Lamentation de Sébeknefer

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Il est minuit et je suis seule.

La pendule tourne. Enfin, ses aiguilles. Elles m'indiquent que le temps passe. Je n'ai pas de nouvelles. Je suis assise dans le Fauteuil du Chef et j'attends. J'attends. Personne. Pour éviter de m'enfuir, mes officiers m'ont attachée à mon outil de travail. C'est détestable. Quel manque de tact :

Soit. Ils avaient peur que je ne me sauve pour les aider... Mais les règles étaient strictes : Sébeknefer ne doit pas intervenir. Il faut que nos petits camarades de jeux ignorent qu'elle est à bord ! Elle sera l'artillerie lourde, le support tactique si l'engagement tourne mal.

Il est minuit et je suis toujours seule.

Mes compagnons ne reviennent pas. Le ciel est noir, les étoiles brillent et les explosions se multiplient. Aucun bruit. Le son ne se transmet pas dans l'espace, déclare Thomas Pesquet dans une interwiew à France Inter. Sauf à poser l'oreille contre la structure pour entendre la vibration. Mais avec le casque...

Penser à cet astronaute sur sa station spactiale ne m'est d'aucun secours. Il faisait partie d'un groupe de savants pacifistes oeuvrant pour le bien commun de l'Humanité.

Et elle est où, l'HUMANITE ? Pas avec moi ! Et moi, je les regarde s'entre tuer au fusil laser, aux grenades à contraction temporelle, aux grenades reductrices. Ah elle a de l'imagination l'Humanité ! Mais ces affreux m'ont attachée et je ne peux pas me libérer.

Le pire, c'est que je suis toute seule sur mon vaisseau ! SI encore il en restait un, je pourrais discuter avec lui...

- Tu ne veux pas discuter avec moi ?

- Ecoute, tu es bien gentil, mais ton boulot est de compiler les données du voyage de retour...TU n'es que l'intelligence artificielle du vaisseau. Tu n'es pas vraiment une personne. Tu es un reflet de moi : je t'ai créé pour pouvoir jouer aux échecs la nuit pendant mon quart.

- Tu sais que tu es la patronne du raffiot ! Tu sais que tu es la magotte de l'équipage. Donc tu n'oublies pas, je pense que tu peux te débarrasser de tes menottes !

- Justement, je ne souhaite pas...

- Tu ne sais pas ce que tu veux ! Je te propose de t'auto libérer et tu m'envoies faire un tour !

- Tu dis n'importe quoi ! Je m'ennuie à attendre le retour des guerriers. Ils ne devraient plus tarder.

- T'inquiète ! J'ai le controle de leurs données : ils vont bien. Ils sont sur le chemin du retour...

Cette discussion a eu lieu voilà un bon moment ! Mes yeux se posent sur la pendule : les deux aiguilles sont sur le 12 ! ZUT le temps s'est arrêté ! C'est minuit, l'heure du crime...ça va chauffer pour moi si je ne trouve pas un moyen d'aider mes compagnons. On dirait que je n'ai pas levé le moindre doigt.

Mais ce fichu temps n'avance pas ! Bon il suffit, je ne joue plus ! il est temps d'aller aux nouvelles.

DING ! la porte de l'ascenseur sonne. Les larges battants s'ouvrent. Mon Second arrive, sale et répugnant, un sourire sadique aux lèvres. Il s'effondre sur le siège jumeau et grogne :

- Tu vois, tu n'avais pas besoin de pleurer dans les jupes de l'Intelligence Artificielle! On est tous revenus ! D'accord. pas en excellent état. Mais le Prof méritera son salaire. Je suis rompu. Un petit tour de magie pour me retaper ?

Il est minuit deux... Le temps a repris sa course. Le navire est au complet. Nous pouvons aller visiter une autre constellation. On a d'autres pirates à pourchasser.

Fin de l'enregistrement Sébeknefer terminé.

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