Ça doit faire au moins une heure que je cherche quelle tenue mettre pour ce soir. La plupart de mes fringues sont mises en vrac sur ma chaise et les élues sont soigneusement placées sur mon lit. J'ai sélectionné trois tenues mais j'hésite encore. J'ai une combinaison pantalon kaki plutôt sympa, qui me fait de belles fesses et un beau décolleté. J'ai un jean troué et une petite chemise blanche avec des fleurs, simple mais efficace. Et enfin, j'ai une petite robe rouge fluide, peut-être un peu too much... J'élimine la robe rouge et me retrouve face un choix cornélien. Ces deux tenues me plaisent énormément et me correspondent totalement. Je ferme les yeux et touche une tenue au hasard du bout du doigt. Bon bah ça sera la combinaison kaki ! Avec ça, je mets des bottines noires. Niveau bijoux, je mets mon collier préféré avec mon signe astrologique : la Balance. Je mets une petite bague en forme de serpent et un bracelet simple et discret. Niveau make-up, j'ai pas fait grand-chose, un peu de mascara, un peu de crayon et c'est parfait. C'est exactement le même make-up qu'hier quand je l'ai rencontré. J'ai hâte ! Je regarde mon portable, il est 19h30. Je partirais vers 19h45 puisque le bar est à 5 minutes de ma chambre étudiante. Je ne veux pas arriver trop en avance, mais pas en retard non plus, ça la fout mal à un rendez-vous. Est-ce au moins un date ? Je sais pas... Je stresse un peu quand même. Hier, l'alcool m'avait un peu désinhibé, ça m'avait aidé pour l'accoster. Je repense aux brefs échanges qu'on a eus la veille et je ne peux m'empêcher de sourire quand je me remémore le sourire qu'il avait lorsqu'il a dit que j'étais jolie. Bon, je mets ce qu'il faut dans mon sac, clefs, porte-monnaie, mouchoirs, gel hydro-alcoolique, et je me mets en route, mon portable à la main. Je bombarde de messages ma meilleure amie pour lui faire part de mon stress. Celle-ci s'amuse à répondre à chacun de mes messages par des GIFS, ce qui fait diminuer mon stress. J'arrive devant le bar, souffle un bon coup et rentre. Il est 19h50. Je balaye la salle du regard rapidement, Sullivan est déjà là. Je le vois au loin, buvant une bière sur une table alors je me rapproche pour le saluer.

-Hey salut ! Comment tu vas ? me demande-t-il.

-Super et toi ?

-Ca va bien merci. Tu veux boire quoi ?

-Je vais prendre un jagger bomb s'il te plaît.

-Okay, je vais commander ça, je reviens.

Je ne peux m'empêcher de mater son petit cul lorsqu'il attend au comptoir. J'aime beaucoup cette vue. J'aime bien comment il est habillé. Il a un pantalon couleur crème et une chemise blanche. Classe et décontracté à la fois, efficace. Il revient avec mon jagger bomb et se rasseoit.

-Bon alors, parle-moi de toi un peu, dit-il.

-Hmmm alors, euh... J'ai 22 ans, je suis en étudiante en licence LLCER Anglais. Je vis dans une chambre étudiante de 12m². J'ai une grande sœur de 25 ans qui est vendeuse en prêt-à-porter. Mes parents ont divorcés quand j'avais 16 ans. Et euh...

-Qu'est-ce que tu aimes dans la vie ?

-Le dessin. J'adore dessiner quand je vais mal. C'est un peu mon échappatoire. Et j'aimerais beaucoup voyager plus tard aussi.

-Ah oui, dans quels pays ?

-Le Japon, la Russie, les Etats-Unis, l'Italie, l'Espagne...

-L'Italie, j'y suis déjà allé, c'est sympa !

-Ah ouais, quelle chance ! Et toi, parle moi de toi.

-J'ai 27 ans, je suis livreur de pizzas. J'ai un petit frère de 14 ans. J'ai un petit studio dans le centre-ville. Sinon je fais de la boxe depuis tout petit. Ma mère m'avait inscrit parce qu'apparemment j'étais un enfant turbulent qui tapait des crises tout le temps alors elle m'a inscrit à la boxe pour que je me défoule.

-T'étais un sale gosse en fait, rigolais-je.

-Quel gamin fait pas de crise sérieux ? Nan c'est juste que mes parents savaient pas me gérer. Ils étaient tellement incompétents dans leur rôle de parents.

-Tu t'entends mal avec eux ?

-Nan ça va au final, j'ai toujours eu plus ou moins ce que je voulais donc c'est plutôt cool. Genre à 16 ans, je pouvais sortir quand je voulais, sans couvre-feu par exemple.

-La chance ! Moi c'était totalement l'inverse...

-Ah oui ?

-Après le divorce de mes parents, ma mère avait tellement peur que je m'en aille comme mon père qu'elle m'interdisait toute sortie.

-Une fille aussi géniale que toi, je peux comprendre que ta mère voulait te garder que pour elle.

Mon cœur rata un battement. Et je crois aussi que je me mis à rougir puisque Sullivan se mit à sourire.

-Tu sais, hier quand tu es venue me voir, eh bien j'étais vraiment heureux parce que depuis le début de la soirée je n'avais d'yeux que pour toi, avoua-t-il.

Cette fois, c'est moi qui souris.

-Et si j'étais pas venue te voir ? Tu serais venu ?

-Franchement ? Eh bien je sais pas. Je sais pas si j'aurais osé.

-Ah oui, pourquoi ?

-J'aurais eu peur que tu me prennes pour un fou.

-Et tu crois que j'avais pas peur que tu me prennes pour une folle, moi ? rigolais-je.

-Je sais pas, tu paraissais si sûre de toi.

-Oh ça... C'est qu'une façade...

Il sourit.

-Ca me va. J'aime les filles peu sûres d'elles.

Je souris à mon tour. S'enchaîne un jeu de questions-réponses rapide. Le but est de répondre sans réfléchir, ça donne parfois des réponses drôles et en même temps, ça nous permet d'apprendre à nous connaître de façon ludique.

-A moi ! Quel est ton Disney préféré ? demandais-je.

-Le roi lion.

-Typique. A toi !

-Quel acteur est ton fantasme ?

-Zac Efron. Ton animal préféré ?

-L'ours. Qu'est-ce que tu préfères chez moi ?

-Oh... !

Je m'attendais pas à ça. Je suis un peu prise au dépourvue là. Je peux pas répondre « tout ».

-Physiquement ou psychologiquement ?

-Physiquement.

-Alors je dirais ton sourire.

C'est faux, mais je me voyais mal répondre la vérité qui est « ton cul ». Je veux pas qu'il se fasse des idées sur mes intentions. Moi, je veux rencontrer le grand amour, pas m'envoyer en l'air avec n'importe qui, bien que je ne juge absolument pas les femmes qui le font, chacun est libre de ses choix et de son corps.

-Bon, du coup je te retourne la question, osais-je dire, attendant la réponse avec un peu d'appréhension.

-Tes yeux. Je crois que je pourrais me plonger dedans pendant des heures.

Je fonds littéralement. C'est l'homme le plus adorable que j'ai jamais rencontré, j'ai tellement de chance. Il me traite comme une princesse et me fait sentir comme telle. On continue encore un peu notre petit jeu avant de reprendre une discussion normale. Vers minuit, il me propose de me raccompagner chez moi. Sur le chemin, il n'y a jamais de silence, on a toujours quelque chose à se dire. C'est dingue, j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Arrivés devant mon bâtiment, mon cerveau fume, se demandant quoi faire. Je lui fais la bise ? Je l'embrasse ? Je fais rien et attend qu'il prenne les devants ?

-Bon eh bien, merci pour cette soirée.

-Merci à toi. Si tu n'étais pas venue me voir hier, ce ne serait pas arrivé.

Je souris timidement.

-A la prochaine alors !

Alors que je m'apprêtais à partir, Sullivan attrapa ma main et plaça son autre main sur ma hanche. Nos corps sont très proches. Nos visages aussi. Je sens son souffle sur ma peau. J'ai envie de l'embrasser, et pour le lui faire comprendre je regarde ses lèvres. Comme s'il lisait dans mes pensées il me dit avec un grand sourire :

-Tu peux m'embrasser si tu en as envie.

Je le regarde dans les yeux rougissant puis j'approche mon visage du sien, nos lèvres se touchant enfin. Nos deux langues commencent alors une danse endiablée et un millier de papillons parcourent mon ventre. C'est donc ça ces fameux papillons dont tout le monde parle. Ça y est, à 22 ans, je les connais enfin. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien.