Thomas Kolwen était un jeune homme de 21 ans, passionné par les cultures étrangères. Aujourd'hui, il allait entrer à l'université Jack London, à Détroit aux États-Unis, afin d'y effectuer une licence de français. Pour lui, l'école avait toujours été un moyen d'échapper aux malheurs de son quotidien. Il s'était plongé corps et âme dans les cours et avait obtenu son diplôme de fin d'études avec mention très bien.

Le jeune homme devait sa facilité pour les études à son père qui l'avait toujours poussé à faire de son mieux. Mais le futur étudiant ne connaissait pas sa mère. La femme de Marc était une danseuse étoile québécoise à la réputation internationale et était donc peu avec son mari, mais cela n'empêchait pas le père du jeune homme de l'aimer éperdument. Lorsque Thomas était arrivé, Elinda avait arrêté sa carrière.

Après sa mort, Marc avait commencé à éduquer son fils afin qu'il emprunte le même chemin que sa mère. Mais l'enfant qu'il était ne voulait pas de ce destin imposé. Il avait préféré jouer au base-ball ou aux petits camions plutôt que de faire des entrechats sur des airs de Beethoven ou de Mozart. Ce rejet avait profondément blessé son père et Thomas l'avait bien vu malgré les efforts de son père afin de ne jamais rien laisser paraître. Par la suite, le père du Canadien avait fait en sorte que son fils réussisse à l'école afin qu'il puisse réaliser ses rêves.

Tandis qu'il vérifiait une dernière fois sa valise, son père, Marc cria depuis le rez-de-chaussée :

— Tom ! Dépêche-toi ! Tu vas être en retard, triple idiot !

Le garçon descendit rapidement et monta dans le pick-up de son père.

Le trajet jusqu'à l'université se déroula dans le plus grand calme. Son père était concentré sur la route et Thomas regardait les paysages défiler mais n'y prêtait pas vraiment attention. Il pensait nerveusement à cette nouvelle année tandis que plusieurs peurs montaient en lui. Le jeune homme craignait de ne pas parvenir à suivre ses cours et d'échouer à ses examens ou encore de ne pas s'entendre avec son colocataire... Mais ce qu'il redoutait le plus, c'était de devoir se débrouiller seul, d'entrer dans la vie étudiante.

Plusieurs heures plus tard, alors que le soleil était haut dans le ciel, père et fils étaient enfin arrivés devant l'entrée du campus, futur lieu de vie du jeune homme pour les trois années à venir.

Marc coupa le moteur du pick-up bordeaux avant de se tourner vers sa progéniture.

— Allez fiston, rends-nous fiers !

Thomas haussa les épaules avant de soupirer et de récupérer son sac qui était à ses pieds.

Marc soupira face au comportement de son fils et détourna le regard avant de déclarer d'une voix faible :

— Bonne année, fiston. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles...

Thomas sortit de la voiture en mettant son sac de cours sur son dos avant de récupérer sa valise dans la benne du pick-up. Il se dirigea ensuite vers les chambres d'étudiants sans même se retourner ou adresser un mot à celui qui l'avait élevé. Sa nouvelle vie allait commencer dans cette université...