'air d'aller."
Mathilde :
"Très bien. On met l'autre."

Je la regarde faire amoureusement. En fait, je me rends compte que j'aime qu'elle s'occupe de moi. Une fois qu'elle a terminé avec mes chaussures, elle s'occupe des siennes. De toute évidence, elle n'en est pas à son coup d'essai et elle est rapidement opérationnelle. Elle me tend les mains pour m'aider à me lever.

Miss Mystère :
"Je peux me lever toute seule ! Je ne suis pas en cristal !"
Mathilde :
"Oh mais faites donc, alors !!!"

Elle se courbe théâtralement comme si elle avait devant elle une comtesse.

Miss Mystère :
"Je vais finir par croire que tu penses que j'ai un sale caractère..."
Mathilde :
"Mais non, ma princesse... Tu es parfaite."
Miss Mystère :
"Moue..."

Elle prend ma main et m'indique la direction qu'on va prendre.

Mathilde :
"On va passer par là ! C'est bon ?"
Miss Mystère :
"Ouais, pas de problème !"

Sans qu'elle me lâche la main, nous commençons à rouler. Je siffle Topaze pour qu'il nous suive. Un sentiment très singulier s'empare de moi. Quelque chose que je pourrais définir comme le bonheur, sans doute. Les moments les plus simples sont bien souvent les meilleurs. Bon... Sauf que Topaze décide de se mettre dans nos pattes et d'aboyer en faisant des bonds ! Je pousse Topaze comme je peux sans casser la figure !

Mathilde :
"Qu'est-ce qu'il a ?"
Miss Mystère :
"Je sais pas, je pense qu'il comprend pas ce qu'on fabrique !"

Nous éclatons de rire devant Topaze qui semble complètement perturber. Il finit par se désintéresser de nous et dévie son attention sur les arbres aux alentours... et les odeurs des congénères. Après quelques dizaines de minutes, nous décidons de nous arrêter un peu au bord d'un point d'eau. Je m'assieds sur un banc et je soupire d'aise.

Miss Mystère :
"C'est une super idée !! Je m'éclate !"
Mathilde :
"Je savais que ça te plairait !"

Je la regarde un instant sans rien dire. Avec un sourire aussi craquant, je sais exactement ce que je vais faire de toi ce soir, ma belle.

Mathilde :
"Quoi ?"
Miss Mystère :
"Rien. C'est juste... J'ai pas l'habitude."
Mathilde :
"L'habitude de quoi ?"
Miss Mystère :
"Qu'on s'occupe de moi comme tu le fais."

Elle me sourit, puis passe un bras sur mon épaule pour m'inviter à poser ma tête contre la sienne. Je fixe l'étendue d'eau devant nous. J'ai l'impression qu'avec les événements, et le tumulte de notre relation, ce moment ne va pas durer. Je chasse tout de suite cette idée de mon esprit.

Miss Mystère :
"Je t'aime..."
Mathilde :
"Moi aussi, ma belle."

Elle dépose un petit bisou sur le coin de mon front. Puis, elle jette le bâton que Topaze vient de lui apporter. Ma petite conscience jubile. Je me souviens encore d'avoir été assise sur l'un de ces bancs, il y a quelques mois, à me lamenter de pas savoir comment m'y prendre avec Mathilde. Je dois reconnaître que je m'y suis plutôt bien pris, finalement... Je me redresse pour lui faire face.

Mathilde :
"Tu viens souvent à central Park ?"
Miss Mystère :
"Oui... C'est un peu notre refuge, à Topaze et moi. Cette ville, c'est un vrai ouragan au quotidien !"
Mathilde :
"C'est vrai... Brooklyn c'est plus calme..."

Elle fixe Topaze qui se roule allègement sur le sol, pour frotter son dos contre l'herbe fraîche.

Miss Mystère :
"Tu m'as jamais dit comment tu as trouvé ce job à Carter Corp ?"
Mathilde :
"J'ai vu qu'ils cherchaient quelqu'un pour travailler comme graphiste. À l'époque je faisais des petits trucs pour les amis, des affiches, des flyers, des jaquettes... Je me suis dit pourquoi pas essayer de postuler. J'ai été pris."
Miss Mystère :
"C'est qui, qui t'a fait passer l'entretien ?"
Mathilde :
"Cassidy..."
Miss Mystère :
"Je suis sûre qu'elle a pas pu résister à ton charme..."
Mathilde :
"Est-ce que tu sous-entendrais que je n'ai pas été prise pour mes qualités professionnelles ?"
Miss Mystère :
"Non, je dis juste que je suis certaine qu'elle n'a pas été insensible à ton charme... Aucune fille sur terre ne peut l'être, de toute façon."

Elle me sourit et me fait un bisou sur la joue.

Mathilde :
"Bon... Au lieu de dire des bêtises, on fait la course pour le retour ? Celle qui gagne choisit le gage de l'autre."

Elle me fixe avec défi. Et je suis incapable de résister à un défi.

Miss Mystère :
"D'accord ! Allons-y. J'espère que tu es prête à prendre ta raclée..."
Mathilde :
"Tu vois pas ? Je tremble de peur !!!"

Nous nous levons en même temps avec Mathilde, et nous nous lançons un regard en biais, comme deux duellistes, en comptant jusqu'à trois.

Mathilde :
"Un... Deux..."
Miss Mystère :
"Attends !!! C'est moi qui compte !"

Elle lève les yeux au ciel, avec un sourire.

Mathilde :
"Je sens que je vais me faire avoir..."
Miss Mystère :
"Un... Deux... Deux et demiiiii... Trois !!!!"

Nous démarrons en trombe et je parviens à passer un tout petit peu devant elle ! Je suis fière
de moi ! Topaze, qui m'a vue détaler comme une folle en criant nous poursuit en aboyant ! Si les gens venaient ici pour avoir du calme, je crois qu'il qu'ils vont devoir attendre après la tornade de notre passage...

Mathilde :
"Je vais te rattraper...!"
Miss Mystère :
"Sûrement pas !!!"
Mathilde :
"J'ai déjà, plein d'idée pour mon gage..."

Je glousse et j'évite de justesse une mamie qui passe avec son petit chien sur le chemin !

Miss Mystère :
"Oups ! Pardon madame !!!"

J'entends qu'elle est hilare derrière moi.

Mathilde :
"T'es un vrai danger public ! évite d'écraser les petites grands-mères, elles t'ont rien fait."
Miss Mystère :
"Arrête de parler, tu me déconcentres !!"
Mathilde :
"Oh il t'en faut si peu pour te déconcentrer ? Alors... Tu as déjà perdu !"

Vexée, je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, mais elle est déjà en train de me doubler.

Miss Mystère :
"Hey !!"

Je la vois me passer devant à toute allure. Elle prend plusieurs mètres d'avance ! Je ne dois pas me décourager. Après tout, Il y a quelques secondes, j'étais devant. Elle ne m'aura pas facilement ! Il faut absolument que j'aille plus vite si je veux gagner, mais quelques petits cailloux freinent mon ardeur !

Miss Mystère :
"Y'a des cailloux, je peux pas aller plus vite !"
Mathilde :
"Eh oui... Comme c'est triste...! Alors, le gage..."

Elle se retourne en riant et continue sa course. Si je la laisse faire, elle va gagner ! N'écoutant que mon courage, j'accélère et je fais de plus grandes enjambées. Nous arrivons à une sorte de virage ; c'est l'occasion de lui passe devant ! Dans un mouvement de jambes que je pensais impossible, je parviens à profiter de l'ouverture à l'intérieur du virage pour passer devant elle. Je manque de tomber mais je me rattrape avec plus ou moins de grâce !

Mathilde :
"Bien joué, princesse !"

Alors que je suis toute fière d'avoir repris la tête de la course, ma cheville part de côté, entraînée par le patin que je n'arrive plus à contrôler. Je n'adhère plus au sol et mes pieds glissent sur des cailloux, à l'extérieur du virage.

Miss Mystère :
"Aaaah non !!!!"

J'essaie, dans un mouvement aussi pathétique que désespère, de reprendre mon équilibre, mais rien n'y fait ! Mon corps part sur le côté et l'horizon prend une drôle d'inclinaison. Mon flanc et mon bras percutent le sol et je sens une brûlure pendant que je glisse sur plusieurs mètres !

(Outch !!!)

Je vois arriver plusieurs cyclistes en face de moi, depuis la montée du virage ! Je protège instinctivement mon visage, certaine qu'ils vont me rouler dessus !


Mathilde :
"Miss Mystère !!!"

J'entends sa voix affolée tout près. Puis des bruits de vélos, de freins... et des jurons, tout autour de moi. Je m'attends à être percutée... mais rien ne se passe ! Quand je rouvre les yeux, les cyclistes sont arrêtés quelques mètres plus loin. Je vérifie rapidement mes bras. A part quelques égratignures et ma cheville qui me fait mal, je n'ai rien du tout. Je fais signe aux que tout va bien et je tente de me relever, mais je glisse et je n'arrive pas à prendre appui. Topaze est déjà près de moi et me fait une léchouille. Il doit se demander ce que je fabrique maintenant, allonger par terre, après avoir fait la folle ! Je vois alors Mathilde se précipiter sur moi et se pencher pour me prendre dans ses bras.

Mathilde :
"Ça va ? Tu n'as rien ?!"
Miss Mystère :
"Oui ça va, juste la cheville qui me lance un peu et quelques égratignures sur le bras..."

Elle est complètement paniquée ! Elle n'y a pas de quoi se mettre dans cet état, ce n'est qu'une petite chute ! Elle entreprend pourtant de me m'inspecter sous toutes les coutures.

Miss Mystère :
"Je te dis que ça va !"
Mathilde :
"Bordel, je suis trop conne !"
Miss Mystère :
"Mais c'est rien du tout, Mathilde !"
Mathilde :
"Encore une fois, moi et mes idées à la con ! Putain !"

Elle continue de regarder mes bras, mes jambes, tout en se maudissant elle-même. Tout à coup, elle me soulève, un bras sous mon dos et un autre sous mes genoux, pour me porter dans ses bras. Je passe mes bras autour de son cou. Je m'inquiète pour elle, elle est toute pâle.

Miss Mystère :
"Ça va ?"

Elle ne me répond pas. Elle se contente de fixer le banc, en face de nous, avant de m'y déposer délicatement. Je commence à me pencher pour défaire mes chaussures, mais elle me retient.

Mathilde :
"Bouge pas."

Elle entreprend de défaire mes chaussures. Ma cheville va déjà beaucoup mieux. Une fois le pied nu j'arrive à la bouger et à la faire tourner.

Miss Mystère :
"Ouf ! Ça va ! Rien de cassé !"

Elle me prend dans ses bras. Je sens que son cœur bat très vite. Lorsque je me dégage d'elle, je la trouve vraiment très pâle.

Miss Mystère :
"Tu te sens bien ? Tu es tout pâle...!"
Mathilde :
"Ouais, ça va..."

Miss Mystère :
"C'est moi qui m'étale comme une bouse de vache sur le chemin, mais c'est toi qui fais un malaise ?"

Je rigole de bon cœur en regardant Topaze.

Mathilde :
"C'est pas drôle. Tu aurais pu te très mal."

Qu'est-ce qui lui prend tout à coup ? J'ai failli percuter des vélos, c'est pas comme si...

Mathilde :
"Bordel princesse... Tu comprends pas ? J'ai revu la scène avec Lana... La course, le virage, la chute, les types qui arrivaient en face..."

Tout à coup, mon sang se glace et je reçois une vivre décharge au cœur. Alors c'est donc ça qui la rend si mal...!

Miss Mystère :
"Calme-toi... C'est moi qui ai fait la folle, j'ai glissé. Mais ça va maintenant."

Elle a pris sa tête entre ses deux mains. Encore une fois, je la vois s'enfoncer, se laisser submerger et je me sens impuissante. Je ne sais pas quoi lui dire pour la raisonner... J'avoue que cette histoire prend des proportions qui me dépassent.

Miss Mystère :
"Mathilde..."

Elle enfin son visage de ses mains et regarde le lac au loin. Ses yeux sont embués.

Mathilde :
"Encore une fois, je gâche un moment qui aurait pu être super... Encore une fois, je veux faire la course, et encore une fois, je mets quelqu'un que j'aime en danger... Putain... À croire que j'apprends rien de ce qui m'arrive..."

Elle secoue la tête de droite à gauche. Je suis tellement triste qu'elle s'inflige tout ce mal.

Miss Mystère :
"Arrête de te faire du mal. On a fait la course pour s'amuser, c'est rien de bien méchant. Tu pouvais pas savoir que j'allais tomber."
Mathilde :
"C'est moi qui t'ai provoquée, d'accord ?"

Son regard se fait plus dur. Je sais que ce n'est pas après moi qu'elle est en colère. J'aurais presque envie ce soit le cas.

Mathilde :
"Tu m'as prévenu, tu m'as dit que tu avais peur des cailloux et moi, comme une conne, j'ai continué !"
Miss Mystère :
C'est moi qui ai pris le risque d'accélérer en toute connaissance de cause !
Mathilde :
"Il faut... Il faut que je te parle..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Qu'est-ce que tu racontes !"

Elle se lève brutalement et je me lève aussitôt pour prendre ses épaules dans mes petites mains.

Mathilde :
"Je suis nul... Désolé, faut que j'y aille..."
Miss Mystère :
"Mais... Matt !"

Elle sort de son sac à dos ma paire de baskets qu'elle me tend tristement.

Mathilde :
"Appelle Lola ou mon frère ou un taxi... Je suis désolé... Je peux pas rester ici..."

Elle va quand même pas me laisser plantée là !!!

Miss Mystère :
"Mathilde assied-toi. Calme-toi. On va discuter, d'accord ?"
Mathilde :
"Non je... je dois y aller..."
Miss Mystère :
"Mais..."

Ma voix n'est plus qu'un murmure... Je ne comprends plus rien à ce qu'il se passe. La scène me paraît surréaliste. Nous étions encore en train de rire il y a peine quelques minutes et la voici au trente-sixième dessous maintenant. Un sanglot m'échappe lorsqu'elle me tourne le dos pour partir et qu'elle fait signe à Topaze de me rejoindre, quand celui-ci essaie de la suivre. De ma vie, je me demande si j'ai déjà été plus pathétique. Assise sur banc, les chaussettes à l'air, et les larmes qui ne cessent de couler. Une vieille dame s'arrête près de moi. Elle porte une robe à fleurs et ses cheveux blancs sont coiffés en un chignon flou. Son visage porte les marques d'une vie bien remplie et plusieurs rides profondes viennent souligner ses yeux vifs.

??? :
"Vous allez bien, mademoiselle ?"

Je la regarde sans trop la voir. Des spasmes me remuent pendant que j'essaie de sécher mes larmes.

Miss Mystère :
"Ça... ça va aller... C'est gentil... Merci."

La dame me regarde avec beaucoup de sollicitude. Elle prend appui sur sa canne et s'assied un instant à côté de moi.

??? :
"Ah les hommes !"

Je tourne la tête vers elle, incrédule.

Miss Mystère :
"Ce n'est pas un homme, mais une femme !"
??? :
"Ah ma petite chérie ! Je le vois dans vos yeux ! Il ne faut pas pleurer, vous savez. Avec le temps, tout s'arrange."

Je cligne des yeux un instant. Je dois avoir la berlue.

(C'est quoi au juste ? Ma marraine la bonne fée ? Mon psy ?)

??? :
"Ce qui vous paraît insurmontable aujourd'hui, demain vous y repenserez avec plus de sérénités."

(Ou alors une sorte de moine tibétain déguisé en mamie...)

Elle pose sa main frêle et frappée sur la mienne.

??? :
"Allez... Appelez votre amie."

Je ne dis pas un mot, complètement halluciné. La vieille dame repart en faisant un signe de sa canne à Topaze.

??? :
"Et toi, prend bien soin de ta patronne !"

Topaze la fixe sans trop savoir quelle attitude adopter. Il semble se demander lui aussi d'où elle sort. Un peu plus je l'aurais vu chanter "Bibidibabidibou" et transformer Topaze en beau cheval blanc ! Désespérée, je prends mon portable pour appeler Lola.

Lola :
"Oui ?"
Miss Mystère :
"C'est moi..."

Ma voix est tremblotante et elle finit par se coincer au fond de ma gorge. Je n'arrive pas à retenir un sanglot.

Lola :
"Qu'est-ce qui se passe ? Vous êtes encore à Central Park ?"
Miss Mystère :
"Oui... Mathilde m'a plantée là... Toute seule... Je désespère Lola..."

J'entends Lola étouffer un juron.

Lola :
"Il s'est passé quoi, ma belle ? Pourquoi tu pleures ?"
Miss Mystère :
"Elle a carrément pété un câble..."

Silence au bout du fil. Je connais Lola, je sais qu'elle est en train de la maudire intérieurement.

Miss Mystère :
"Elle a encore parlée de l'accident, qu'elle t’a mise en danger..."
Lola :
"Bon... Je suis pas loin. On se retrouve à notre coin habituel, d'accord ? J'arrive d'ici un quart d'heure."
Miss Mystère :
"OK."

J'arrive péniblement à articuler ces deux lettres. Je me sens misérable. Lorsque Lola raccroche, je fixe tour à tour mon portable et Topaze. Il s'avance vers moi pour chercher une caresse. Il sait parfaitement quand je vais pas bien. Je prends sa petite bouille entre mes mains et j'enfouis mes doigts dans ses poils. Tout en le regardant, les larmes coulent. Je soupire bruyamment. Je ne sais pas où est partie Mathilde... Soudain je suis prise d'un doute affreux. Je ne voudrais pas qu'elle fasse une bêtise sous le coup de l'émotion ! Je cherche sur mon portable le contact de Daryl et je l'appelle immédiatement. Plusieurs tonalités se font entendre...

Miss Mystère :
"Décroche... Décroche..."
Daryl :
"Ouais ?"
Miss Mystère :
"Daryl ! C'est Miss Mystère."
Daryl :
"Salut ! Tout va bien ?"
Miss Mystère :
"Ta sœur a complètement pété les plombs..."

Les sanglots que je peinais à retenir explosent dans ma gorge et m'empêchent de parler.

Daryl :
"Qu'est-ce qui se passe ?"
Miss Mystère :
"On était au parc avec Mathilde, on faisait du roller. Je suis tombée et elle est parti comme une folle, prétextant que ça lui rappellerait l'accident avec Lana, que..."
Daryl :
"Attends, attends... T'es encore au parc, là ?"
Miss Mystère :
"Oui, mais Mathilde est partie. Je sais pas où elle est allée ! Elle était vraiment mal. Fais quelque chose, s'il te plaît. Elle ne veut pas m'écouter, j'ai peur qu'elle fasse une bêtise."
Daryl :
"Tu es toute seule ?"
Miss Mystère :
"Je suis avec mon chien et Lola va venir me rejoindre bientôt."
Daryl :
"Ok... T'as aucune idée d'où elle aurait pu aller ?"
Miss Mystère :
"Non... Elle m'a dit juste qu'elle devait partir ! Elle était très pâle..."
Daryl :
"OK. Calme-toi, je vais m'en occuper, d'accord ?"
Miss Mystère :
"Oui... Trouve-la, s'il te plaît..."
Daryl :
"Si ton amie tarde à arriver, tu me rappelles, d'accord ?"
Miss Mystère :
"Oui..."

Il laisse traîner un silence de quelques secondes.

Daryl :
"Ça va aller ?"
Miss Mystère :
"Oui, je crois."
Daryl :
"Bon, je te tiens au courant."
Miss Mystère :
"Merci."

Lorsqu'il raccroche, je serre mon téléphone entre mes mains. J'espère qu'il va retrouver sa sœur et qu'il va réussir à la raisonner... Lorsque Lola arrive, je fais les cent pas. Topaze lui fait de brèves caressent, il sent qu'il se passe quelque chose. Lola m'attrape par les épaules et me tire vers elle pour faire un câlin. J'explose en larmes dans ses bras.

Lola :
"Ma belle..."

Elle frotte doucement mon dos.

Lola :
"Ça va aller..."

Elle me tend un paquet de mouchoirs et j'essuie mes larmes.

Lola :
"Tu veux qu'on marche un peu ?"
Miss Mystère :
"Oui, je veux bien..."

Lola me regarde tendrement. Heureusement qu'elle est toujours là, fidèle au poste, pour me ramasser à la petite cuillère.

Miss Mystère :
"Je suis désolée... Ma vie est un vrai drame, en ce moment..."
Lola :
"Ne t'excuse pas, ma chérie... Bon... Tu m'expliques ?"
Miss Mystère :
"On faisait du roller avec Mathilde. Tout allait bien, vraiment. On rigolait... J'avais l'impression de l'avoir retrouvé. Mais depuis ce matin… Je me pose des questions…
On s'est posé un petit peu, au bord d'un point d'eau, et puis elle m'a taquinée pour qu'on rentre en faisant la course. Comme tu t'en doutes, elle allait gagner, alors j'ai été un peu imprudente pour la doubler et j'ai glissé sur des petits cailloux."

Je lui montre mes quelques égratignures.

Miss Mystère :
"En face de moi, il avait une bande de cyclistes qui arrivait et ils m'ont évitée de peu. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir... Je me suis protégé la tête et j'ai attendu que ça passe. Et Mathilde a débarqué comme une folle. Elle avait vraiment peur pour moi... Elle était livide. J'ai pas compris, sur le coup, pourquoi elle en faisait toute une histoire. Et puis... Elle m'a dit qu'elle avait transposé ce qu'il s'était passé à son accident avec Lana... La course, la chute, le danger qui venait d'en face... Elle a revu la scène de l'accident."
Lola :
"Oh non..."
Miss Mystère :
"Du coup, elle s'en voulait, elle n'arrêtait pas de se faire du mal... J'ai eu beau essayer de la raisonner, rien n'y a fait... Je me fais du souci pour elle, je ne sais pas où elle est allée..."
Lola :
"Et bien..."
Miss Mystère :
"Comme tu dis..."

Tout à coup, mon téléphone bipe. Je me précipite pour lire de quoi il s'agit.

Daryl :
"C'est bon, je suis avec elle. Je m'en occupe."
Miss Mystère :
"Daryl est avec elle !"
Lola :
"Ok... Tu penses que c'est une bonne chose ?"
Miss Mystère :
"Oui, même si Daryl est difficile à comprendre, je pense qu'il s'occupe bien de sa sœur. Je suis rassurée de la savoir avec lui."
Lola :
"D'accord."

Nous restons, un court instant, silencieuses.

Miss Mystère :
"Je sais que tu ne l'aimes pas trop..."

Elle me fixe un moment, muette.

Lola :
"C'est pas ça... Je le connais pas. Mais c'est juste que j'ai l'impression qu'il la tire vers le bas..."
Miss Mystère :
"Tu as peut-être raison, mais pour l'instant il est le seul qui peut retrouver Mathilde et la raisonner..."

Elle soupire doucement en regardant Topaze jouer avec un morceau de bois mort.

Lola :
"Tu veux faire quoi, maintenant ?"
Miss Mystère :
"Rentrer chez moi..."
Lola :
"Ok, je te raccompagne."

Elle est repartie de la maison après s'être assurée que j'allais bien. Décidément, à défaut d'avoir une petite amie compliquée, j'ai rencontré une amie en or ! Pour calmer mes émotions et mes courbatures, j'ai pris un grand bain chaud. Pendant que Topaze faisait la sieste sur son tapis. Ma serviette enroulée autour de moi, je m'assieds sur le bord du sofa pour appeler Mathilde. Mais personne au bout du fil... J'aurais dû m'en douter ! Vue la façon dont nous sommes quittés, elle ne veut sans doute pas me parler ce soir ! Je soupire, en regardant Topaze qui dort paisiblement. Sa respiration lourde et régulière me rappelle à quel point la mienne est courte et saccadée depuis cet après-midi. Puisque Mathilde ne répond pas, je décide d'appeler son frère.

Daryl :
"Hey ?"
Miss Mystère :
"C'est moi."
Daryl :
"Oui."

Il parle doucement, presque en chuchotant.

Miss Mystère :
"Tu es avec elle, là...?"
Daryl :
"Ouais attends deux secondes."

J'entends une porte qu'on ferme doucement et quelques bruits de pas.

Daryl :
"On est chez moi. Je l'ai récupéré, elle était complètement en panique. Je l'ai couché dans ma chambre, elle s'est endormie. Y a pas longtemps."
Miss Mystère :
"Je ne comprends pas... Les proportions que ce petit incident a prises cette après-midi..."

Il soupire doucement.

Daryl :
"Ma sœur est capable de surmonter tout ça. Elle y était très bien arrivée jusque-là. Mais elle a peut-être voulu aller trop vite. Elle a clairement transposé l'accident de Lana sur ce qu'il s'est passé cet aprem quand vous étiez au parc. Il lui faut du temps, Miss Mystère. C'est tout."
Miss Mystère :
"Combien de temps encore...? Je ne sais plus quoi faire pour qu'elle reprenne confiance..."
Daryl :
"Tu sais... C'était il y a des années, mais nous étions beaucoup attachés à Lana et sa disparition tragique a laissé un gros vide."

(Nous...?)

J'imagine facilement qu'à cette époque, Mathilde ne devait pas avoir les mêmes rapports avec son frère aujourd'hui. Ces trois-là devaient faire un sacré trio de choc... Daryl s'éclaircit la voix. De toute évidence, le deuil n'a pas été facile pour lui non plus.

Miss Mystère :
"Est-ce que tu penses que je peux venir chez toi pour la voir ?"
Daryl :
"Mmh... Je pense pas, c'est trop tôt. Reste chez toi pour l'instant."

Mon coeur reçoit une vive décharge. Je ne sais pas comment je dois le prendre. Après quelques secondes de silence, il se racle la gorge.

Daryl :
"Bon... Je dois te laisser. Je te donnerai des nouvelles, d'accord ?"
Miss Mystère :
"Oui, s'il te plaît..."
Daryl :
"Repose-toi, toi aussi, et t'inquiète pas, ça va s'arranger."
Miss Mystère :
"C'est tout ce que je souhaite !"

Lorsque je raccroche, je décide d'aller me perdre sous mes couvertures. Rapidement toutes ces émotions ont raison de moi et le sommeil m'assomme...

Ce matin, le bureau de Mathilde est vide. J'ai attendu un bon quart d'heure mais je ne tiens plus en place. J'ai dû lui envoyer un message il y a une dizaine de minutes et depuis je ne quitte pas mon phone. Enfin, la providence me sourit, mon téléphone vibre et je reçois un texto de Mathilde !

Mathilde :
"Désolé encore pour hier princesse. Je suis crevée ++ ce matin. Pas la grande forme. Bises."

Mon cœur se serre à l'imaginer ruminer ce qu'il s'est passé. Je tape mon message à toute allure ; j'ai absolument besoin de garder le lien avec elle.

Cassidy :
"Mademoiselle..."

(Oh non...)

Je me retourne vivement en faisant pivoter ma chaise, mon téléphone entre les mains.

Miss Mystère :
"Mademoiselle Sparke."

Je lui lance un sourire crispé. Qu'est-ce que cette garce me réserve encore...?

Cassidy :
"C'est étrange cette manie... À chaque fois que je vous vois, vous êtes toujours bien occupée par autre chose que ce pour quoi on vous paie."
Miss Mystère :
"C'est étrange, effectivement. Sans doute une histoire de timing... Je prenais simplement des nouvelles de mon collègue qui n'est pas là ce matin."
Cassidy :
"Oh... J'espère que tout va bien...?"

Je la regarde, un peu circonspect, très étonné par cette subite marque d'intérêt.

Miss Mystère :
"Oui, tout va bien. Elle a... Elle a simplement des soucis familiaux à régler..."
Cassidy :
"Oh..."

Je me méfie de cette soudaine sollicitude... Je sais que Cassidy fait toujours de grands sourires à Mathilde, mais rien dans son attitude ne sonne juste... Soudain, Cassidy se penche vers moi et pose sa main parfaitement manucurée sur mon avant-bras. Un frisson me parcourt l'échine. Son expression change alors et se fait narquoise et cruelle.

Cassidy :
"Nous n'avons pas besoin d'assistance sociale ici, mademoiselle. Mais si cela vient à changer, je penserai à vous. Assurément, vous seriez plus efficace pour écouter les pleurnicheries de vos collègues que pour faire le job pour lequel vous avez... une augmentation."

Elle insiste sur le dernier mot. Évidemment ! Cette histoire lui est restée en travers de la gorge ! À mon tour, je pose ma main sur la sienne et je me penche un peu plus vers elle, pour lui parler sur le ton de la confidence.

Miss Mystère :
"Je comprends que vous soyez perturbée par cette augmentation... Après tout, vous êtes la responsable RH et personne ne vous a consultée. Je n'aurais moi-même pas apprécié que mes attributions soient ainsi ignorées..."

Elle défait sa main vivement. Je vois son regard s'obscurcir. J'ai tapé juste.

Cassidy :
"Vous savez, tout finit par arriver. Il suffit d'un peu de patience pour voir un oisillon tomber du nid. Si vous imaginez une seule seconde que vos supérieurs vont vous faire des cadeaux, vous vous faites de belles illustrations..."
Miss Mystère :
"Je n'image rien du tout. Je me contente de faire mon travail du vieux que je le peux, et pour l'instant mes relations avec mes supérieurs se passent bien."

Un petit rire moqueur s'échappe de sa gorge de harpie.

Cassidy :
"On n'a rien sans rien, très chère. Ni dans la vie ni, encore moins, à Carter Corp."

Mais qu'est-ce qu'elle me veut, à la fin !!! Si elle a dû passer sous les bureaux de ses supérieurs pour grimper les échelons, c'est son problème ! Cette femme est une vraie caricature pathétique !!

Gabriel :
"Mesdemoiselles... Tout va bien ?"

Il apparaît derrière Cassidy. Il fait tourner sa chevalière pendant que son regard azur passe de l'une de l'autre. Il ne faut pas une grande capacité d'analyse pour voir combien nous nous aimons, elle et moi...

Miss Mystère :
"Je ne sais pas, il faut demander à Cassidy. Il semble que mon augmentation lui pose problème."

Gabriel la fusille du regard.

Gabriel :
"Cassidy, je peux te voir une minute ?"

Celle-ci se contente de hocher la tête, en minaudant. Il part en premier. Avant de le suivre, Cassidy se retourne dans ma direction. Je vois des flammes danser dans son regard de vipère.

Cassidy :
"Ne vous avisez plus jamais de me mettre en difficulté devant Gabriel..."

Je reste bouche bée devant ces menaces qu'elle vient de proférer à voix basse, et je la vois repartir, en dandinant des fesses, vers le bureau de mon manager.

Ce soir, j'ai décidé de me rendre à la villa de Daryl pour tenter de voir Mathilde. Je suis presque certaine qu'elle y est encore. Quand j'arrive, tout est silencieux. Lorsqu'il n'y a pas de fête, je pourrais presque trouver ce lieu paisible et accueillant. Je m'avance dans l'allée et je traverse la terrasse. J'aperçois Daryl, assis sur l'une des chaises, près de la porte d'entrée.

Daryl :
"Miss Mystère ?"

Il se lève, un peu surpris de me voir.

Miss Mystère :
"Salut. Il faut que je voie Mathilde."
Daryl :
"Ok... Je vais la chercher."

Il pose son verre sur la petite table en osier, à côté de sa chaise, et entre dans la villa. J'attends patiemment en fixant les remous de l'eau de sa piscine. Pour un peu je me laisserais hypnotiser par leurs mouvements réguliers. Après plusieurs interminables minutes, Mathilde apparaît enfin. Sa faible mine me fait penser qu'elle est restée couchée toute la journée. Ma belle, d'habitude si plein de vie s'est envolé...Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Je m'avance rapidement vers elle et je cherche ses lèvres pour y déposer un baiser. Le contact est doux, mais sans la belle énergie habituelle. Ce constat me fait mal j'encaisse sans rien dire. Je prends doucement ses grandes mains dans les miennes.

Miss Mystère :
"Mathilde, parle-moi..."
Mathilde :
"Je m'étais... convaincu de te...moto..."

Sa voix est un murmure, je peine à distinguer ce qu'elle e dit.

Miss Mystère :
"De quoi ?"

Ses prunelles viennent se planter dans les miennes. J'ai tellement de peine de la voir si triste.

Mathilde :
"Je m'étais presque convaincu de te prendre sur ma moto..."

J'essaie de sonder son esprit en cherchant plus profondément dans son regard.

Miss Mystère :
"Mais...?"

Elle remue la tête de droite à gauche, en fixant le sol. Sa mâchoire se crispe.

Mathilde :
"Mais j'ai encore eu la preuve que je mets en danger les gens que j'aime."

C'est dingue qu'elle cristallise encore là-dessus ! Ce n'était qu'une petite chute en rollers !

Miss Mystère :
"Écoute-moi bien... Si c'est la moto qui t'inquiète, ce n'est rien. Tu ne veux pas me prendre avec toi dessus ? Je comprends. Il te faut du temps. Et peut-être que tu n'y arriveras jamais. Mais ça m'est égal, Mathilde. L'essentiel c'est qu'on soit tous les deux."

Je vois briller une brève étincelle d'espoir dans son regard.

Miss Mystère :
"Cette après-midi que nous avons passée au parc était géniale. Je me suis sentie, vivante, heureuse. Parce que j'étais avec toi."

Tout à coup, un voile obscur vient se poser sur son beau regard. Je sens qu'elle sombre à nouveau.

Mathilde :
"Le problème c'est moi."
Miss Mystère :
"Non. Le problème c'est que tu as vécu un traumatisme et que tu dois soigner tes blessures."
Mathilde :
"Tu ne comprends pas qui je suis ?"

Je la fixe, silencieuse. Je ne vois pas où elle veut en venir.

Mathilde :
"La moto, c'est ma passion, et ce n'est pas pour rien. J'aime l'adrénaline, j'aime les défis, j'aime vivre dangereusement ! C'est comme ça que je fonctionne !"
Miss Mystère :
"Et j'aime cette partie de toi !"
Mathilde :
"Mais elle te met en danger ! Tu le vois pas ?!"
Miss Mystère :
"Si tu as peur de ça, alors arrête tout ! Arrête la moto, arrête la vitesse !"
Mathilde :
"Mais il y a tout mon passé ! Toutes ces histoires avec mon frère ! Cette nuit-là, quand le gang m'a enlevé, tu aurais pu te faire tuer !!"
Miss Mystère :
"Eh bien dans ce cas partons loin ! À l'étranger ! N'importe où ! Loin de tout ! Tu ne me feras pas de mal !"

Je réalise l'ampleur de ce que je dis au moment où je le dis. Je suis tellement accro à cette femme que je pourrais tout plaquer du jour au lendemain si elle me le demandait... Mathilde reste silencieuse quelques secondes, comme si elle réalisait elle aussi toute la signification de mes paroles. Un instant quelque chose d'indescriptible passe dans ses yeux. Comme si elle prenait conscience de quelque chose de fort.

Mathilde :
"Tu serais prête à tout laisser tomber pour moi ?"
Miss Mystère :
"Je suis prête à tout pour toi."
Mathilde :
"Mais..."
Miss Mystère :
"Je t'aime..."

Je laisse les yeux, j'ai envie de pleurer. Je suis désespérée... Mais, avec une tendresse infinie, elle me prend dans ses bras. La joue contre son épaule, je respire son odeur. Elle enfouit sa tête contre ma nuque.

Mathilde :
"Je t'aime, princesse... J'aime tellement..."
Miss Mystère :
"Alors, tout va bien..."

Nous nous regardons un instant, les yeux rougis et embués.

Mathilde :
"Je... Je te promets de tout faire pour que ça fonctionne entre nous..."

Ces paroles agissent comme un voile de douceur sur mon petit coeur endolori.

Mathilde :
"Je peux pas continuer comme ça, je dois aller de l'avant... Si je le fais pas pour moi, je vais le faire pour toi."
Miss Mystère :
"Je sais que tu en capable. J'ai confiance en toi."
Mathilde :
"J'ai du mal à imaginer de changer complètement de vie... Mais je vais faire des efforts."

Je la regarde pleine d'espoir, je la vois retrouver de la force.

Miss Mystère :
"On va sortir de ça toutes les deux, d'accord ?"

Elle me prend à nouveau dans ses bras et me soulève un peu. Elle pose son front contre le mien.

Mathilde :
"Tu es extraordinaire..."
Miss Mystère :
"Toi aussi... Et il faut que tu t'en rendes compte."

Lorsqu'elle me repose, son regard a changé, ses yeux ont retrouvé leur éclat. Soudain j'entends son ventre faire un gros gargouillis.

Miss Mystère :
"Tu as mangé ?"
Mathilde :
"Je crois que j'ai rien avalé depuis hier soir..."
Miss Mystère :
"Tu veux qu'on aille manger quelque part ?"
Mathilde :
"Je pense que Daryl a de quoi grignoter. Je me sens pas trop de sortir, ce soir..."
Miss Mystère :
"D'accord."
Mathilde :
"Bouge pas, je vais lui demander."

Elle disparaît à l'intérieur. Je me tourne vers la piscine. Je prends appui sur un siège et je médite sur toute cette conversation. J'espère que, cette fois, elle va réussir à lutter contre ses démons. Après quelques minutes, je la ressortir avec son frère. Je ne sais pas ce qu'ils se disent mais Daryl sourit et pose une main sur épaule.

Daryl :
"Si j'avais su que princesse restait dîner avec nous, j'aurais sorti la vaisselle en porcelaine, mais il faudra te contenter de reste de pizza !"
Miss Mystère :
"Je me contente de peu !"

Nous nous installons sur le bord de la terrasse tous les trois. Daryl me jette un coup d'oeil qui en dit long. Je crois que nous sommes enfin trouvés un point commun : l'amour que nous éprouvions pour Mathilde... Nous avons passé une bonne soirée hier, avec Mathilde et Daryl. Je me suis sentie presque comme en famille. Les deux m'ont raconté, avec une complicité renouvelée, toutes les bêtises qu'ils ont faites ensemble lorsqu'ils étaient enfants. Pauvre grand-mère, elle a dû vraiment en baver avec ces deux affreux dojos ! Mais, à les écouter, il y avait surtout surtout beaucoup d'amour. Lorsque j'arrive à mon bureau, je ne vois pas Mathilde mais je repère ses affaires en vrac sur son bureau. De toute façon, là où il y a du désordre, Mathilde n'est jamais bien loin... Je me rends compte que ça m'agace un peu et que ça va sûrement être un point d'accroche entre nous. Je suis une maniaque du rangement ! Je réalise que je suis déjà en train de penser à ce que serait notre relation si nous emménagions ensemble... Sur mon bureau, je découvre un post-it un petit mot : "Je suis de retour ma princesse ;-)"
Ces quelques mots ne manquent pas de m'attendrir mais je l'attrape rapidement pour l'écrabouiller et le jeter dans la poubelle. Alors que je regarde nerveusement autour de moi si personne n'a rien vu, la voix chaude de Mathilde, dans mon dos, me fait sursauter.

Mathilde :
"Des choses à cacher, mademoiselle...?"

Elle souffle ces paroles à mon oreille, sur un ton provocant. Je me retourne vers elle et son visage est si près que je dois réunir toute la volonté du monde pour ne pas me jeter sur ses lèvres.

Miss Mystère :
"Et si quelqu'un avait vu ton petit mot et avait compris, hein...?"

J'ai chuchoté, en surjouant un peu l'indignation. Elle me fixe, ses yeux passant des miens à mes lèvres. Mon cœur est en train de chavirer...

Mathilde :
"Peut-être qu'il serait temps d'officialiser notre relation, tu crois pas ?"
Miss Mystère :
"Tu es sérieuse ?"
Mathilde :
"Est-ce que j'ai l'air de rigoler ?"
Miss Mystère :
"Bah avec toi... C'est pas toujours très clair..."

Elle éclate de rire et s'assied sur la tranche de mon bureau, en se penchant sur le côté. Je la retrouve enfin, elle et son sourire d'imbécile provocant.

Mathilde :
"On ne pourra pas toujours se cacher, princesse..."

Elle n'a pas tort... Mais je ne suis plus sûre d'avoir le courage d'avouer notre relation à notre hiérarchie...

Miss Mystère :
"Tu as raison, mais..."
Mathilde :
"Mais quoi...?"
Miss Mystère :
"J'ai un peu la trouille d'en parler à Gabriel..."

Cette idée me terrifie. Je ne compte plus les fois où j'ai caché la vérité à mon manager...

Miss Mystère :
"Ok... Bon... Euh... On fait quoi ? On lui propose un déjeuner ?"
Mathilde :
"Ouais. On l'embarque dans son resto italien préféré. On lui dit combien on a travaillé dur sur le dernier dossier. Et hop, on lui glisse qu'accessoirement on s'envoie en l'air."
Miss Mystère :
"Mathilde !"

J'étire nerveusement mon cou pour m'assurer que personne ne nous entend dans les bureaux environnants, pendant que cette imbécile éclate de rire.

Miss Mystère :
"On lui propose de se voir aujourd'hui ?"

Intérieurement j'espère qu'elle va me proposer d'attendre...

Mathilde :
"Bah ouais !"

Je me crispe sensiblement sur mon siège.

Miss Mystère :
"Ok... OK... je... je vais lui envoyer un e-mail."

Je souffle, nerveuse.

Mathilde :
"Hey pas de panique, princesse, on lui annonce rien de grave. Juste qu'on s'aime..."

Son regard tendre et ses dernières paroles me donnent le courage nécessaire et vont sans doute égayer tout le reste de ma journée !

Évidemment, d'habitude Gabriel aurait été occupé, mais là, il est tout à fait disponible pour déjeuner.
Il nous a dit de l'attendre au restaurant où il nous rejoindrait. Depuis plusieurs minutes, je triture ma serviette en papier, devant le regard amusé de ma belle brune.

Mathilde :
"Princesse... Respire, sinon tu vas nous faire un malaise..."
Miss Mystère :
"C'est pas drôle, j'ai grave la trouille !"
Mathilde :
"T'as peur de quoi ? Qu'il nous vire...? Je me fais pas de souci pour toi, il va jamais te virer..."

Je sens dans cette dernière phrase une pointe de jalousie. Je sais très bien ce qu'elle pense, depuis le début, sur les petites attentions de Gabriel à mon égard.

Miss Mystère :
"Arrête avec ça ! Gabriel se fout complètement de moi ! Tout ce qu'il voit, c'est une employée consciencieuse qui remplit correctement ses dossiers."
Mathilde :
"Et qui est super sexy... s'il te plaît... On connait tous la réputation de Gabriel, je vois très bien comment il te regarde... Écoute, fais-moi confiance. Je te promets que ça va bien se passer."

Elle une main sur la mienne pour me rassurer. Je soupire en guise de réponse. Lorsque j'aperçois la silhouette de Gabriel qui s'avance à l'extérieur, je retire rapidement ma main et je me redresse.

(Respire ma fille, respire !)

Gabriel :
"Bonjour ! Excuse-moi pour le retard, une réunion qui n'en finissait plus."

(Pourquoi a-t-elle dû se terminer...?)

Pendant qu'il s'assied à côté de Mathilde pour me faire face, je tripote machinalement ma serviette en papier. Elle vient de se transformer en boule difforme.

Gabriel :
"Alors... vous vouliez me voir ?"
Miss Mystère :
"Oui. Tout à fait."

Gabriel me fixe, en attente sans doute, mais je ne sais pas comment embrayer.

Mathilde :
"On voulait te parler de plusieurs choses... Tu veux un apéritif ?"
Gabriel :
"Non, je vais éviter, j'ai un après-midi chargé... De quoi s'agit-il ?"
Miss Mystère :
"Tu sais le dernier que tu nous as confié. On l'a presque bouclé !"
Gabriel :
"Déjà ?"

(Qu'est-ce que je fous...? Boucler un dossier en deux jours, ça devient trop beau pour être vrai.)

Mathilde :
"Ouais, enfin, on l'a bien avancé..."

Gabriel regarde furtivement quelque chose sur son portable avant de le glisser dans la poche intérieure de sa veste.

Gabriel :
"Vous m'avez fait venir ici pour quoi...?"

Et mince, le voilà qui s'impatiente... Heureusement Felipe nous interrompt pour la carte. Comme si nous étions pressés d'en finir, nous optons tous pour le plat du jour. Notre serveur italien préféré repart en chuchotant. Quelques interminables secondes de silence flottent entre nous.

Miss Mystère :
"J'adore la deco de ce restaurant. C'est très... italien."

(Parler de la déco ? Sérieusement...?)

Mathilde :
"Bon... Gabriel. Il faut qu'on avoue quelque chose, Miss Mystère et moi."

Mon manager s'appuie légèrement contre le dossier de son siège, en croisant les bras. Son regard azur nous scrute attentivement.

Gabriel :
"Je vous écoute."

(Je crois que mon cœur bat si fort qu'il va exploser et dégouliner partout sur cette nappe...)

Mathilde :
"Avec Miss Mystère, nous sortons ensemble depuis quelque temps. Nous nous sommes rapprochés au cours des dernières semaines."

Gabriel ne dit rien et son silence me terrifie. Pour autant, elle ne se défile pas et poursuit.

Mathilde :
"On tenait à t'en parler en privé, car cela devient sérieux entre nous, et on souhaitait être complètement transparents avec toi."

J'hallucine de voir la voir parfaitement gérer la situation. Je ne suis pas sûre que j'aurais pu avoir cet aplomb. Gabriel se redresse et place les coudes sur la table avant de joindre ses deux grandes mains.

Gabriel :
"Je me demandais quand vous alliez m'en parler."
Miss Mystère :
"Comment ça ? Tu savais ?"
Gabriel :
"À vrai dire, je me doutais qu'il se passait quelque chose entre vous... Alors, même si votre sincérité est un peu tardive..."

Il laisse traîner un regard dans ma direction.

Gabriel :
"J'apprécie. La confiance est la base d'une relation professionnelle saine."

Nouveau regard en ma direction. Je sais que je l'ai sûrement déçue en lui cachant la vérité. Mais je pense qu'il peut comprendre ma difficulté.

Gabriel :
"Carter Corporation n'encourage pas ce genre de relations. Cependant on ne peut pas empêcher deux personnes de se rapprocher... En revanche, je vous demanderai de garder une attitude professionnelle dès que vous passez les portes de la firme."

Nous hochons la tête bien sagement.

(Nous ne parlerons pas de nos activités au sous-sol... Omettre n'est pas mentir... Si ?)

Je me sens libérée d'un gros poids. D'une part parce que nous n'aurons plus à nous cacher, et d'autre part parce qu'elle passe un cap en parlant de notre relation. Le reste du repas a été un peu étrange... Nous avons reparlé du travail et des dossiers en cours assez rapidement. Presque comme si nous n'avions rien annoncé de spécial à Gabriel... Il est reparti plus tôt que nous, sans prendre de dessert, prétextant une réunion urgente. Une fois qu'il est assez loin pour ne plus nous voir, elle me regarde, tout sourire.

Mathilde :
"On ne lui a pas dit pour nos petits jeux au sous-sol... Mais bon... Est-ce qu'on peut considérer qu'on est au travail, là-bas ?"
Miss Mystère :
"Vraiment ! Moi je ne crierais pas victoire trop vite ! Je l'ai trouvé bizarre..."
Mathilde :
"Bof... Il a toujours cette attitude un peu mystérieuse... Et puis je le vois mal nous juger quand on connait sa réputation de Don Juan de la boîte..."
Miss Mystère :
"Primo, ce ne sont que des rumeurs, et seconde, je te rappelle que c'est notre boss et qu'il a droit de vie et de mort sur nous..."

Felipe nous interrompt en nous apportant nos desserts. Mathilde salive devant son tiramisu.

Miss Mystère :
"Je vois que t'es une adepte toi aussi !"
Mathilde :
"Ouais, c'est un de mes desserts préférés ! C'est facile de me rendre heureuse !"

Je rigole devant sa tête rêveuse.

Miss Mystère :
"Tu sais, c'était sympa la soirée avec ton frère, hier soir."

Elle m'adresse un sourire timide.

Miss Mystère :
"Je vous ai découverts sous un nouveau jour, tous les deux ; ça m'a fait plaisir de vous voir si complices."

Elle fixe son tiramisu comme si elle analysait ce que je lui dis.

Mathilde :
"Tu sais, avec Daryl, ç’a toujours été comme ça. On a nos phases. Des fois on s'adore et d'autres fois on ne se supporte pas... Mais ce qui est sûr, c'est qu'on peut toujours compter l'un sur l'autre en cas de pépin."
Miss Mystère :
"Vous êtes très différents tous les deux... Je pense que vous avez du mal à vous comprendre. Mais vous vous aimez, c'est évident."

Elle me regarde, amusée, comme pour dire : "Toi, tu recommences à nous analyser..."
Nous restons silencieuses quelques secondes.

Mathilde :
"Ce soir, on fait un truc ?"
Miss Mystère :
"Oui ! Viens chez moi ! On voit après."
Mathilde :
"Princesse... Si je viens chez toi, je ne suis pas certaine qu'on aille ailleurs que dans ton lit."

Je manque de m'étouffer avec ma gorge d'eau devant son aplomb. Elle me fixe, l'air coquin.

Miss Mystère :
"Je saurai te résister une soirée, belle brune..."

Ses yeux se mettent à pétiller. Elle se penche légèrement et je sens sa main se poser sur ma cuisse et la caresser légèrement sous la table. Une chaleur monte en moi, accompagnée de plusieurs pensées lubriques que je ne détaillerai pas ici.

Mathilde :
"Oh oui, c'est évident..."

(C'est bas... Elle sait très bien l'effet qu'elle me fait !)

Je prends une deuxième gorgée d'eau pour me rafraîchir pendant qu'elle éclate de rire. Lorsque nous sortons du restaurant, elle prend ma main dans la sienne. Son contact est doux et ferme à la fois. Je la regarde un instant. C'est comme si nous étions vraiment ensemble. Comme si, cette fois, j'avais le sentiment qu'il n'y aurait plus de drame.

Mathilde :
"Un jour, il faudra que je te présente grand-mère. Je suis sûr qu'elle va t'adorer."

Elle a lâché ça, mine de rien, et mon cœur fait un bond. Cette fois, elle me fait entrer dans sa vie. Je pose ma tête sur son épaule et je lui murmure un "je t'aime". Elle passe un bras autour de ma taille pour me serrer davantage contre elle. Quand nous arrivons devant le building de Carter Corporation, nous lâchons nos mains et nous nous regardons en biais, un fin sourire aux lèvres. Nous attendons calmement l'ascenseur. Lorsqu'il arrive, Mathilde me retient et souffle quelque chose entre ses dents. Plusieurs personnes y montent et observent, un peu surpris que nous n'y prenions pas place à notre tour. Un deuxième élévateur arrive à notre gauche et Mathilde nous y engouffre rapidement, avant d'appuyer nerveusement sur la fermeture des portes.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce..."

Les portes se ferment, nous laissant seuls dans cet espace clos. Avant que je finisse ma phrase, elle fond sur moi et me presse contre la paroi d'acier.

Mathilde :
"J'ai quelques étages pour profiter de toi..."

Elle passe une main derrière ma nuque pendant que l'autre empoigne fermement ma taille. Je la fixe avec gourmandise. Je mords ma lèvre inférieure, bien consciente de ce qui m'attend. Brusquement, elle prend mes lèvres avec une passion presque sauvage. Je chancelle devant cette troublante brutalité... Elle me soutient un peu, puis glisse ses mains sous mes fesses pour me soulever et se presser contre moi, pendant que mes cuisses s'enroulent autour d'elle. Je passe mes mains dans ses cheveux pour l'encourager à m'embrasser plus profondément. Lorsque je reprends mon souffle, elle me fixe, les yeux assombris par le désir.

Mathilde :
"Et là... Tu me résistes ?"

Je prends sa tête entre mes petites mains et je me jette sur ses lèvres. Elle me rend mon baiser avec passion. J'ai l'impression qu'elle va me dévorer... Je crois bien que je suis en train de fondre entre ses bras. Lorsque le "ding" de l'ascenseur retentit, mon cœur fait un bond. Elle me repose à terre. Affolée, je redescends ma jupe à hauteur correcte et ajuste mon chemisier. Ma chevelure doit être aussi aérienne... Pendant qu'elle se replace bien sagement à côté de moi, un air innocent sur le visage, les portes s'ouvrent. Elle murmure alors :

Mathilde :
"Fais-toi une raison, tu ne peux pas me résister, princesse."
Miss Mystère :
"Tu me le paieras."
Mathilde :
"J'y compte bien..."

Heureusement pour nous, personne n'attendait l'ascenseur à notre étage. J'imagine un instant si Gabriel découvrait nos mines rougies par l'excitation... Nous sortons toutes deux et traversons l'open space pour nous remettre sagement au travail. Sauf qu'avec l'avant-goût qu'elle m'a donné, je ne sais pas si je vais réussir à me concentrer...
Cette après-midi, elle n'a pas arrêté les allusions plus ou moins croustillantes concernant notre soirée... Elle m'a tellement agacée (façon de parler) que j'ai décidé d'aller à la cafétéria pour me changer les idées. J'y retrouve Colin en train de feuilleter un dossier, qu'il referme aussitôt lorsque nos regards se croisent.

Miss Mystère :
"Quoi ? Y a des trucs top secret à carter Corp ?"

Je lui lance ça, moitié amusée, moitie agacée, tout en commandant ma boisson.

Colin :
"Ça se pourrait, miss..."

Un rire nerveux m'échappe, pendant que je le fixe en biais.

Miss Mystère :
"Ma vie était trop calme ces derniers temps. On peut bien y ajouter un petit truc complotiste, hein...?"

Colin s'avance prudemment.

Colin :
"Mathilde, va mieux, on dirait..."
Miss Mystère :
"Oui, j'ai l'impression. Mais, ces derniers temps, elle a soufflé le chaud et le froid... Donc je préfère rester sur mes gardes."
Colin :
"Oh..."
Miss Mystère :
"Pour sa défense, elle a quand même poussé à ce qu'on officialise notre relation auprès de Gabriel, ce midi. Maintenant tout Carter Corp. va savoir qu'on est en couple."

Il me fixe, un petit rictus aux lèvres.

Colin :
"Bon, dans ce cas si elle sait enfin ce qu'elle veut, j'lâche l'affaire."

(Comment ça, il lâche l'affaire ?)

Mathilde :
"Salut mec ! Arrête un peu de draguer ma femme."

Elle nous surprend. Décidément, elle ne me laissera aucun répit.

Miss Mystère :
"On discute tranquillement. Tu sais, comme les gens normaux..."

Elle fouette l'air avec sa main.

Mathilde :
"Rha les gens normaux, ça m'a toujours ennuyé..."

Elle prend sa tasse à café et la remplit presque à ras bord.

Mathilde :
"Je prends de l'énergie pour ce soir, ma belle."

Je lève les yeux au ciel et j'entends Colin pouffer de rire.

Colin :
"T'as besoin de ça pour assurer...?"
Mathilde :
"Non ! Et sinon toi, côté Doris, ça va comment...?"

C'est au tour de Colin de lever les yeux au ciel.

Miss Mystère :
"Elle est insupportable..."
Colin :
"Tu l'as choisi, miss."

Je le regarde, faussement choquée. Merci, pour le soutien on repassera.

Mathilde :
"E-xac-te-ment."
Miss Mystère :
"Ben méfie-toi, y a des choix que je pourrais regretter."
Mathilde :
"Oh ? Vraiment ?"

Je sais très bien à quoi elle fait référence en me mettant à nouveau au défi. Elle sait parfaitement que je suis accro à elle... Rougissante, je prends congé ces deux-là et je retourne à mon bureau avec dignité. Je suis rentrée assez tard du bureau. Gabriel m'a retenue plus longtemps que prévu pour finir d'urgence quelque chose sur un dossier. Il était plutôt froid... J'ai bien peur qu'il ait mal pris le fait que je lui aie caché ma relation avec Mathilde... J'espère que ça ne changera rien pour mon augmentation... Je le saurai au début du mois prochain... Gabriel ne semble pas être homme à revenir sur sa parole. Mathilde doit me rejoindre ce soir, je ne sais pas vraiment ce que m'attend. Je la connais, lorsqu'elle est aussi joueuse c'est qu'elle a quelque chose derrière la tête. Je ne serais pas étonnée de la retrouver en bas de chez moi, un grand sourire aux lèvres. Pour l'heure, je n'ai pas eu le temps d'enfiler quelque chose de mieux que mon jean... Topaze avait besoin de sortir. Dès notre retour, je me préparerais comme il se doit et je mettrai... : "Une robe classique, rouge."
Nous faisons rapidement le tour du quartier avec Topaze, pendant que je guette mon mobile en attente d'un signe de ma bad girl. Tout à coup, j'entends le bruit d'un moteur caractéristique dans mon dos. Celle d'une moto. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je suis excitée comme une puce ! Je ne pense qu'à une chose : que ce soit elle !

(Mathilde, Mathilde, Mathilde ! À croire que mon esprit ne connaît qu'un seul prénom ! Comme s'il n'y avait qu'une seule motarde à New York...)

Je presse le pas vers mon appartement. Que ce soit elle ou pas, je dois absolument me changer avant qu'elle monte ! Mais la voilà déjà qui me sourit, en circulant au pas à côté de moi. Elle a passé son casque autour du bras. La moto ronronne doucement.

Mathilde :
"Bonsoir, jeune demoiselle... Où vous aventurez-vous, si tard dans la nuit...?"

Son sourire est absolument craquant, comme d'habitude, et mon trouble est tel que je manque d'embrasser un lampadaire.

Miss Mystère :
"J'ai rendez-vous avec ma petite amie..."
Mathilde :
"Oh...? Et voilà une qui a bien de la chance..."

Je m'arrête et la regarde en souriant. En fait, là, tout de suite, j'ai juste envie de me pendre à son cou. Elle arrête le moteur et descend de son bolide. Le geste est parfaitement maîtrisé, ce qui ne manque pas de déchaîner mes hormones... Je reprends difficilement mes esprits et mon calme en me raclant la gorge.

Miss Mystère :
"Euh... Tu... Tu veux monter ?"

Elle ignore ma question et fond sur moi. Elle attrape ma taille de ses deux mains pour me soulever et me faire tourner autour d'elle. J'étouffe un petit cri de surprise. Sans me laisser ajouter un mot, elle colle ses lèvres chaudes et salées aux miennes. Je pourrais presque échapper à la gravité ! Je me sens comme ces ballons de baudruche qui peuvent s'envoler très, très haut dans le ciel... Elle me pose doucement à terre.

Mathilde :
"Il faut qu'on parle, ma belle."

(Oh, Oh...)

Nous y voilà ! Je suis certaine qu'elle va m'annoncer qu'elle a prévu une surprise pour cette soirée ! Je trépigne d'impatience...

Mathilde :
"Voilà... J'ai bien réfléchi... Et..."

Elle passe sa main dans ses cheveux pour chercher ses mots.

Mathilde :
"Je suis prête à tout arrêter. Je suis prête à la revendre."

Elle jette un coup d'œil à sa moto.

Miss Mystère :
"Ta moto ? Mais..."

Elle pose ses mains sur mes épaules et plante son regard dans le mien. Ce que je lis dans ses yeux est d'une douceur infinie, et mon petit cœur fond de plaisir.

Mathilde :
"Je suis folle amoureuse de toi, Miss Mystère... Je suis prête à tout pour toi. Tu n'as qu'à demander."

Je fixe tour à tour la moto et les yeux de ma belle brune. Sa déclaration me touche, évidemment, mais en même temps je ne sais pas quoi en penser.

Miss Mystère :
"Je ne sais pas quoi dire... C'est... Je suis touchée..."
Mathilde :
"C'est important, pour moi et pour nous, que tu la saches. Il n'y a rien de plus important que nous, pour moi."
Miss Mystère :
"Mais... Je t'aime comme tu es..."

Elle me fixe un instant. Je sens bien que son cerveau s'active pour sonder mon esprit.

Miss Mystère :
"Je ne veux pas changer la personne que tu es. C'est de toi, qui se tiens devant moi, dont je suis tombée amoureuse... De toi qui me fais rire avec ses blagues stupides... Qui veille sur moi... Intrépide et joueuse qui me surprend chaque fois..."
Mathilde :
"Tu veux plus que j'arrête la moto ?"
Miss Mystère :
"Je sais pas... Je ne veux pas que tu arrêtes pour de mauvaises raisons..."
Mathilde :
"Tu es tout sauf une mauvaise raison..."
Miss Mystère :
"Ce n'est pas ce que je veux dire... Je ne veux pas que tu arrêtes par peur, mais parce que tu en a envie."
Mathilde :
"Je ne comprends pas... Tu disais..."

Je pose un doigt sur ses lèvres.

Miss Mystère :
"J'ai changé d'avis."

Ses petits yeux noisette me fixent. Elle n'arrive sans doute pas à me suivre. Il faut dire que parfois je me perds moi-même en cours de route !

Miss Mystère :
"Je voudrais que défies ta peur. Je voudrais que tu l'embrasses pour mieux la vaincre."

(Et alors, en plus, si maintenant je me mets à parler comme le Père Fouras, ma pauvre Mathilde va en perdre son latin...)

Miss Mystère :
"Je voudrais que tu m'emmènes sur cette moto et qu'on traverse ce pont, toi et moi. Juste ce pont."

Je lui fais signe, en regardant vers le pont qui se dessine à l'horizon. Je sais que ce que je lui demande est difficile, mais ce serait la plus belle preuve d'amour et, surtout, le plus beau signe qu'elle va avancer. Pour elle. Et aussi pour nous. Le signe d'un nouveau départ. Mon cœur tambourine dans ma poitrine pendant que je vois son beau regard se perdre au loin, en direction du pont.

Mathilde :
"D'accord."

(D'accord ?)

Intérieurement, je me demande si j'ai bien entendu. Elle s'approche de la moto et me fais signe de la suivre. Elle me tend le casque. J'ai le cœur au bord des lèvres.

Mathilde :
"Juste le pont !"
Miss Mystère :
"Juste ce pont."

Je répète après elle pour la rassurer. Presque comme un mantra. J'enfile le casque qui a gardé son odeur. Le cœur battant je l'écoute m'expliquer comment me glisser derrière elle et comment me tenir.

Mathilde :
"C'est pas une moto faite pour être à deux. Mais tes petites fesses devraient avoir assez de place."

Elle me fait un clin œil en jetant un bref coup d'œil aux dites fesses.

Mathilde :
"Le mieux c'est que tu te tiennes bien à moi et que tu te colles au max contre mon dos, d'accord ?"

Je hoche la tête. C'est le genre de truc que je sais très bien faire. Surtout avec elle ! Elle prend place sur la moto, défait la béquille.

Mathilde :
"Approche."

Sa voix est étrangement calme et posée. Je sais très bien que c'est excessivement difficile pour elle de franchir ce cap et j'en suis toute retournée. Je m'installe derrière elle. Effectivement il y a peu de place c'est pourtant l'endroit le plus beau du monde, en cet instant précis. Lorsqu'elle démarre, mon cœur fait un bond. Voilà le moment que j'attends depuis si longtemps !

Mathilde :
"C'est parti, princesse !"

Je sens l'accélération et je m'accroche déjà à elle. Je la sens se contracter lorsque je serre le bas de son t-shirt entre mes doigts. Nous traversons le pont en douceur. Si elle était très tendue au départ, je sens peu à peu tout son corps se détendre. Ses cheveux volent au vent et je me serre contre le cuir de sa veste. La vue est magnifique depuis le pont. Je prends le temps de profiter de tout ce qui m'entoure. Je comprends ce sentiment de liberté dont elle parlait. Elle tourne un instant la tête vers moi, sans doute pour s'assurer que je vais bien. C'est le moment le plus romantique de notre histoire. Pas parce que je fais de la moto, agrippée à la mauvaise fille la plus sexy de la ville... Mais parce que je sais tout ce que cet acte signifie pour elle et moi l'avenir de notre relation. Déjà, sous mon casque, quelques larmes de bonheur roulent le long de mes joues...

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