Appréhension et découvertes

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20 avril 1976

Flash News

Affaire Mills : Gentleman ou monstre ?

Souvenez-vous, dans la nuit glaciale de décembre 1971, Éléonore Mills, mère de deux enfants, – Soren et Marylin, âgés respectivement de huit et quatre ans -, s'est volatilisée sans laisser de trace. Ni la police ni son mari n'ont pu élucider sa disparition inquiétante. Monsieur Mills avait raconté aux forces de l'ordre que sa tendre épouse, coutumière des fugues, avait quitté la maison en furie après une violente dispute sur un problème de dîner incorrectement cuisiné. Malgré un état de frayeur visible, Mills a quitté leurs enfants sous les soins de sa voisine, prétendant partir à la recherche de son épouse. Les enquêteurs, troublés par l'absence d'indices solides, ont classé l'affaire. Cependant, quelques détails sont restés des énigmes sans réponses, notamment le fait que Madame Mills n’avait rien sur elle au moment de sa disparition. Pas même sa boite d’anti-allergène récupéré dans la pharmacie au bout de sa rue la veille. Et le comportement étrangement réservé des enfants de la famille face aux officiers de police.

Madame M. Dury, la voisine octogénaire, se remémore cette nuit fatidique : « Ce soir-là, Bill était vraiment abattu. Il était totalement désemparé. Je n'oublierai jamais le choc dans ses yeux lorsqu'il a frappé à ma porte en me demandant de prendre soin de ses enfants pendant qu'il partait à la recherche de sa femme. Elle était venue me dire au revoir un peu plus tôt dans la journée. Si seulement j'avais su, je l'aurais empêché. Si seulement... »

Aujourd'hui, le nom de Mills refait surface. Le remariage de Bill Mills avec Mélanie Major, de dix ans sa cadette, aura tourné au drame. Soren, son fils désormais âgé de treize ans, aurait été arrêté pour homicide volontaire. Sa petite sœur reste, à ce jour introuvable.

Plus tard, nous apprendrons que le jeune garçon était l’objet d’abus inimaginables de la part de son père. Mélanie Major découvrant le corps de son mari sans vie a immédiatement prévenu la police, se roulant dans des larmes de chagrin et de remords. Elle, à la fois témoin et victime des mauvais traitements infligés, fournit des révélations bouleversantes qui poussent la justice à rouvrir le dossier Éléonore Mills, lui affectant de nouveaux inspecteurs. Nous pouvons, à juste titre, nous demander ce qui est réellement arrivé à la précédente femme du défunt. Nous n’avons toujours aucune piste pour la petite Marylin, disparue depuis maintenant 16 heures.

Pour plus d’informations, rendez-vous en page 15.

20 juin 2018

Une succession de meurtres non élucidés secoue la ville.

Comment se protéger ?

Il est difficile d’attraper un tueur en série parce qu’il n’a généralement aucun lien avec sa victime. Personne n’est à l’abri et n’importe qui peut être choisi. Le cliché voudrait qu’il ait un long manteau noir et des lunettes de soleil. Peut-être même un vieux chapeau, assez moche et troué. Mal dégrossis et fort peu dégourdi. Mais il peut tout à fait ressembler à ce voisin sur lequel vous tombez tous les jours en partant au travail. Celui-là même qui vous offre des chocolats aux Noëls et se propose de prendre votre courrier lorsque vous vous absentez.

Des sources internes révèlent que ces tueurs ont chacun un genre de signature ou un modus operandi particulier pour se distinguer. Certains pourraient chercher à diffuser un message, en défiant les forces de l'ordre au travers des sévices commis ou en envoyant des lettres aux familles des victimes ou aux journaux locaux. D'autres pensent que tuer leurs victimes les sauvera. Désordonnés et impulsifs, ils laissent une multitude d'indices sur la scène du crime, cédant à une violence explosive accumulée.

Les experts en criminologie s'accordent à dire que l'origine de ces comportements paranoïaques se développe souvent dans l'enfance. Dans ces ménages qui semblent harmonieux aux yeux du public, des enfants subissent des humiliations physiques et psychologiques impensables. Apprendre à feindre le bonheur tout en endurant les coups et la haine irrationnelle forge leur personnalité future, certains deviennent tueurs et d'autres cherchent à attraper ces criminels.

L'interview complète du professeur Binoudiar, expert en criminologie, est à découvrir en page 20.

Sami se penche sur une autre page, laissant libre cours à sa lecture. Et c'est alors qu'il tombe sur une information sidérante qui lui coupe le souffle. Il devient blanc comme un linge, son regard intensément figé, ses mains qui tremblent légèrement tandis qu'il la relisait pour être sûr de ne pas se tromper. Le tueur, qui avait rencontré Hailey très tôt, bien avant qu'elle ne fasse partie de leur petite bande, avait également un complice. Cela mettait en lumière toute une nouvelle perspective. Cette obsession pour l'apparence spécifique de ses victimes, la mêlant subtilement à ses actes meurtriers. Sami tourne son regard vers Lara, des émotions multiples illuminant ses yeux. Du choc, de la surprise, mais également une détermination nouvelle.

_ Lara... Commença-t-il, sa voix légèrement ébranlée. Il fit une pause, essayant de trouver les mots adéquats pour exprimer cette révélation.

_ Regarde ça.

Il lui tend le journal, le doigt indiquant l'information dévastatrice. Lara prend le temps de le lire, son regard écarquillé, et son cœur battant à tout rompre.

_ Je ne comprends pas... Balbutia-t-elle. Il connaissait Hailey. Mais comment est-ce possible ?

L’incrédulité se mélangeait à l’horreur alors qu’elle levait les yeux pour regarder dans ceux de Lùca, cherchant des réponses. Tout cela commençait à devenir clair.

_ Il nous a tous manipulé, Lara, murmura-t-il, un frisson de réalité froide transperça son échine. Il était là, tout ce temps.

Début 2013

L’amour est tellement mystérieux. Je me souviens encore parfaitement du jour où nous nous sommes rencontrés, bien que toi, tu l'aies oublié. C’est compréhensible, parfois nous choisissons d’effacer certaines parties de notre passé. Si j’avais été à ta place, j’aurais probablement fait de même. Tu as toujours évolué en marge, telle une silencieuse observatrice préférant comprendre son environnement plutôt que s’y impliquer ostensiblement. Indéniablement, tu brillais à ton rythme et à ta manière, ne te conformant à aucun stéréotype, révélant une splendeur unique parmi les ombres.

Je me souviens encore de l'écho des rires moqueurs lors de ton arrivée en ville, cette complexité à te faire des amis ; je me rappelle aussi ces commentaires sévères et moqueries incessantes dont tu étais l'objet.

— Non mais vraiment, tu as vu sa réponse ? Elle se croit mieux que tout l’monde celle-là...

Prenant un air profondément idiot et volontairement exagéré, elle t’imite salement sous le piaffement de son amie :

— Euh... Oui, tu dois avoir raison ...

— Arrête, elle est gentille.

— Puis son horrible serre-tête Minnie, sérieux, elle a passé l’âge !

Malgré tout, pour préserver ma place dans ce ballet social, je demeurais spectateur impuissant de ces injustices. Gentille, c’est le terme péjoratif que l’on utilise pour décrire une personne lorsqu’on n’a rien à en dire. Et ton horrible serre-tête Minnie, moi, je l’adorais. Je me demande souvent ce qui lui est arrivé pour que tu t’en délaisses du jour au lendemain. Tu ne le portes désormais qu’en de rares occasions. La solitude a persisté de ton enfance jusqu'à l'adolescence. Ton retour, des années plus tard, m’a véritablement surpris. Tu étais devenue une superbe jeune femme, toujours retranchée dans ton univers silencieux, toujours aussi énigmatique. Ton besoin de contrôle te préserve des autres, te maintiens à distance. Tu avais peur que ta bulle éclate, que ton monde se bouleverse.

Ton passé difficile demeure toute fois un obstacle considérable. La décision de ton père d'abandonner le foyer pour une nouvelle existence, une autre descendance, a profondément ébréché ta foi en l'amour et en la notion même de famille. Ce jour précis où ton père, déjà absent du domicile depuis des mois, est revenu juste assez longtemps pour annoncer qu'il partait encore plus loin, aimant une autre femme que ta mère, reste comme un éclat figé dans le temps pour toi. Ce fut l'instant cruel où tu appris l'existence d'une petite sœur, l'objet tant désiré de tes rêves pour moins de solitude. Bercée par les paroles insincères de ton père, tu t'étais imaginée une future rencontre, pensant qu'il te la présenterait. Tu demeurerais sa Minnie et ta petite sœur serait sa Daisy. Une illusion éphémère. Ton espoir de cette fraternelle complicité disparut dans le vent de sa promesse non-tenue. Il abandonna son rôle de père au fil des années. Les rares cartes d'anniversaire ou de Noël, souvent en retard, étaient autant de couteaux retournés dans la plaie.

Alors que d'autres pouvaient te trouver naïve ou distante, moi, j'étais intrigué. Ta beauté naturelle, ton intelligence aiguisée et ta naïveté prenante, façonnaient un mystère que j'avais hâte de percer. Tu aimerais changer par certains côtés mais pour s'ouvrir aux autres, il faut accepter une certaine vulnérabilité, un risque que tu n'étais pas prête à prendre de peur qu'il se retourne contre toi. Tu étais, et resteras, un mystère que j'ambitionne d'éclaircir, un défi passionnant qui ne cesse d'attiser ma curiosité.

Je regardais le monde tourner autour de toi, hypocritement ignorant ta douleur et ta lutte. Les gens flirtaient avec toi, courtisaient ton intelligence mais ignoraient délibérément la tourmente qui agitait ton esprit. Tu étais toujours polie, toujours attentive, tout en maintenant une distance salvatrice. Je ne pouvais m'empêcher de savourer ces instants, où sans le vouloir, tu te livrais à moi comme tu ne le faisais à aucun autre. Je me suis alors juré, comme un engagement sacré, que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger, pour être là pour toi, quels que soient les défis et les obstacles qui se poseraient à nous. Pour devenir le gardien de tes rêves, de tes peurs et de tes espoirs.

J'ai souvent réfléchi à notre relation, à l'aspect paradoxal de notre amitié qui était constamment repoussée à ses limites sans jamais les franchir. Nous étions un livre aux pages oubliées, une intrigue non résolue. Je passais des heures à décoder ta peine, à comprendre les mécanismes sociaux que tu évitais si habilement. Chaque regard que tu soutenais, chaque silence qui passait, m'informait légèrement plus de ton essence. J'ai essayé de te soutenir, de t'offrir la compréhension que les autres semblaient incapables de donner. Je me surprenais à noter la curieuse façon dont tu regardais les choses, la manière admirative dont tu prenais note de l'environnement. Tu étais une absorption tranquille en action, prenant le monde tel quel, sans essayer de le changer. Et moi, je te regardais, émerveillé par ta persévérance, ta capacité à prendre la vie telle qu'elle se présente, sans chercher à la contrôler. Ton histoire est une partition silencieuse à déchiffrer, note par note, une mélodie inachevée qui demeure encore à explorer.

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