Pourquoi les points au tennis se comptent 15, 30, 40

3 minutes de lecture

Il y a 700 ans

Pourquoi les points au tennis se comptent 15, 30, 40

Les sports ont aussi une histoire à nous raconter

Pendant les longs échanges sur un match du Grand Chelem, on attend l’annonce du point. Mais pourquoi pour ce sport ne compte-t-on pas régulièrement les points par simple incrémentation, à l’instar d’autres sports ?

***

Le football et le rugby dérivent de la soule, vieux jeu où deux équipes se disputent un petit objet en essayant de la mettre dans un but. De façon similaire, le tennis, avec le badminton et le squash, dérive d’un jeu ancien, le jeu de paume, avec une codification par les Anglais au 19e siècle. Tous ces jeux sont des jeux de balle très anciens qui remonteraient à l’Antiquité.

Le jeu de paume aurait été inventé en France au 13e siècle. Si, en 1397, le prévôt de Paris interdit la pratique de ce jeu tous les jours, sauf le dimanche, c’est dire son succès dans la capitale. Ce même arrêt, du reste, interdit également les jeux de cartes, de boules et de quilles. À la fin du 16e siècle, Paris compte 250 salles et des villes comme Orléans, Rouen, Angers, Lyon ou Bordeaux par exemple en possèdent parfois plusieurs dizaines, prouvant ainsi l’engouement de la population pour le jeu de paume. De nombreuses expressions sont issues directement du jeu de paume. La galerie était une allée couverte courant le long du terrain : quand on jouait admirablement, on épatait la galerie. Un point particulier du jeu s’appelle la chasse à pic, lorsque la balle tombe à un endroit précis du terrain, quand elle tombe à pic. Après la chasse à pic, les joueurs changeaient de côté et de ce fait celui qui était au service perd sa place jugée comme étant la plus favorable : qui va à la chasse perd sa place.

Son nom vient qu’il se joue avec la paume de la main, certaines variantes acceptant que la main soit gantée de cuir, voire accompagnée d’un accessoire ressemblant à une raquette. Il était pratiqué en plein en air (longue paume) ou dans une salle (courte paume) appelée tripot, avec des règles plus compliquées. Au 16e siècle, on créa la première raquette dotée d’un long manche et d’un cordage en boyaux de mouton. C’est aussi à cette époque que le jeu de paume se répand en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Angleterre sous le nom de Court Tennis, aux États-Unis en 1876. On comprend donc l’origine du mot court pour l’endroit où se joue le tennis.

***

En 1415, le duc d’Orléans, neveu du roi Charles VI, est fait prisonnier à la bataille d’Azincourt et emprisonné pendant vingt-cinq ans à Wingfield dans le Norfolk, au nord-est de Londres. S’ennuyant sans doute, il pratique quasi quotidiennement le jeu de paume, l’introduisant ainsi en Angleterre. Quatre siècles plus tard, en 1874, le descendant du châtelain de Wingfield, Walter Clopton Wingfield, dépose le nom, les règles et le matériel sous le nom de tennis. Les joueurs avaient coutume de dire « Ténèts ! », tenez en ancien français, lors de l’engagement.

Le système des points assez complexe du tennis est hérité du jeu de paume dans lequel la première mise en jeu s’effectuait à quinze pas, puis trente, puis quarante-cinq, d’où la façon particulière de compter les points dans le tennis moderne. Le nombre 40 est un raccourci pour 45, qui serait trop long à prononcer.

Mais d’autres hypothèses ont été avancées, la première datant déjà de 1431. Le juriste flamand Jan Van den Berghe explique cette manière de compter par une explication pieuse : le joueur qui marque un point est assimilé à un juste et voit sa récompense multipliée par 15. Seraient également intervenus les paris faits sur le jeu, avec une expression monétaire des points.

Au début du 16e siècle, Érasme avoue dans ses Colloques, que la manière de compter les points au jeu de paume est un mystère, dont même les joueurs parisiens ont perdu le souvenir.

Il ne nous reste plus alors qu’à regarder le match.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Jérôme Bolt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0