Chapitre 6 : L’hypersexualisation sociale

35 minutes de lecture

Hypersexualisation sociale : Selon Wikipédia, « L’hypersexualisation, ou la

sexualisation précoce, est un terme employé par des spécialistes en psychologie de

l'enfant, sexologie ou sociologie, pour désigner la tendance observée depuis la

révolution sexuelle des années 1960, à une commercialisation et médiatisation de la

sexualité qui affecte le développement des enfants et adolescents. ».

D’UNE SEXUALISATION A UNE HYPERSEXUALISATION SOCIALE : UN PHÉNOMÈNE PRÉOCCUPANT

Il y a également en plus des stéréotypes de genre toujours persistants, une autre problématique si je peux dire qui menace nos enfants : l’hypersexualisation sociale. Un autre sujet dont la société aborde peu, mais qui à mon avis est nécessaire. Nous sommes tellement envahies par la sexualité des adultes que les jeunes enfants, et adolescents subissent les frais et de fait leur propre sexualité est vue au travers de celle des adultes. L’hypersexualisation des jeunes en est l’exemple même, leur perception de leur propre corps a changé, passant par une phase de crise identitaire et par une phase de construction identitaire.

La sexualisation est d’attribuer à une chose, un caractère ou une qualité sexuelle, ou clairement être averti de la sexualité spécifiquement dans les relations hommes et femmes. La sexualisation est liée à l’objectification sexuel. En philosophie sociale, l’objectification est le fait de traiter une personne (ou parfois un animal) comme un objet ou une chose. La théorie de l’objectification est inscrite dans le domaine de la psychologie sociale. Ce phénomène a été théorisé par Barbara Fredrickson et Tomi-Ann Roberts et l’ont qualifié d’autoobjectification.

Cela pousserait les femmes à contrôler leurs apparences notamment à travers l’habillement, le maquillage, le contrôle alimentaire ou encore l’exercice physique, pouvant contribuer à la dégradation de la santé mentale de ces femmes, en favorisant la dépression, les troubles des conduites alimentaires et les troubles sexuels. L’auto-objectification chez les hommes a été depuis le milieu des années 2000 développé, car eux-mêmes sont de plus en plus confrontés à ces expériences du fait de l’émergence de la presse spécialisée pour hommes.

Selon The American Psychosocial Association, la sexualisation se produit lorsque les individus sont considérés comme des objets sexuels et jugés en fonction de leurs caractéristiques physiques et de leur sexappeal. Études après études, les recherches ont indiqué que les femmes sont plus souvent que les hommes représentées de manière sexuelle par des vêtements révélateurs avec des postures corporelles ou des expressions faciales impliquant une préparation sexuelle, et sont objectivées, utilisées comme objets décoratifs ou seulement des parties du corps plutôt que entièrement. D’après la Fondation pour l’éducation aux médias, Killing Us Softly : Adversiting’s Image of Women, la sexualisation des filles dans les médias et la manière dont les femmes sont représentées dans la culture dominante sont préjudiciables au développement des jeunes filles, elles développent leur identité et se comprennent en tant qu’être sexuel.

Mais comment l’hypersexualisation influence-t-elle les jeunes enfants et adolescents ? Quelles sont les conséquences sur le développement psychique des jeunes ?

UNE HYPERSEXUALISATION PRÉSENTE ET INFLUENTE PAR LE BIAIS DES MÉDIAS :

L"HYPERMÉDIATISATION DES CONDUITES SEXUELLES

La présence de l’hypersexualisation dans les médias émanait du fait que les années de révolution sexuelle vers 1960 sont accompagnées d’une visibilité accrue de contenu à caractère sexuellement explicite qui a pour conséquence une forte commercialisation de la sexualité dans les médias. Ce phénomène découle immédiatement d’intérêts commerciaux visant uniquement la vente de produits et de services. Avec la création et la diffusion massive de l’Internet, s’est développée la Cyberpornographie qui donne une grande accessibilité aux informations et représentation graphique de la sexualité à des âges où ces images sont légalement interdites. En conséquence « les influences sont nombreuses de la mode vestimentaire au contenu médiatique en passant par la musique, les vidéos clips et la pornographie aisément accessible sur le Net ». Le sociologue Richard Poulin avance que « jusqu’à 14 000 références sexuelles par année seraient présentées à la télévision en Occident ».

Les jeunes imitent ce qu’ils voient dans les médias et cela progressivement construit leur identité. Et avec l’arrivée des réseaux sociaux, cela n’en finit pas ! Les jeunes ont accès à des contenus que même les adultes n’ont pas. Les modèles sociaux s'accumulent et deviennent la référence de tous les jeunes. Entre les youtubeurs ou youtubeuses, les influenceurs ou influenceuses, les jeunes sont séduits par tout ce qui se présente à eux. Je prends l'exemple de la jeune Kylie Jenner, elle dispose de plus de 229,7 millions de followers sur Instagram et on imagine bien que parmi eux il y a des jeunes filles. Kylie Jenner est un modèle social, mais pourquoi les jeunes filles sont-elles fascinées par elle ? Je pense que Kylie représente un idéal pour ces jeunes filles, et qu’elle “correspond” aux critères de beauté dictés par la société occidentale. Je ne juge pas les actes de cette jeune fille, mais lorsque l’on devient une personnalité́ avec une popularité énorme comme la sienne le moindre fait et geste est observé́ et plus encore, on constitue un exemple pour les autres.

Beaucoup de personnalités célèbres sont prises en exemple par les jeunes et peut-être que ces personnes ne s’en rendent pas compte ou au contraire peut-être sont-elles conscientes du rôle qu’elles jouent et justement en profiteraient. Là où nous voyons le plus ce phénomène, c’est dans les publicités, tout cela a été créé pour vendre. Nous ne sommes perçus que comme des consommateurs, le marketing ne se préoccupe pas de savoir si cela aura un impact sur le développement psychique de l’enfant. Malheureusement, les enfants ont été pris pour cible par les publicités. Le fait d'observer à présent des jeunes filles avec des comportements sexualisés ne choque plus ou presque pas.

Le concept même de préadolescence a été forgé par certaines industries, comme celle de la mode, perpétuellement soucieuses de localiser de nouvelles cibles de consommation. À travers les médias, elles diffusent leurs messages sur l’importance de l’apparence et de la séduction. Or, les jeunes sont particulièrement perméables à l’influence des médias. Il y a fort à parier que dans les années à venir, cette pression du « look parfait » s’intensifiera, et ce, spécialement sur les filles qui veulent être confortées dans leur besoin d’avoir l’air cool et sexy. Bercés par ces stéréotypes sexuels que la femme doit être grande, mince et belle et que l’homme doit être beau, grand et fort. La source du problème de l’hypersexualisation vient de ces stéréotypes engendrés par l’industrie du commerce. Et cela va volontiers plus loin que l’apparence physique et l’obsession de l’image, mais cela va toucher dans l’identité des jeunes, car ces représentations, qui sont majoritairement fausses, vont devenir un ancrage pour ces jeunes qui vont se construire autour de ces stéréotypes. Lorsque l’on est enfant, on rêve de devenir une princesse, belle avec de longs cheveux ou un super-héros puissant bien bâtis, on trouve cela charmant, c’est innocent à leur âge, mais on ne se rend pas compte qu’ils se construisent déjà une image d’eux-même ce qu’on nomme l’Idéal du moi. L’Idéal du moi ou « ce que j’aimerais être » représente les valeurs positives auxquelles aspire le sujet, il est lié au narcissisme, à l’amour de soi.

Prenons conscience que « les représentations que les adolescents ont de la sexualité ont évolué, notamment, car les sociétés occidentales sont « hypersexualisées ». Le « sexe » est banalisé et l’on s’inquiète des conséquences possibles sur la perception que les jeunes ont de l’intimité. ». Ils sont confrontés à de nouvelles réalités sociosexuelles et leurs perceptions de la relation à autrui risquent d’être influencées par les médias et les environnements « hypersexualisés ». J’aimerais citer un exemple, la vidéo d’un clip de Miley Cyrus - We can’t stop est une parfaite illustration de ce que je viens de dire. Miley Cyrus est une idole des jeunes. La sortie de son clip, We can’t stop, avait suscité́ beaucoup de réactions à cause de son côté provocateur. Les jeunes sont constamment exposés à ce genre de clip vidéo auxquels ils s’identifient. Cette vidéo comptabilise 915 551 075 vues sur Youtube. Miley Cyrus est un modèle pour beaucoup de jeunes dans le monde entier. Elle fut un modèle pour moi aussi à l’époque où elle jouait Hannah Montana sur Disney Channel. Si nous suivons son parcours, on découvre qu’elle est aussi victime de cette société́ hypersexualisée.

L’industrie de la musique joue un rôle incroyable dans la diffusion de messages à caractère sexuel. On assiste à une abondance et à une surenchère de messages à caractère sexuel dans les médias : c’est l’hypersexualisation sociale. « En outre, les stéréotypes sexuels (comme, dans les publicités, les vidéoclips, les émissions de téléréalité) sont de retour après des décennies de lutte féministe... Et pour le moment, il y a peu de messages opposés ! Même la littérature pour la jeunesse semble s’inspirer des stéréotypes de genre dans ses contenus, ainsi que certains magazines pour préadolescents qui exposent très tôt leur jeune lectorat aux célébrités plus âgées. En effet, les jeunes stars que présente l’industrie du divertissement visent des fans de plus en plus jeunes, qui s’identifient à ces images sexualisées, et ce bien avant le début de leur puberté.

Certains vidéoclips renchérissent cette image de sex symbols en récupérant de plus en plus les codes de la pornographie (comme le clip S&M de Rihanna). Catherine Monnot, de l’École des hautes études en sciences sociales à Paris, parle de « féminisation précoce », et Pierrette Bouchard, de l’Université Laval, de « sexualisation précoce ». Ainsi, chercheurs et intervenants s’inquiètent des conséquences de ces phénomènes sur la construction de l’identité des jeunes, sur leur rapport au corps et à l’apparence, et sur leur perception de la séduction et de la relation à autrui. Jochen Peter et Patti Valkenburg, de l’Université d’Amsterdam, s’intéressent aux habitudes de consommation des médias et craignent l’influence du contenu sexuel médiatisé, étant donné « l’incertitude sexuelle » des adolescents. ». Même les chercheurs sont préoccupés par les effets de l’hypersexualisation. De plus, les jeunes ont la maîtrise des nouvelles technologies davantage que les adultes. L’utilisation de ces technologies associée à la commercialisation de la sexualité voire à la « consommation sexuelle » peut soulever plusieurs préoccupations.

DES COMPORTEMENTS SEXUÉS ADOPTÉS PAR LES JEUNES : UNE CONSTRUCTION IDENTITAIRE BASÉE

SUR L’APPARENCE

Les jeunes imitent majoritairement des modèles présentés dans l’industrie du spectacle en particulier dans la musique où la chanson présente majoritairement des contenus sexuels explicites ou implicites dans les chorégraphies, les vêtements ou les paroles avec des comportements érotiques très fréquents. Étant exposé à tout cela, on comprend qu’il est normal pour eux d’agir de la sorte, car cela n’est point remis en cause ou du moins ça l’est en partie. Notre société impose une norme étroite et irréaliste de beauté physique fortement soulignée par des modèles principalement de féminité, présentés aux jeunes pour les étudier et les imiter. Ce sont les diktats de l’apparence, de la mode et de la beauté qui instaurent une pression monstre dans l’esprit des jeunes. Ils veulent ressembler à leurs idoles, malheureusement beaucoup de complexes se créent.

L’éducation joue un rôle majeur dans le développement des enfants, il est donc essentiel que l’école aide à façonner les enfants au monde qui les attend. Les enfants sont facilement influençables. Selon les idées de John Locke, philosophe anglais, l’enfant serait une Tabula Rasa comme une page vierge sur laquelle viendrait s’imprimer les impressions du monde environnant. Il affirme ainsi que « Le rôle de l'éducateur serait de lui enseigner une morale pratique afin de le préparer aux réalités de la vie et de faire de lui un gentleman ». Il ajoute que la connaissance (d’ordre pratique social au moral) s’acquiert exclusivement grâce à l’expérience vécue et enseignée. On comprend alors que l’idée d’éducation occupe une place primordiale dans la philosophie empirique. Y sont inculqués des notions telles que le bien et le mal et la manière de se conduire en société. Il affirme que l’avenir préparé pour les enfants ne peut pas se relever simplement de dispositions naturelles ou d’une connaissance spontanée, mais au contraire que cela relève « d’un apprentissage dont il importe d’élaborer avec soin les principes et ses actions ». Sa conception de l’éducation est inspirée de la philosophie empirique, c’est-à-dire qu’elle ne peut être que l’adaptation pratique de l’enfant à la réalité de la vie et par conséquent, devront être écarté toutes les abstractions inutiles et les méthodes brimant la nature de l’enfant, car il s’agit au final de contribuer à son plein épanouissement.

De plus, il suppose que les défauts susceptibles de faire de l’enfant un « être asocial », l’accent doit être mis sur l’utilité de l’enseignement auquel on associera la psychologie de l’enfant. Selon lui, l’adulte avenir doit devenir un « animal social », c’est-à-dire « un être capable de réussir dans la société et d’accorder ses intérêts avec ceux de la communauté dans laquelle il vit sous peine d’échec. ». En examinant les idées de Locke, on conçoit que l’éducateur ait un rôle à jouer et que ses enseignements doivent respecter l’enfant dans sa singularité, mais surtout y intégrer la psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Ainsi, cela permettrait aux éducateurs de comprendre l’enfant et l’adolescent. Par ses enseignements, il participe aussi à la formation du futur homme ou femme à devenir et participe à leur construction psychique.

Avec Jean-Jacques Rousseau, on a une autre perception. Il affirme tout de même que les adultes ont un rôle a jouer dans la vie des enfants, dans leur éducation. Je vais citer un passage du troisième livre : l’âge de force : 2 à 12 ans d’Emile ou de l’éducation : « Hommes, soyez humains, c’est votre premier devoir ; soyez-le pour tous les états, pour tous les âges, pour tout ce qui n’est pas étranger à l’homme. Quelle sagesse y a-t-il pour vous hors de l’humanité́ ? Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct. Qui de vous n’a pas regretté́ quelquefois cet âge où le rire est toujours sur les lèvres, et où l’âme est toujours en paix ? Pourquoi voulez-vous ôter à ces petits innocents la jouissance d’un temps si court qui leur échappe, et d’un bien si précieux dont ils ne sauraient abuser ? Pourquoi voulez-vous remplir d’amertume et de douleurs ces premiers ans si rapides, qui ne reviendront pas plus pour eux qu’ils ne peuvent revenir pour vous ? Pères, savez-vous le moment où la mort attend vos enfants ? Ne vous préparez pas des regrets en leur ôtant le peu d’instants que la nature leur donne : aussitôt qu’ils peuvent sentir le plaisir d’être, faites qu’ils en jouissent ; faites qu’à quelque heure que Dieu les appelle, ils ne meurent point sans avoir goûté la vie. ». Rousseau s’adresse aux adultes concernant l’enfance. Il est vrai que si nous prenons l’exemple de l’hypersexualisation des jeunes enfants, on peut comme Rousseau dire « pourquoi voulez-vous ôter à ces petits innocents la jouissance d’un temps si court qui leur échappe ? » ! En effet, le monde des enfants et celui des adultes sont très différents, mais nous les arrachons violemment pour les jeter dans un monde qui n’est pas le leur. « Ils se prennent pour des grands » ils ne font que prétendre cela ne signifie pas qui le sont. Rousseau a décrit un point très juste concernant l’enfance, c’est un temps assez court que les enfants ne pourront plus expérimenter. C’est un temps qui leur appartient, et qui serait mal de leur en privé. C’est le temps de l’innocence où les enfants ne pensent à rien si ce n’est s’amuser, explorer, crier, courir, etc. Un enfant ne devrait pas se soucier de son apparence et vouloir à tout prix plaire. Les enfants même s’ils sont jeunes, ont le droit de mener leurs vies, elles n’appartiennent pas aux adultes. Certes, ils se trouvent sous leur responsabilité et autorité, mais cela ne leur octroie pas le droit de faire ce qu’ils veulent sous prétexte que ce sont des enfants. Ils possèdent un avenir et ont le droit d'embrasser cet avenir. Cependant, ce n’est pas constamment le cas, les enfants ne sont pas toujours pris au sérieux. Rousseau essaye de nous faire comprendre que la vie d’un enfant a de la valeur et que son éducation est importante pour le devenir de la société. L’ironie illustrée par Rousseau, c’est que ces adultes ont été eux-même enfant, mais ils traitent les enfants comme s’ils n’en avaient jamais été un. Les adultes, plus encore les parents doivent préparer les enfants au stade suivant qui va être éprouvant pour eux, car plus ils grandissent plus ils auront des responsabilités alors l’enfance semble être une période où ils peuvent encore jouir de la liberté de ne pas avoir de responsabilités, l’âge où ils sont en paix, car ils ne sont pas accaparés par les problèmes du monde des adultes.

On remarque aussi qu’il y a des conséquences dans le comportement entre pairs. En effet, l’envie d’être populaire auprès de son groupe de pair n’est pas nouveau, mais il semble aujourd’hui davantage associé à « une attitude » sexuelle, voire des gestes sexuels. On peut aussi en un rien de temps devenir impopulaire et susciter le mépris. D’ailleurs, les réputations se font et se défont par l’intermédiaire des pairs et des amis : une même conduite peut être valorisée ou à l’inverse, jugée très sévèrement. Notamment, un garçon embrassant intimement trois filles lors d’une même soirée entre amis peut confirmer son sexappeal. Mais une fille embrassant plusieurs garçons est perçue comme une « salope ». De même, les filles sont de plus en plus vulgaires entre elles (ce qui peut augmenter la popularité) : elles n’hésitent pas à s'insulter de « salope » ou de « pute » entre amies, prétextant que c’est un simple jeu sans conséquences (« Ce n’est pas grave, c’est ma meilleure amie. »).

Depuis quelques années, on assiste, via des émissions de télé-réalité, des films pour adolescents ou des vidéoclips, à ce que l’on nomme une culture de la « médisance » : les filles sont présentées comme des rivales qui se méprisent. Être perçu comme le bad boy ou la bad girl peut faire en sorte que l’on soit admiré ou craint ; et dans cette recherche de popularité, on se doit d’être en représentation. En 2011, Mathieu Pelletier-Dumas, de l’Université du Québec à Montréal, a étudié les liens entre la popularité, l’estime de soi, les habitudes de consommation de médias, y compris ceux sexuellement explicites, et les activités sociales sexualisées, chez 608 jeunes dont l’âge moyen était de 14 ans. Il a montré́ que plus un individu se dit populaire, plus il est actif sexuellement. Ainsi, la conduite sexuelle à l’adolescence pourrait être liée, entre autres, au regard des autres, au désir de plaire et à celui d’être populaire.

Je me demande si vraiment nous pouvons affirmer aujourd’hui que l’école forme nos enfants à devenir des hommes et des femmes. Après tout, ils sont majoritairement à l’école. Et vous parents essayez-vous de comprendre vos enfants ? Vous les voyez grandir, mais participez-vous vraiment à leur développement psychique ? Savez-vous réellement ce qu’ils traversent ?

L"ENTRÉE À L"ADOLESCENCE ET LA PUBERTÉ : L"IMAGE DU CORPS BOULEVERSÉ

Je pense qu’il est pertinent de se préoccuper de l'épreuve des jeunes durant leur puberté. Pour cela, il est important de comprendre le processus de l’adolescence et de la puberté par lesquelles ils font face. En effet, d’après l’oeuvre d’Annie Birraux, L’Adolescent face à son corps, l’adolescence est avant tout une métamorphose du corps à laquelle l’enfant se trouve brutalement confronté, son développement psychique est bouleversé et ses représentations narcissiques ne sont plus adaptées. Elle décrit l’histoire du corps à l’adolescence comme une histoire intime, singulière guidant le jeune à élaborer des stratégies défensives le mettant parfois en danger. Angoisse, anorexie, suicide représentent les manifestations extrêmes d’un mouvement pour se réapproprier ce corps. Elle nous invite à redécouvrir cet adolescent banalisé dans notre champ social pour faire apparaître ce qu’il nous est parfois aisé de nier : un exploit inouï d’une adolescence réussie. En effet, en considérant le point de vue de la psychanalyste, on comprend qu’à l’adolescence, le changement s'établit avant tout autour du corps pubère et de la relation qu’a l’adolescent avec lui.

À vrai dire, nous pouvons dire que nous sommes nés deux fois, sauf que cette naissance est semblable à “ une révolution orageuse” en conséquence de la naissance des passions au sens strict du terme (passio signifie souffrance). Effectivement, par des brusques changements d’humeur, des emportements fréquents et une continuelle agitation, cela rend à première vue l’adolescent indisciplinable. Néanmoins, la puberté est spontanée et limitée dans le temps. Or que l’adolescence, c'est complexe, car sa durée est variable et dépend de facteurs différents. En somme, l’une se rapporte plus sur les aspects endocriniens, donc biologiques et anatomiques et l’autre sur des aspects psychologiques et sociaux. Mais un lien étroit existe entre les deux notions. De plus, les effets de la puberté sont spécifiques pour chaque personne et les changements sont intimement liés à l'économie affective et émotionnelle de chaque individu. Du fait de tous ces changements physiques, l'adolescent éprouve des nouvelles sensations et émotions qui peuvent le désorienter. Ainsi, quels sont les impacts de ces éprouvés sur son rapport au monde ?

Les changements rencontrés durant la puberté vont bouleverser les repères de l'adolescent en quête de son identité perdue. En effet, ce dernier ne reconnaît plus son corps qui le rend méconnaissable vis-à-vis de lui, mais des autres également. Aussi, les comportements changent : “il ou elle devient maladroit (e), ingrat(e) etc. ”. La peur, l'inquiétude s'installent, le rapport au corps devient anxiogène. En effet, il est face à un corps en transformation, en pleine identification, un corps en sexuation. Il se découvre et essaie de se construire.

Ce qui explique que l'image du corps est extrêmement sensible (surtout chez les filles). Nous pouvons remarquer des différences entre ces changements chez la fille et chez le garçon. Le garçon va avoir tendance toute sa vie à accorder une valeur centrale narcissique à son pénis, alors que la fille au moment de la puberté a tendance à transférer (toujours sous l'angle narcissique) l'intérêt porté aux organes génitaux (clitoris et seins) au corps entier et au potentiel qu'il contient. C'est-à-dire que la fille a tendance à soigner “son look” donc ses vêtements, surveiller son alimentation. Pour illustrer mon propos, je vais utiliser la métaphore kafkaïenne sur la puberté et ses effets. Nous sommes face à la rencontre d'un adolescent avec son monde pulsionnel. La symbolisation de cette analogie implicite amène l'adolescent à se questionner sur comment faire pour accéder au Nouveau Monde qui s'ouvre à lui dans le but de faire taire ses angoisses.

Majoritairement, ce sont des comportements liés à la difficulté de communication avec les parents : l'insolence, la négligence, la grossièreté et la saleté, etc. Ils sont liés à deux notions : la désorganisation et la régression qui sont des symptômes normaux de l'adolescence. Leurs absences vont poser problème étant donné qu’il y a un risque de névrose infantile. Et de ces deux notions découlent la notion de dysharmonie qui représente un concept au coeur de la puberté. Elle consiste en la mise en relation et en même temps la mise en tension du corps et du psychisme.

On peut réduire la notion de puberté grâce à ce triple remaniement :

• La relation avec son propre corps

• La relation avec sa sexualité

• La relation avec son environnement

Ce remaniement essentiellement psychique concerne le monde interne de l’adolescent, c'est-à-dire sa topique, l'organisation de ses instances et la dynamique des relations : le Moi, le Ça et le Surmoi caractérisé́ par la poussée du Ça. « Chez Freud, le Moi correspond à la partie défensive de notre personnalité, il est considéré́ comme la plus consciente. Il tente grâce à un rôle de médiateur de répondre aux intérêts respectifs du Ça, du surmoi et du monde extérieur afin de trouver un certain équilibre. Le Moi est une « pauvre créature, devant servir trois maitres ». En effet, le Moi doit accepter la menace provenant du monde extérieur, du Ca et du Surmoi. Le Ça est le « lieu» d’où̀ proviennent les pulsions, il répond principalement au domaine de l’instinctif et de l’inconscient. De plus, il ne connaît aucune règle, ni de temps ni d’espace, ni d’interdit ; il est exclusivement régi par sa libido, c’est-à-dire l’énergie psychique souvent liée à la sexualité́ ou à l’agressivité, dans le but final d’atteindre le plaisir immédiat. Enfin, le Surmoi représente l’agent critique, l’intériorisation des interdits et les exigences parentales, sociales et culturelles. Il est en partie inconscient, et se forme durant l’enfance et l’adolescence. ».

L’équilibre entre les trois est mis à rude épreuve durant la crise de l’adolescence ou l’adolescent remet en cause le Surmoi et souhaite libérer le Ça. En plein remaniement psychique, on peut dire que la crise par laquelle ils passent tous n’est pas simple. Ce qui devait leur permettre de se reconstruire ne va qu’aggraver cette crise. Oui, car si au début il ne s’agissait que d’une crise d’adolescent, cela va petit à petit se transformer en une crise identitaire où l’adolescent ne sait plus qui il est. Avec un nombre impressionnant de modèles sociaux présents dans les réseaux sociaux, on peut sous peu perdre la tête et ne plus savoir quoi choisir. On cherche désespérément quelque chose qui pourrait nous correspondre et on finit par se conformer à la mode. Pourquoi ? Pour une raison banale, tout le monde le fait. Les jeunes sont à la recherche de l’approbation de l’autre, durant l’enfance cela a systématiquement été le cocon familial et en grandissant, ils découvrent une nouvelle famille : la société. Ils ont envie d’être approuvés par elle. Alors ce que la société aime, il faut qu’eux aussi, ils aiment. Durant cette période-là, ils se conforment sans réellement chercher plus loin. Bien sûr, ils s’agit de comportements inconscients, ils ne se rendent pas compte, car pour eux, c’est naturel d’agir ainsi.

UNE CRISE IDENTITAIRE POUVANT POUSSER VERS DES COMPORTEMENTS DÉVIANTS MAIS AUSSI UN

RISQUE POUR LA SANTÉ PHYSIQUE ET MENTAL DES JEUNES

En clair, un réel combat psychique a lieu à l’intérieur des jeunes. Ce conflit intérieur peut les amener à adopter des comportements déviants. En effet, pour certains, la limite entre un comportement acceptable et un comportement abusif devient floue exposant les jeunes adolescents à l’exploitation et à l’abus sexuel. De même que des problèmes sur le rapport au corps, l’estime de soi, la banalisation de la violence sexuelle, et même de troubles alimentaires peuvent apparaître selon les rapports de la part de l’APA sur trois cent cinquante études analysées portant sur les problèmes de sexualisation précoce. La sexologue Francine Duquet, dans une étude canadienne sur des jeunes de 12 à 13 ans, a observé une exposition précoce à la consommation sexuelle (bien qu’ici interdite par la loi aux mineurs). Elle remarque également une confusion quant aux limites de l’intimité et de la vie privée qui, avec Internet et les caméras, rend publiques les scènes de la vie privée.

Cette survalorisation de l’apparence et de la séduction comme mode de rapport à l’autre comporte aussi des risques pour la santé physique des jeunes filles dont les troubles alimentaires, l’utilisation récurrente de régimes amaigrissants dès le plus jeune âge, la consommation de drogue et d’alcool, le tabagisme, le recours aux chirurgies esthétiques et les relations sexuelles. Selon des études, même si les filles sont meilleures dans plusieurs domaines, leur estime de soi serait plus faible que celle des garçons. L’estime de soi de ces jeunes filles s’affaiblit, car le niveau des modèles qu’elles suivent est trop élevé́. De même à cause de la pression qu’elles subissent et de la comparaison qu'elles s’infligent, leur confiance en elle en prend un coup. N’ayant plus comme référence que le regard des autres, cela finit à l'obsession d’être toujours sexy et cool.

Filles et garçons sont inégaux concernant les impacts de la sexualisation. Pour les filles, il s’avère que cela est plus dangereux que chez les garçons. Les filles notamment les Lolitas qui imitent ces comportements sexuels par leurs vêtements, danses, la consommation de pornographie et la pratique de relations sexuelles sont beaucoup plus mal jugés que les jeunes hommes du même âge qui auraient les mêmes pratiques. La commercialisation du sexe par les industries de la musique qui non seulement à travers les paroles de chansons rabaissent la femme à l’état d’esclaves sexuelles comme la chanson de Britney Spears I’m slave 4.

U, mais encore axent la femme sur un besoin présenté comme vital d'éprouver l’amour ou du moins d’être en relation avec un garçon. L’hypermédiatisation du sexe a fait émerger et rendu populaire la nymphette ou Lolita, une jeune fille ou une jeune femme empruntant un style stéréotypé, basée généralement sur un décalage entre son âge véritable et son comportement, traduisant des aspects sexualisés. Il peut donc s'agir soit d'une mineure ayant un comportement ou un habillement plus conforme à une adulte, soit d'une majeure se comportant ou se déguisant comme une fille mineure. D'une manière indéniable, l'esthétique d'une Lolita est basée sur l'érotisme. Elle se définit généralement comme une fille dont l'apparence souligne la sexualisation alors qu'elle est trop jeune. Une Lolita peut aussi utiliser un maquillage visant à séduire. Tout va dépendre de son comportement. Elle n'est pas nécessairement intéressée par une activité sexuelle précoce, même si son style peut provoquer sexuellement les hommes plus âgés.

Le phénomène de Lolita est vite entré dans les moeurs, le mot a été en partie popularisé dans les pays francophones par Serge Gainsbourg (Histoire de Melody Nelson, Lolita Go Home, etc.) et la chanson Moi...

Lolita, chantée en 2000 par Alizée.

« Les jeunes filles ainsi que les adolescentes subissent quotidiennement les pressions des médias et de leur entourage. Le message qui leur est transmis est clair : elles doivent être belles, sexy et disponibles sexuellement. Plusieurs sont ainsi amenées à croire que leur seul pouvoir réside dans leur apparence, et elles feront des efforts quotidiens pour accéder à ce modèle de femme physiquement parfaite et sexy. En misant sur le paraitre, les jeunes filles deviennent dépendantes de l’appréciation des autres et par le fait même, fort vulnérables avec des conséquences néfastes sur leur santé mentale. ».

Devons-nous nous inquiéter pour l’avenir des jeunes filles et garçons ? Moi, je m’inquiète. Je considère la société responsable de ce phénomène préoccupant. Les parents et l'école ont aussi une responsabilité, mais est-elle suffisante face au poids des médias ?

QUI SONT LES RESPONSABLES ? : LA RESPONSABILITÉ ÉDUCATIVE ET CELLE DE LA PUISSANCE

PUBLIQUE

La société est organisée autour d’un pouvoir politique incarné par l’État. Ce dernier doit réussir à faire maintenir la cohésion sociale au sein de la société, pour cela, des lois ont été établies. Effectivement, l’État se doit de garantir et préserver l’unité, la sécurité et la paix de la société, afin d’assurer entre autres l'éducation des jeunes. Cependant, l’État a-t-il complètement rempli son rôle concernant l’éducation des jeunes ? On peut dire que partiellement. Même si des enseignements sur l’éducation sexuelle apparaissent dans les programmes au cycle 4, c’est-à-dire au collège et au lycée, l’éducation à la sexualité est limitée au fait de nommer les risques des pratiques sexuelles (transmission du sida, etc.). Il n’est pas question d’éducation du tout, mais plutôt de prévention, alors qu’elle pourrait véritablement minimiser les conséquences néfastes de l'exposition intensive aux messages sexuels. Cette éducation doit dans ce cas prendre en considération la question des rôles sexuels, des stéréotypes sexuels associés aux hommes et aux femmes, et leurs répercussions sur les relations garçons-filles. Elle doit aussi permettre aux jeunes de réfléchir aux conséquences d’une vie sexuelle active, à leur rapport à l’intimité́ et au respect de soi et des autres. Cependant, un problème se pose, celui des limites éthiques de l’intrusion dans la vie intime des enfants. En effet, aborder les questions de désir, de plaisir et d’amour, apprendre à identifier ses émotions et à les évaluer appartient à chacun et vouloir que des enfants encore immature émotionnellement se confient sur leur intimité́ peut être vu comme une violation de leur vie intime et ce n’est certainement pas l’objectif.

Tout ce que l’éducation semble pouvoir faire, ce qui relève de la responsabilité éducative, c’est de mettre tout en oeuvre afin que chacun puisse développer ses propres capacités de réflexion et de contrôle émotionnel ainsi que sa propre conscience éthique. Et donc, indirectement de permettre aux enfants de se renforcer contre les sollicitations malsaines. De même qu’aucune alerte n’est faite sur les messages troubles véhiculés par la pornographie ainsi que des alertes à propos des pressions exercées sur les comportements des jeunes, il serait également intéressant de leur expliquer les outils technologiques et les comportements pouvant protéger leur vie intime. Dans ce cas, c’est à la puissance publique qu’appartient le rôle d’alerter contre les dangers d’Internet, de former à la maitrise des outils techniques, de trouver des moyens de pénaliser davantage les auteurs qui diffusent ce genre de message et de contrôler la diffusion d’images publicitaires ou autres. Le but est de remettre l’enfant et l’adolescent et leurs besoins au centre et qu’ils se sentent écoutés.

Probablement, faudrait-il avant tout changer le rapport que nous adultes avons avec la sexualité́ ? L’école, mais aussi l'État doivent participer à l’épanouissement des jeunes et non qu’à leur éducation, car le but est qu’ils deviennent des citoyens actifs à la vie commune et à participer à l’harmonie et l’union de la société́. Mais comment cela est-il envisageable si les jeunes adolescents ne se sentent pas écoutés ? Généralement, les ados ne parlent pas de ce qu’ils ressentent de peur de ne pas être compris, mais aussi parce que les adultes ne leur consacrent pas toujours du temps pour parler d’eux. Nous dressons parfois un peu trop notre propre regard sur ce que les jeunes peuvent penser ou ressentir ou sur ce qui est bien pour eux, croyant mieux savoir du fait de notre statut d’adulte. Très souvent, nous ne prenons pas en considération leurs avis.

Nous avons tendance à oublier que les adolescents traversent une épreuve. En effet, l’adolescence survient subitement avant même que l’on se rende compte que l’enfance est terminée. C’est cet entre-deux que les adolescents ont du mal à supporter, devoir faire le deuil de leur enfance et entrer dans le monde des adultes alors même qu’ils n’en sont pas, peut être vécus de manière douloureuse voire même traumatisante pour certains. Cela dépend de l’histoire personnelle de chacun. Comme dans l’oeuvre de Kafka La Métamorphose, le personnage principal se transforme en un cafard affreux faisant une analogie entre son corps de cafard et son corps en transformation. « Qu’est-ce qui m’est arrivé́ ? » se questionne Gregor, mais c’est une question que peut se demander n’importe quels adolescents.

En tant que professeur, la considération de la situation stressante des adolescents peut être utile. A mon avis, cela est même inévitable et très important, car pour les enfants qui vivent péniblement leur transition vers l’adolescence, ils peuvent avoir besoin d’aide, mais ils ne le verbaliseront pas, c’est à l’adulte d’essayer de comprendre. Effectivement, cela peut aller jusqu’à impacter leur scolarité́, car l’élève n’est plus disponible pour les apprentissages étant préoccupé́ par ses angoisses. En effet, il n’arrive pas à "décoller de ses préoccupations infantiles et personnelles. Son désir de savoir reste soumis aux ressorts les plus archaïques de la curiosité́, le sadisme, le voyeurisme, la mégalomanie sont toujours à l’oeuvre et l’empêchent de s’intéresser aux règles et aux lois qui organisent la connaissance.".

LA PART DE RESPONSABILITÉ DE LA FAMILLE

L’hypersexualisation est un phénomène complexe dans lequel plusieurs facteurs entrent en jeu. L’un de ces facteurs est le contrôle exercé par les parents et les encadrant, certains d’entre eux ne parviennent pas à imposer des limites aux jeunes qu’ils encadrent ou au contraire en imposent trop. La famille a des responsabilités, étant le premier modèle social des enfants qui dès leurs plus jeunes âges imitent leurs parents par exemple en portant leurs vêtements « Il joue à la maman et au papa ». Malgré́ tout, arrivés à l’adolescence, les jeunes se rebellent contre leurs parents, leurs professeurs et tout ce qui représente une autorité́. Cela commence par des «non» puis à l’extrême par des fugues. En effet, cela peut aller jusqu’aux comportements à risque et déviants. Durant cette période, les jeunes adolescents remettent en question l’autorité́ parentale et cherchent à ne plus dépendre d’eux et souhaitent s’affirmer.

Nous ne voyons pas forcement le danger que représente l’hypersexualisation. Je prends l’exemple des concours de beauté comme les minies miss. Il s’agit d’un concours de beauté pour enfants très populaire aux Etats-Unis qui s’étend de partout dans le monde à présent. Mais ces concours de mini-miss sont-ils sincèrement pour le bien des jeunes filles ou pour les adultes ? Quel est le but en somme ? « Pour grandir, l'enfant a besoin d’être porté par le désir de ses parents, mais en même temps, il a besoin que ce désir ne l'étrangle pas. Déjà bien avant la naissance, les parents envisagent le futur de leur enfant. De même, en lui donnant son prénom, ils le relient à une figure aimée. Déjà, ils l'espèrent brillant à l'école, charmant en société et le rêvent astronaute, menuisier ou poursuivant l'entreprise familiale. Quoi de plus naturel que de souhaiter le mieux à son enfant. Ce désir soutient les apprentissages de l'enfant, rendus possibles par le climat de confiance et de sécurité. Dans son lien d'amour et de loyauté envers ses parents, il leur fait plaisir, contrôle ses pulsions, et acquiert peu à peu, à son rythme, limites et désirs propres ». Cependant, il se peut que le désir des parents soit véritablement oppressant et qu’ils devancent le développement de l’enfant ne permettant pas à celui-ci de savoir ce que lui veut faire de sa vie.

Inconsciemment, l’enfant absorbe le désir du parent le prenant comme le sien. Mais plus encore, ces concours sexualisent les enfants. Comme le nom l’indique, les concours de minies miss considèrent l'enfant comme un adulte en miniature. Et c’est là le problème, le monde adulte et celui de l’enfant sont radicalement différents. Il existe des stades du développement de l’enfant et l’enfance en fait partie alors pourquoi les pousser dans le monde des adultes ? Cela causera forcément des séquelles à l’enfant. On le prive de son enfance, ce qu’il n’a pas pu développer durant cette période quand va-t-il pour voir le faire ? Mais surtout va-t-il pouvoir le faire ? En les considérant comme des adultes, nous les empêchons de grandir et de se découvrir. On les arrache à l'enfance, les projetant violemment dans un monde qui n’est pas le leur « un monde adulte avec ses composantes de sexualité, de séduction, d'excitation... Instrumentalisée au bénéfice du plaisir de l'adulte, la sexualité de l'enfant ne peut suivre son cours et réduit les possibilités pour l'enfant de construire auparavant son intimité et ensuite, comme sujet de désir, des relations amoureuses à un autre, également unique. ».

« C'est la porte ouverte à une sexualité́ de divertissement, sans enjeu, sans relation. C'est la porte ouverte à ces pratiques sexuelles précoces qui interpellent de plus en plus les éducateurs. Il y a lieu de s'interroger sur une société́ qui imagine de dangereux pédophiles à tous les coins de rue, mais est aveugle à la mise en scène d'une hypersexualisation des plus jeunes sur les écrans, affiches et magazines.

LES JEUNES SONT-ILS VRAIMENT RESPONSABLES ?

Étant jeunes, ils sont encore inaptes à prendre des décisions sérieuses car ils sont influençables. Cependant, pour les rendre plus conscients et responsables de leur vie intime, l’enseignement moral et civique abordant les notions du respect du corps et sur l’image du corps peut être un moyen. Cet enseignement est crucial pour parfaire l’éducation aux médias et à la sexualité́ des jeunes, mais cela pourrait être envisagé plus tôt (à partir de la fin du cycle 2). À cause de ce tabou autour de la sexualité́, beaucoup de parents refusent d’en parler à leurs enfants pour la raison suivante : « Ils veulent préserver l’innocence de leur enfant ». Pour ma part, on peut préserver l’innocence d’un enfant sans le rendre insouciant du monde dans lequel il grandit.

J’estime qu’en tant que parents, professeurs et adultes responsables, qu’il est dans notre devoir de garantir l’intégrité morale et physique des enfants. Tout d’abord, en commençant par être à leur écoute et de les mettre en garde du danger que représente le monde environnant. Même s’il y a tabou, la sexualité́ reste très présente. Toutefois, il faut prendre en compte le contexte culturel également, car la sexualité́ est considéré comme un tabou dans beaucoup de cultures. De ce fait, l’adolescent peut se sentir démuni face à ce qui lui arrive. De plus, il n’y a pas assez de sécurité́ sur internet au sujet de la pornographie. Malgré la mise en place d’un contrôle parental, l’accès à ce genre de site reste toujours possible. L’État, ne devrait-il pas revoir la légalisation de ce genre de site ou du moins l’accès en le rendant plus difficile ? Il faut penser aux jeunes mineurs, mais en même temps, il faut respecter les droits et la liberté́ des adultes. Néanmoins, d’un point de vue éthique et moral, la question se pose.

De plus, entre les adolescents et les enfants, il y a une différence, même s’ils sont tous jeunes, leur rapport au monde et leur développement diffèrent. En effet, les jeunes sont sous la responsabilité́ de leurs parents jusqu’à leur majorité́ cela implique qu’ils sont inaptes à prendre des décisions seuls et à les assumer. Peut-on ainsi les considérer responsables des choix qu’ils prennent en sachant qu’ils ne sont que sous l’influence et subissent l’effet de l’hypermédiatisation des conduites sexuelles ? Que pouvons-nous faire pour les faire prendre conscience de tout cela sans que ça ne vienne les perturber ?

QUELLES SONT LES ACTIONS À MENER POUR LUTTER CONTRE L’HYPERSEXUALISATION ?

Les conséquences de l’hypersexualisation sur le comportement et la vie affective des jeunes, doivent inciter notre société à aboutir à des solutions pour mieux lutter contre ce phénomène. Dans un article sur l’hypersexualisation des jeunes filles : un phénomène social, toujours préoccupant du site CDÉACF | CDÉACF, il est proposé́ des outils qui peuvent servir à la sensibilisation auprès de la société et surtout des jeunes sur l'impact de l’hypersexualisation. Il existe nommée YWCA, Y des Femmes une fondation canadienne créée en 1995 qui a pour mission de bâtir un avenir meilleur pour les femmes, les filles et leurs familles. Et un autre outil didactique développé par plusieurs organismes et chercheurs : le projet Outiller les jeunes face à l’hypersexualisation Osez...être soi-même. Il est aussi proposé d’utiliser des vidéos en ligne et des médias sociaux étant donné qu’ils s’agissent des principaux outils de communication des jeunes cela est donc un moyen décent pour les rejoindre. Ces vidéos peuvent servir à la sensibilisation et attirer davantage l’attention de la société sur les conséquences du phénomène auprès des jeunes filles et des femmes. Exemple de vidéos :

• Sexy inc. Nos enfants sous influence - Bissonette. S, ONF (office national du film du Canada)

• Publicité contre l'hypersexualisation-2007 (vidéo sur youtube)

« Discuter avec notre entourage de la question de l’hypersexualisation, les sensibiliser aux messages communiqués dans les vidéos, la musique, les magazines, la publicité, les télé-réalités, les concours des plus belles filles, etc. Éviter les produits sexistes ou faire la promotion de l’hypersexualisation. Éviter aussi les produits publicisés par ce type de moyen.»; Développer un esprit critique face aux messages et publicités diffusées par les médias : « il faut aider femmes et hommes, jeunes et moins jeunes à développer un esprit critique face aux messages transmis afin de leur permettre de résister et de saisir l’impact de ces représentations réductrices sur leurs propres imaginaires et comportements. À défaut d’une loi et au-delà des indispensables actions concertées et collectives, la résistance au quotidien de chacun et de chacune est plus que nécessaire. ».

Au Canada, le Conseil du statut de la femme recommande au gouvernement canadien « d’intensifier la lutte aux stéréotypes sexuels et sexistes. Les mesures du plan d’action et de la politique de l’égalité entre les femmes et les hommes visant la promotion de modèles et de comportements égalitaires au regard de la sexualité et des rapports sexuels doivent être renforcées. Le Conseil recommande à la ministre de la Condition féminine d’organiser des rencontres annuelles pour sensibiliser le milieu de la publicité au Québec aux effets des stéréotypes sexuels.». Ces recommandations sont faites par les politiques canadiennes, cela donne à réfléchir sur nos plans d’action en France au sujet des mêmes questions qui se posent. Lorsque l’on effectue la comparaison entre les deux pays, on peut se demander ce qu’il en est des français. Il est vrai que le phénomène de l’hypersexualisation n’est pas très connu, la lutte contre les stéréotypes de genre est plus abordée dans notre société, mais peut-être pas assez. En effet, si nous allons à la source des causes de ce phénomène, nous tombons sur des stéréotypes à caractère sexuel et sexiste. C’est parce que la société a créé une image de ce que doit être la femme et ce que doit être l’homme, que le problème persiste à cause de ces modèles idéali- sés qui par leur hypermédiatisation impose un pouvoir d’influence assez fort. Si nous n’avons pas un esprit critique face à cela, il est facile de se laisser influencer par tout ce que nous disent et montrent les médias. Par conséquent, il est véritablement nécessaire de développer l’esprit critique des jeunes en classe et de les faire prendre conscience des enjeux civiques de l’usage de l’informatique et de l’Internet et les apprendre à adopter une attitude critique face aux résultats obtenus. Dans le programme des cycles, au cycle 3 pour l’enseignement moral et civique, il y a une thématique sur le jugement nommée penser par soi-même et avec les autres. L’un des objectifs de la formation est de développer les aptitudes à la réflexion critique : en recherchant les critères de validité des jugements moraux ; en confrontant ses jugements à ceux d’autrui dans une discussion ou un débat argumenté. Plusieurs sous-thèmes sont proposés dont l’éducation aux médias, les préjugés et les stéréotypes.

Je terminerai en disant que l'Etat pourrait intensifier la sensibilisation du milieu de la publicité aux effets des stéréotypes sexuels. Il s’agit d’un sujet préoccupant pour l’avenir de nos jeunes enfants. Le cinéma ou la télé-réalité, n'aident pas non plus à combattre les stéréotypes, car ils sont véhiculés à travers eux. Même s'il y a quelques réalisateurs avertis Dieu merci, qui luttent contre les stéréotypes ou du moins essayent de ne pas en transmettre. La majorité des films, séries et émissions que nous regardons sont remplis de ces stéréotypes et cela me consterne. Nous essayons d'avancer, mais en vérité, nous faisons du surplace. J'en ai plus que marre de voir que nous régressons alors que nous devrions avancer tous ensemble vers une direction commune dans le but de faire bouger les choses, afin de pouvoir vivre dans un monde plus juste. Nous en avons la capacité, il reste uniquement la volonté qui nous fait défaut, car hélas, il y a toujours des égoïstes qui souhaitent uniquement se faire de l'argent et qui continuent de nous faire reculer. Leurs coeurs avides et cupides, auront-ils raison de nous ? Allons-nous laisser leurs coeurs corrompus, nous détruire ?!

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Grace Vumi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0