Pourquoi le chiffre 13 porte malheur

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Il y a longtemps

Pourquoi le chiffre 13 porte malheur

Le poids et le réconfort des superstitions

On a beau se croire dans un monde où la raison domine et où la religion est cantonnée dans ses chapelles et temples, il nous reste quelques gestes inconscients que nous faisons pour mettre la chance de notre côté ou nous épargner un malheur. Et si nous les oublions, les marchands et autres vendeurs de loteries se chargent de nous les rappeler.

Pour chacune de ces superstitions, des explications rationnelles ou historiques sont données, ce qui nous rassure et nous permet de les respecter sans renier l’histoire. Sans nous rendre compte également que les personnes d’à côté ont des superstitions tout autres et qu’ils nous trouvent sans doute ridicules avec les nôtres.

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Il faut commencer par le chiffre 13 et tous les malheurs qu’il entraine. Pas de rangée 13 dans certains avions ni d’étage ou de chambre 13 dans certains hôtels. Sur les missions Apollo lunaires, la seule qui connut des difficultés fut Apollo 13 : « Houston, we’ve had a problem » !

L’explication de ce porte-malheur est bien sûr le repas de la Cène, avec Jésus et ses douze apôtres qui s’est terminé douloureusement.

Associé au vendredi, le 13 devient redoutable. Le vendredi 13 novembre 2015, une série d’attentats meurtriers a martyrisé Paris et le stade de France, causant 130 morts et 413 blessés. Sinistre soirée qui vient étayer cette malédiction, avec d’autres événements malheureux. La liste est longue : naufrage du Costa Concordia en janvier 2012, plus gros krach boursier depuis 1929 en octobre 1989, nombreux ouragans ou tempêtes ravageant un pays, crash aérien dans les Andes en octobre 1972, arrestation des Templiers par Philippe-le-Bel en octobre 1307. Surtout, la crucifixion du Christ se déroula un vendredi 13 nissan, selon les textes religieux. Les deux derniers événements se sont bien produits un vendredi 13, mais sur un calendrier julien et un calendrier hébraïque. Malgré ces malheurs du vendredi 13, il y a tirage spécial de la loterie, avec de nombreux gagnants. Rappelons qu’une année commune comporte un ou deux vendredis 13 : qu’il y ait des événements qui se produisent à cette date n’est donc pas étonnant, seule la mémoire va sélectionner ceux que l’on veut bien.

Pour nos voisins italiens, c’est le 17 qui porte malheur et pour les Chinois le 4. À chacun ses craintes.

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Il faut aussi se méfier de bien d’autres choses. Des chats noirs, car la sorcière, sa maitresse, n’est pas loin. D’un miroir brisé, car en Grèce Antique c’était un outil de divination. D’une salière renversée, vestige du temps où le sel était une denrée vitale, rare et taxée. D’un pain posé à l’envers, car c’est une invitation du bourreau chez soi et par extension, plus tard, du diable en personne. Déroulons ce point : jusqu’en 1775, le bourreau avait le droit de havage, le privilège d’emporter quotidiennement, chez les commerçants, tout ce qu’une main pouvait prendre ; le boulanger réservait le pain du bourreau en le posant à l’envers.

Évitons de passer sous une échelle, simplement pour ne pas prendre un objet sur la tête, mais aussi pour des raisons ésotériques (une échelle était adossée à la croix du Christ, formant ainsi le symbole de la Sainte-Trinité, qu’il ne faut pas profaner en le franchissant).

En revanche, il faut toucher du bois pour conjurer le sort (car la croix du Christ était en bois…). Ou trouver un trèfle à quatre feuilles pour avoir de la chance, car il apporte renommée, richesse, amour et santé (plus simplement, pour le trouver on a une chance sur 10 000 : celui qui le trouve est donc chanceux !). Et bien sûr, rien ne vaut le fer à cheval pour avoir de la chance.

Beaucoup moins rare dans l’ancien temps que maintenant, le fer à cheval porte bonheur pour des raisons bien légendées : en 969 très précisément, Dunstan, maréchal-ferrant anglais de son état, reçut la visite du Diable en personne qui voulait faire remettre un fer sur un de ses sabots. Deux versions de la suite existent. La première est que le maréchal-ferrant fit chauffer à blanc le fer avant de l’appliquer, ce qui fit tomber le Diable dans les pommes quand il le plaça. Depuis, faute d’une psychothérapie, le Diable s’évanouit quand il voit un fer à cheval. Mais comme il venait des feux de l’enfer, cette version semble peu crédible. La seconde est que le maréchal-ferrant proposa au diable de mettre son pied dans la pince servant à immobiliser la patte de l’animal. Une fois le pied pris, le maréchal-ferrant serra si fort la vis que le Diable dut promettre de ne plus approcher un fer à cheval de sa vie… éternelle.

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La liste pourrait s’allonger à l’infini. Ce qui apparait, c’est en fait ces petites contraintes que l’on se donne pour se rassurer. Si cela ne suffit pas, chaque religion a apporté son lot de contraintes à respecter, pour renforcer non seulement l’assurance, mais souvent également pour dicter le comportement de ses adeptes. Si la foi de chacun est une conviction intime lui permettant de s’épanouir, les règles et rites religieux sont parents des superstitions et permettent de les définir. Ce qui n’est pas dicté par une religion donnée est vu par elle comme une superstition qu’il faut éliminer ou, au mieux, éviter. Cette relation est connue depuis l’Antiquité, car pour Platon, Cicéron, Sénèque et d’autres, la superstition est une religion abusive, outrancière, exagérée. Peut-être est-ce même l’étymologie du mot.

Mais de là à les enfreindre, qui s’y risquerait…

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