Pourquoi un jeu comprend 52 cartes

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Il y a 650 ans

Pourquoi un jeu comprend 52 cartes

Même quand cela nous arrive fini, on peut le décliner

Les légendes sur l’origine du jeu d’échecs sont nombreuses, car beaucoup de civilisations anciennes en revendiquent la paternité, ou plus exactement les défenseurs actuels de ces civilisations anciennes. Il semble que ce jeu nous soit parvenu, de Perse ou d’Inde, quasiment dans sa forme actuelle grâce aux Arabes, par l’Espagne, à la fin du 10e siècle.

Un autre jeu de plateau, les cartes à jouer, nous est également parvenu dans son état quasi définitif : quatre couleurs, les enseignes, abritant chacune une suite numérotée et des figures. Un peu d’occidentalisation des figures a été nécessaire pour gommer leur caractère oriental. Savoir que leur origine et leurs créateurs sont lointains et leur forme quasi définitive n’empêche pas de découvrir des choses.

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Un jeu datant du 12e siècle a été retrouvé intact, en 1938, à Topkapi, dans le palais des sultans ottomans, à Istanbul. Les cartes à jouer que nous connaissons et déclinons dans de très nombreux jeux ou patiences sont apparues en Europe, à Venise, à la fin du 14e siècle. Très peu de textes et de jeux datant de cette époque, il est difficile de savoir quelle est l’origine exacte des cartes à jouer. Elle pourrait provenir de la Chine, mais plus probablement du Proche-Orient, avec une source en Perse et en Inde.

Les premiers jeux de cartes étaient peints à la main et donc réservés à une petite élite. Dès le début du 15e siècle, l’utilisation de pochoirs puis de l’imprimerie par xylographie vont permettre de démocratiser ces figurines, à un tel point que l’Église va en interdire l’usage aux religieux, interdiction qui perdurera jusqu’au 17e siècle. Des autodafés de jeux de cartes auront même lieu en Italie à cette même époque.

Le nombre des cartes et leur répartition (cartes de points, figures) se stabilisent très tôt. Cependant, les enseignes évoluent beaucoup. Les premières cartes à jouer éditées en Europe font usage des enseignes latines (bâtons, deniers, coupes et épées), probablement adaptées directement des jeux de cartes provenant du monde musulman.

Les enseignes françaises trèfle (bâtons), carreau (deniers), cœur (coupes) et pique (épées) sont introduites par les cartiers français à la fin du 15e siècle pour avoir une reproduction plus facile à moindre coût de fabrication. Ces enseignes seront aussi celles de l’Angleterre puis du Nouveau-Monde.

En Italie et en Espagne, les cartes utilisent les enseignes initiales. En Allemagne, il n’y a pas de types de cartes fortement majoritaires sur tout le territoire : certaines parties utilisent des enseignes et des valeurs françaises (pique, cœur, carreau, trèfle), d’autres font usage d’enseignes germaniques (gland, feuille, cœur, grelot) et de valeurs particulières. Le nombre de cartes utilisées par paquet varie également (24, 32, 36, 52).

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En 1848, un dessinateur de cartes d’Agen, Baptiste-Paul Grimaud, eu l’idée de dessiner les figures de façon symétrique, pour éviter de devoir tourner les figures une foi les cartes en main. À la même époque, les coins arrondis apparaissent, afin de protéger les coins des cartes. Ce cartier continuera son activité jusqu’en 1962, mais cette marque est toujours une référence.

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Leur composition de cinquante-deux cartes divisées en quatre séries serait basée sur l’ancien calendrier lunaire égyptien : les 13 cartes de chacune des quatre couleurs désignant les 13 mois lunaires, et les 52 cartes représentent les 52 semaines de l’année. Les 4 semaines de chaque mois étaient associées à l’un des 4 éléments (eau, terre, air et feu), ce qui a donné les 4 enseignes, couleurs du jeu de cartes. On peut aussi affirmer que les jeux de 52 cartes sont basés sur le calendrier grégorien : 4 couleurs pour les 4 saisons, 12 figures (valet, dame et roi de chaque couleur) pour les 12 mois et 52 cartes pour les 52 semaines. Et le plus étonnant, au jeu des rapprochements hasardeux, est que si l’on additionne les points de toutes les cartes et du joker, on obtient 365 comme les 365 jours de l’année ! Et avec le second joker, on obtient 366, soit une année bissextile ! Ces explications, une fois encore, semblent avoir été construites a posteriori pour que chacun y trouve son bonheur.

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Le tarot est né au 15e siècle en Italie, avec l’ajout d’une série de trionfi, les triomphes (atouts), au jeu de cartes italien classique et d’une dame entre le roi et le cavalier. En effet, les figures italiennes, comme les espagnoles ou les allemandes, représentent uniquement des hommes. Il sera décliné en France au milieu du 18e siècle pour devenir le tarot divinatoire ou tarot de Marseille.

Bien sûr, lors de la Révolution, les rois et les reines disparurent, remplacer respectivement par les génies (guerre, paix, arts et commerce) et les libertés (cultes, mariage, presse, professions), avant que, le temps de son Empire, Napoléon remplace le roi de carreau et Joséphine la dame de cœur.

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Si le matériel, les cartes, est ancien, les jeux, les règles, semblent plus récents. Le jeu primitif devait être semblable à la bataille. Des jeux comparables au whist sont répertoriés dès le début du 16e siècle, jeux qui déboucheront sur le bridge. La belote se joue depuis le début du 20e siècle et serait dérivée d’un jeu hollandais, alors que le rami, datant de la même époque, viendrait des États-Unis. Difficile d’y voir clair entre les origines, les variantes… l’important étant la passion que l’on met à partager ce moment avec ses partenaires.

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