La tour de fer

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Il était une fois, un roi qui régnait sur une contrée où il faisait bon vivre. Son royaume ne connaissait pas la guerre, et ne mourait vraiment pas d’envie de la connaître.

Par curiosité, ce bon roi eut la bonne idée d’aller consulter une voyante. Il voulait connaître son avenir et savoir de quelle manière il allait mourir. La voyante le mit alors en garde :

  • Mon bon roi, il n’est pas toujours bon de vouloir connaître son destin…
  • Je t’ordonne de me dire ce que me réserve l’avenir !

Ce fut à contre-cœur que la voyante s’exécuta. Tout d’abord, la maladie de la reine lui serait fatale, et elle allait mourir dans la dizaine. Rien ni personne ne pourrait la sauver, pas même les plus grands médecins du royaume qui se trouveraient à son chevet. Puis son fils finirait par le tuer afin de prendre sa place. A cette dernière révélation, le roi s’était mis à rire :

  • Je n’ai pas de fils, voyante. Tu devrais le savoir, je n’ai qu’une fille unique, et elle est plus précieuse que tout !

Le roi prit ensuite congé de celle qu’il surnomma « la voyante qui n’y voyait rien » et repartit au château.

Dans sa chambre, la reine souffrait. Cela faisait des jours qu’elle n’avait pas quitté son lit. Manger lui était atroce. Se lever l’était encore davantage. Le roi s’inquiétait pour sa santé : et si la voyante avait raison à son sujet ? Il fit venir les meilleurs médecins du royaume, mais aucun d’entre eux ne fut assez habile pour restaurer la santé de la reine qui mourut au bout d’une dizaine de jours.

Les funérailles de la reine furent grandioses, et la tristesse du roi et de sa fille fut immense. La prédiction de la voyante s’était réalisée. Le bon roi se remit difficilement de la mort de sa chère femme, et finalement, s’était dit que prudence était mère de sûreté. Il ordonna à ses gardes d’aller chercher la princesse et de l’enfermer dans une grande tour de fer jusqu’à nouvel ordre. Ce qui fut fait. Le roi n’avait qu’une fille, pas de fils. La voyante s’était peut-être trompée ? Il l’espérait au plus profond de son être.

La jeune princesse était donc, pour son plus grand malheur, enfermée à double tour dans une grande tour de fer. Elle n’avait qu’une seule fenêtre sur le monde extérieur et passait le plus clair de son temps à regarder le ciel en regrettant son ancienne liberté.

Plusieurs fois par jour, un garde venait lui apporter de quoi se restaurer, se changer et se laver. La vie de la jeune princesse dura ainsi pendant trois années. Le roi était, de son côté, rassuré, tranquille sur son sort. Il n’avait pas de fils, et sa fille était protégée dans sa tour de fer. Il n’avait rien à craindre. Les prédictions de la voyante ne se réaliseraient jamais.

La princesse tomba amoureuse de l’homme qui venait chaque jour la voir. Il n’était pas déplaisant à regarder, et essayait toujours de lui remonter le moral. De son côté, le garde était ému du sort de la belle prisonnière qu’il aimait en secret depuis quelques années.

Ignorant les ordres du roi, il libéra la jeune femme qu’il se promit d’épouser sur-le-champs. Ce qu’il fit.

Le roi, apprenant la terrible nouvelle, lança ses hommes pour mettre fin à la vie des fuyards. Mais ces derniers n’avaient pas pris la fuite et s’étaient cachés près de lui. Et lorsque le château fut vide de tout homme armé, alors le mari de la princesse mit fin à la vie du roi d'un coup d'épée bien placé. Les prédictions de la voyante s’étaient finalement réalisées : il venait d’être tué par son beau-fils.

Le garde et la princesse vivaient-ils heureux à présent ?

Nul ne le sait, sauf eux.

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