Chapitre 9

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Alyson désespérait d’avoir des nouvelles du détective. Depuis leur dernière entrevue, trois semaines auparavant. Elle finissait même par croire qu’il l’avait oubliée. Depuis le début de la semaine elle hésitait à le relancer, allant même jusqu’à dresser une liste des « pour » et des « contre ». Le résultat obtenu s’avéra non concluant en raison d’une égalité entre les deux catégories. Elle tenta même de récolter l’opinion de son chat qui se contenta de la regarder comme si elle était soudain devenue cinglée. Peut-être qu’elle aurait dû le laisser avec Guillaume si c’était pour se montrer aussi peu compatissant. Ils se seraient bien entendu aussi peu fiable l’un que l’autre. Dès qu’arrivait l’heure du repas, Aedecus oubliait qui était sa maitresse pour se vendre au plus offrant, c’est-à-dire à celui ou celle qui se montrerait le plus généreux astronomiquement.

Était-elle trop impatiente ou avait-elle raison de se rappeler à son bon souvenir ? C’était là tout le problème. Des semaines qu’elle trépignait de savoir où le mènerait son enquête. Elle comprenait que son travail prenait du temps surtout si elle voulait un maximum d’informations, mais rester à attendre, impuissante, la rendait folle.

Après en avoir discuté le matin même avec Élodie, elle craqua et composa le numéro d’Hadrien Toll.

— Alyson, quel plaisir d’entendre votre voix !

Se montrait-il aussi affable avec toutes ses clientes ou uniquement avec elle ? Cherchait-il à l’amadouer ?

— Je m’excuse de vous déranger, mais je souhaitais savoir si vous progressiez.

Elle avait débité sa phrase à toute allure pour éviter qu’il ne coupe court à la conversation pour éviter qu’elle ne le détourne de ses affaires trop longtemps.

— Aucun problème. Je n’ai rien de concret pour l’instant, mais votre fiancé doit se rendre en Écosse à la fin de la semaine. J’ai bon espoir de parvenir à lui filer le train afin d’en apprendre davantage sur cette mystérieuse Éva.

— Il s’agit peut-être d’un déplacement professionnel, il est fréquent que son employeur l’y envoie.

Sans réelle raison, elle ne prit pas le soin de le corriger sur sa situation avec Guillaume.

— Tout à fait, mais en l’occurrence, il ne doit officiellement s’y rendre que trois jours plus tard.

La curiosité d’Alyson était piquée au vif et l’idée folle de s’incruster dans le voyage la gagna. En y réfléchissant, changer d’air lui ferait le plus grand bien. Mais réussirait-elle à convaincre le détective d’accepter sa compagnie ou sinon d’obtenir suffisamment d’informations pour marcher sur leur trace ? Rien n’était moins certain.

— Intéressant.

— Je trouve aussi.

Il lui fallait trouver la manière de tâter le terrain.

Le silence s’installa. Hadrien sentait que la jeune femme voulait lui demander quelque chose, ce qui l’intriguait. Jusqu’à présent, elle se tenait à distance de son enquête, se contentant d’attendre ses conclusions. À quel motif pouvait-il attribuer ce changement d’attitude ? De plus, il n’avait pas manqué de noter qu’elle ne l’avait pas contredit lorsqu’il avait parlé de l’homme en le qualifiant de « fiancé ». L’enquêteur aurait pourtant juré qu’Alyson était le genre de femme à ne pas pardonner le moindre écart. L’aurait-il mal jugée ? Il en doutait. Et pourtant, cela semblait être bel et bien le cas. Ce n’était pas une première. Il lui arrivait de temps à autre de se tromper, mais en l’occurrence il était plutôt sûr de lui. Un mystère de plus à élucider si l’occasion lui en était donnée.

— Souhaitiez-vous une autre information ?

C’était le moment où jamais pour Alyson de lui exposer son projet. S’armant de courage, elle se lança.

— Plus ou moins. Il se trouve que je projetais justement de prendre quelques jours de congés. À force d’entendre Guillaume évoquer ses séjours dans ce pays, l’envie de le découvrir par moi-même me titille de plus en plus. Aussi je me disais que ce serait l’occasion idéale pour le faire.

Voilà, elle avait amorcé l’idée, il ne restait plus qu’à voir s’il mordrait à l’hameçon ou non.

D’ordinaire, la perspective d’avoir son client dans les pattes l’aurait fait fuir à toute vitesse. Cependant pour une obscure raison, la tentation d’accepter était grande d’autant qu’il ne doutait pas que la compagnie de la jeune femme s’avérait agréable. Mais elle risquait également de représenter une entrave à son investigation. Est-ce qu’il pouvait se le permettre ?

— Il se pourrait que j’aie besoin d’un coup de main sous condition.

Bien qu’il ne puisse la voir, Hadrien imagina aisément le soulagement de son interlocutrice. Ce voyage promettait de se révéler très instructif à bien des points de vue pourvus qu’elle sache se tenir.

Alyson estimait sa requête logique. En fait, sous l’effet de l’adrénaline, elle accepterait presque n’importe quelle contrepartie.

— Je vous écoute.

— Vous devrez faire exactement ce que je vous dis quand je vous le dirais.

La perspective n’enchantait guère la jeune femme. Cependant, elle reconnaissait qu’il s’agissait d’un petit prix à payer pour la vérité. Et puis si ses demandes se révélaient trop exagérées ou non pertinentes, elle trouverait un moyen de se dédire de sa promesse.

— Marché conclut.

— Je vous attendrai dans la gare à six heures cinquante précises, ne soyez pas en retard.

Alyson n’était pas certaine d’apprécier cette facette un rien autoritaire du détective. Encore un élément dont elle devrait s’accommoder. Son enthousiasme initial retombait. Ne commettait-elle pas une erreur ? Elle espérait qu’Élodie accepterait de s’occuper d’Aedecus malgré son antipathie manifeste pour l’animal. Il faut dire que le félin n’avait pas fait bonne impression lors de leur première rencontre. Son amie n’avait pas été emballée par le cadeau qu’il lui avait offert, à savoir des poils vomis sur ses escarpins flambant neuf. Depuis, c’était à peine s’ils toléraient la présence l’un de l’autre.

De retour dans son appartement étriqué, Alyson réfléchissait à ce qu’elle devrait emporter pour son séjour en écosse. De quoi avait-on besoin pour effectuer une filature ? Parce que c’était ce qu’ils s’apprêtaient à faire, du moins le supposait-elle. Dans son empressement, elle n’avait pas pensé à lui demander plus de précision sur le programme. Si elle songeait à changer de carrière un jour, elle pouvait éliminer détective privé de sa liste !

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