Un jeu dangereux (pt I)

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J. Eldi a dit un jour : “Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s’enrichit en vous méprisant.”

C'est tellement mystérieux l'Amour. Charlie, l'attrayante séductrice, t'a invité pour une raison inconnue. Contre tes habitudes, tes cheveux se déployaient en une splendide chute de boucles. J'ai une fois de plus trouvé du plaisir à t'observer. Tu es là, embarquée dans une danse érotique avec Charlie, sous le regard envieux des hommes présents, moi inclus. Ces hommes à l'oeil lubrique, comme des chasseurs en quête de leur prochain repas. J'ai eu envie de les gifler. Et toi, insouciante, au rythme de cette lancinante musique, dansant au gré de la musique, tu ne remarques rien. Encore moins ta stupide bande. Oui, je t'ai observée. Tu es belle, comme toujours, mais ce soir, mon trésor, tu rayonnes. Tu es presque angélique. Tu frôles juste mon bras en passant, comme une invitation silencieuse. Comme si tu connaissais notre lien, ton désir pour moi, ton appel silencieux. Mais tu ne t'en rends pas encore compte.

Je te vois là, adossée à ta chaise, ta petite robe rouge moulant ton corps. N'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. Je veux juste t'enlever, pour t'emmener dans mon château caché au milieu de la forêt. Cela ne te plaît pas ? Tu pourrais être mon conte de fées. Ma Blanche-Neige, interagissant avec les oiseaux qui perchaient sur les branches. Ou bien Cendrillon, faisant le ménage toute la journée. Non, tu as raison, Aurore serait un choix plus approprié. Tu seras la première que je voie et je pourrais t'embrasser passionnément à chaque nouveau jour. Sans mot dire, je m'éloigne lentement, me refusant à admettre cette vérité dérangeante. En amour, la fuite n'écarte pas le danger, elle attise juste la tristesse. Et dans ma cave, personne ne t'entendrait crier.

C'est tellement mystérieux l'Amour. Tu nous mens avec une finesse que je ne te connaissais pas. J'ai toujours eu cette impression que Matthew et toi, vous ne faisiez pas que parler. Comme ce jour où vous vous êtes rencontrés, vous ne nous étiez jamais vu, mais vous vous connaissiez déjà. Tu brilles ma puce, mais t'as perdue ta flamme. J'aime ce que je vois. Depuis tous ces mois qu'il t'a laissée, tu t'éteins.

— Hello

— Salut

— Qu'est-ce que tu fais là, t'as perdue tes potes ? Dis, t'as pas une clope que j'l'allume ? Tu me raconteras pourquoi t'es pas avec les autres.

Matthew. Matthew. Matthew... Ferme ta bouche et laisse-moi ce genre de répliques veux-tu ?

— Arrête de m'écrire.

— Alors arrête de répondre, Ley’.

— Hailey ! C'est mon prénom j'te rappelle. Je tiens à ce que tu le retiennes.

— Quoi ? Auparavant, cela ne te dérangeait pas. Tu as changé d'avis ?

— "Auparavant" est le terme crucial ici. Les choses ont changé.

Grand blanc. Vous ne me voyez toujours pas alors que je suis bien visible, adossé à ce poteau. Tu pensais que l'amour était simple. Or, l'amour est un travail acharné qui demande des sacrifices, souvent plus faciles à fuir qu'à affronter. C'est ce qui vous avait menés ici, Matthew et toi, dans cet endroit loin d'être paradisiaque, mais qui n'avait pas d'importance. Votre complicité était votre force, une force que les autres peinaient à comprendre et à tolérer. Il reprend alors que tu te détournes de lui.

— Non, il vaut mieux qu’on arrête de faire ça. Ça n’a pas de sens de se parler tout le temps si on n’est plus ensemble.

Ta poitrine se serre.

— D’accord.

Ta réponse sonne comme une défaite.

C'est tellement mystérieux l'Amour. Je vous observe parler de celui qui te fais le plus de mal et tu l'écoutes sans même douter que c'est moi. Je veux que tu connaisses l'amour et que tu perdes tout, je veux être ton pilier quand tout s'effondre. Je vais tout te prendre. Tes amis pour commencer. Ils se détourneront sans que tu t'en aperçoives petit à petit. Viendra le tour de ton homme. Je te prendrai tes sourires si parfaits. Ta bonne humeur, douloureusement contagieuse. Celle qui, ou que tu ailles, se propage joyeusement aux alentours. Tes rêves deviendront miens. Inexorablement, je serais ta perte.

— Tu ne te sens pas coupable, n'est-ce pas ?

Regarde-le ma jolie blonde, il blêmit. Il esquive encore.

— Discussion close.

On s'apprête à rentrer quand il murmure :

— Tu portais la même robe la dernière fois qu'on s'est vu, tu t'en souviens ?

— Non.

Dans tes yeux j'y décerne le chaos, votre chaos. Il est beau. Son tee-shirt bordeaux contrastant avec sa peau blanche, il était à cet instant, pour toi, plus beau que jamais. Tu papillonnes tout en t'humiliant avec Matthew. Ma puce, quand comprendras-tu qu'il te faut fermer la porte ? Ces failles dans lesquelles tu t'engouffres sont nocives. Tu le désires comme jamais tu n'as désiré quelqu'un. Cela ne te suffisait plus. En réalité cela ne t'avait jamais suffit. Tu voulais plus. Tu le voulais lui, tout entier. Lùca à côté, c’était pas grand-chose quand t’y repenses. Un premier amour auquel on se raccroche la nuit. Pourtant je crois qu'à fond, tu espères le réparer mais mon amour, on ne répare pas une personne. Ne me force pas à intervenir. Tu n'as donc plus aucune estime de toi-même ? Je ne tolérerai pas qu'il te mente une énième fois quand bien même se serait de ton propre chef. Petite conne.

— Est-ce que tu m'aimes ?

L'amour, c'est comme un tatouage. Tout le monde trouve ça beau mais faudra souffrir un moment donné ou un autre. Il y a ceux qui choisissent les temporaires, et ceux qui trouvent le modèle parfait à leurs yeux, dont ils ne se lasseront pas, qu'ils auront dans la peau, qu'ils aimeront éternellement comme au premier jour. Il te regarde une énième fois sans te répondre et embrasse avec une douceur que j'exècre tes lèvres rosées. Tu te détaches ensuite de lui pour hocher la tête. Pris d'une magnifique tristesse, il te sourit et te serre dans ses bras tandis que je bouillonne de haine à son égard. Oui, tu l'aimes. Encore, mais plus pour longtemps ma chérie. Dans les contes les gentils gagnent toujours. Justice finit par être rendue. Et le temps guérit toutes les blessures. Mais ceci n'est pas un conte.

— Si je te dis sexe, désir, excitation, arrière du bar, tu penses à quoi ? Moi je sais, je t’attends dans 2 minutes chronos.

La porte arrière du bar est à peine claquée, que tu te retrouves plaqué contre celle-ci avec les lèvres de Matthew sur les tiennes. Sans te laisser une seule seconde de répit, il enfonce sa langue dans ta cavité buccale et te dévore la bouche. D'une main, il agrippe tes cheveux avec une brutalité telle que t'en gémis. Coincée entre la porte et son corps, tu peux sentir la dureté de sa queue sur ta cuisse pendant que son autre main experte, se glisse sous ta robe écartant ta culotte en dentelle. Toi qui ne pensais pas être davantage prise au dépourvu, tu vacilles sur tes talons lorsque deux de ses doigts entre en toi.

— Bonne nuit, Hailey

Votre regard ne s'est pas détaché une seule fois. Un silence épais s'installe alors que vous rejoignez chacun le reste de vos groupes respectifs. Tu sembles incapable de percevoir les conséquences de ce soir. J’ai du mal à supporter ce qui vient de se passer, ce que tu as fait m'importune au plus haut point. Et toi, là, tu arrives à te détendre, t'asseyant sur les luxueux canapés du bar, en feuilletant tranquillement le menu des cocktails. Tu es en train de trahir ma confiance. Le serveur t’apporte le choix de boissons, que tu commandes alors que tu n’as pas l’habitude d’y toucher. Se pourrait-il que ce soit à cause de ton humeur coupable ? Tu sembles pensive, ton regard rivé sur le menu avant de finalement opter pour une tequila sunrise, probablement pour te donner du courage pour la soirée tumultueuse à venir.

Le cocktail classique d’orange, de jus de lime et de tequila est préparé par le barman, un verre à facettes de mille couleurs miroitant à la lueur des lumières stroboscopiques. Tu y plonges une paille et prends une gorgée, un sourire triste se dessinant sur ton visage. J'ignore si tu cherches à te réconforter, à t'enhardir, ou simplement à noyer ta culpabilité dans l'alcool, mais peu importe, ta trahison est toujours là, bien présente entre nous. Profite du moment, get high and have fun. Comme si la boisson pouvait dissiper les erreurs de ce soir.

Lorsqu'on sort ensemble, je sais à quoi m'attendre. Nous avons nos codes, nos signes. Nous nous comprenons et c'est cela qui rend notre relation unique. Mais là, je n'arrive pas à suivre. Là, nous ne sommes plus nous. Ce soir, nous sommes deux alliés qui ne se comprennent plus, qui sont sur deux chemins différents. Tu semblais prête à rompre ce lien qui nous unissait quand tu as suivi Matthew dans la cour extérieure de la boîte de nuit.

Et pourtant, tu es allée avec lui, engoncée dans ta petite robe rouge, laissant derrière toi ton éclatante naïveté et notre amour sincère. Rien ne pouvait m'avoir préparé à la douleur que j’ai ressentie lorsque j'ai réalisé ce que tu étais en train de faire, ce que tu nous faisais. Et le plus dévastateur, c'est que Matthew se sert de toi Il est toujours avec l’autre idiote. Tu n'étais, à ses yeux, rien de plus qu'un divertissement. Il ne t'a vue que comme une distraction temporaire, alors que moi, je t'ai toujours vue comme une reine.

Cela m'est égal que tu aies couché avec lui, moi ce qui m'importe c'est que tu nous as trahis. Notre lien, notre pacte tacite, tu l'as rompu sans ménagement. Et sur ces bases, contre l'ennui, la tristesse et la vengeance, je te dis, Hailey : "Prépare-toi à des conséquences fâcheuses".

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