Le Contrat tennis

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Bertrand raconte :

Pour me remercier d’avoir participé pleinement à sa soirée échangiste, mon nouveau patron me confia le contrat des photos de stars féminines du tennis mondial. Il s’agissait du calendrier d’un magazine sportif universellement connu.

Je ne savais pas comment mon employeur avait réussi à obtenir un tel contrat, mais comme il me payait royalement, ce n’était pas mon problème. Il m’avait fait signer un accord de confidentialité d’une quinzaine de pages dans lequel je m’engageais à ne jamais divulguer, entre autres sujets, les noms des personnes que je photographiais.

Comme vous le savez sans doute, douze mois dans l’année représentent un maximum, et mes championnes étaient en tout quatorze à devoir passer devant mon objectif. En la dévoilant au public, la liste aurait blessé celles qui n’avaient pas été retenues pour figurer dans le calendrier.

Je fus donc présenté à un groupe de femmes composant le gratin du tennis mondial, à qui j’expliquai avec mon anglais approximatif comment allaient se dérouler les séances de pose.

J’étais installé dans un luxueux hôtel à Paris, situé près de la gare, et tous mes frais étaient payés par mon patron.

Le style des photos devait être glamour, et mes modèles le moins couverts possible.

Toutes ces femmes, une fois maquillées et poudrées, étaient magnifiques, et il convenait de les rendre super sexy, sans qu’elles deviennent inconvenantes.

Il faut se rappeler que le lecteur type de cette revue est un homme jeune qui doit avoir envie d’afficher ce calendrier dans sa chambre pendant un an.

La gestion des photos fut difficile, car ces jolies femmes qui s’affrontaient toute l’année sur les courts ne s’appréciaient pas toujours, et cela se ressentait dans leur comportement. Pour elles, c’était leur classement dans le palmarès mondial qui primait sur les critères d’esthétique que je tentais d’imposer.

Heureusement qu’Amandine avait été autorisée à m’accompagner. Non seulement elle maîtrisait la langue anglaise qu’elle parlait couramment, mais elle stoppait tous les débuts de conflits entre les femmes. Et elle était beaucoup mieux acceptée que moi dans les étapes de déshabillage, rhabillage, dans le choix d’un costume ou d’une pose.

J’avais à ma disposition de nombreux décors représentant chacun un mois bien identifié, et je devais photographier chaque personne, en fonction de sa tenue, devant le fond correspondant.

Transformer ces lutteuses, que l’on avait l’habitude de voir suantes sur un cours, levant un poing serré après un point gagné, en poupée Barbie, tel était le challenge que l’on m’avait donné.

Ma photo préférée fut celle de cette joueuse, qui représentant le mois de juillet, était habillée devant un décor de plage, d’un simple foulard.

Je ne pus résister à l’envie de conserver ce cliché.

Cette miss juillet était superbe, et ce foulard suggérait plus qu’il ne cachait. Alors que les sportives venaient parfois vers moi pour examiner les dernières photos que j’avais prises d’elles, je décidais d’aller lui montrer celle qui la mettait en valeur.

Elle n’avait pas que son… qui me plaisait, il y avait aussi le grand sourire qu’elle abordait, et le petit oh de surprise qu’elle émit en se voyant. Nous étions seuls dans la salle. Après quelques secondes d’hésitation, elle se dirigea vers moi, et me demanda si elle pouvait obtenir une copie de sa photo.

Elle avait placé son foulard sur son épaule, et bien sûr, il ne dissimulait maintenant plus rien. Je pris mon appareil photo et je la mitraillai tandis qu’elle avançait. Je retournai le dos de l’appareil vers elle, et lui montrai le résultat obtenu. Elle voulait les deux. Alors que je lui donnais mon accord, elle m’embrassa sur la joue, tout, tout près de ma lèvre.

Je lui demandai si elle résidait encore dans l’hôtel ce soir. Pour toute réponse, elle m’indiqua le numéro de sa chambre. Alors qu’elle retournait vers la cabine d’essayage, le foulard toujours sur l’épaule, je repris mon mitraillage. Avant d’en franchir le rideau, elle se retourna en riant, m’envoya un baiser avec la main, et me fit le signe trois avec ses doigts.

J’allais donc lui donner ce soir une clef USB avec ses trois photos.

Je prévins Amandine que j’étais sur un bon coup, et qu’il ne fallait pas compter sur moi pour cette nuit. Elle fut déçue, car elle avait toujours rêvé de faire l’amour dans un palace. Je lui fis remarquer qu’avec la robe qu’elle portait, et avec ce qu’elle contenait, il serait étonnant que Cendrillon ne trouvât pas chaussure à son pied avant minuit. Elle me dit que je dénaturai le conte, mais qu’elle ne perdait jamais espoir.

Je m’étais installé à une table du restaurant, et avais commandé le menu. En d’autres temps, j’aurais profité au maximum de la note de frais qui m’était allouée.

En me retournant, je vis que miss juillet terminait son repas à une table proche. Elle dînait avec deux personnes qui semblaient être ses parents, la supposée mère ayant un grand air de ressemblance avec elle. Je me demandai si toute la famille dormait dans la même chambre, et cela m’inquiéta, car si c’était le cas, je resterais seul pour passer la nuit. La petite était peut-être une allumeuse qui enverrait son papa m’ouvrir la porte afin de récupérer la livraison. Quel gâchis.

Je me dépêchai d’engloutir mon repas pour rattraper mon retard. Quand je les vis quitter la table et se diriger vers les ascenseurs situés dans le couloir, je me précipitai dans l’escalier pour monter quatre à quatre les marches. Sa chambre se trouvait au troisième étage.

J’ouvris légèrement la porte-pare-feu pour pouvoir observer le couloir en enfilade sans me faire remarquer. Miss juillet et ses parents discutaient devant la porte de sa chambre. Enfin, elle se décida à sortir sa clef de son sac, et ses parents firent de même avec la leur. Ouf.

Il me fallait maintenant patienter pour la laisser s’installer. Pour tuer le temps, je retournai dans ma chambre pour prendre une douche et me pomponner.

Top, c’était l’heure. Je frappais à la porte de la chambre 351, et j’entendis « entrez, la porte n’est pas fermée ».

Une fois à l’intérieur, je fus ravi de voir miss juillet allongée sur le lit, les mains derrière la tête. Elle était vêtue, si on peut dire, du seul foulard qu’elle avait porté dans la journée, et conservé par-devers elle. Et elle l’exhibait d’une manière encore plus sexy, me faisant regretter de ne pas avoir apporté mon appareil photo.

Je déposais ma cravate et mon costume sur un fauteuil, et entrepris d’ôter le reste de mes vêtements. Je m’étais toujours senti un peu mal à l’aise dans ces situations de strip-teases devant une nana. J’avais peur de trébucher en enlevant mon pantalon, ou d’exhiber un trou dans une chaussette, et donc de me ridiculiser.

L’opération s’étant déroulée sans incident, il ne me restait plus qu’à utiliser tous les outils de mon répertoire d’amant parfait.

C’était la femme la plus grande que j’ai côtoyée dans un lit. Mais une taille tout à fait habituelle pour une joueuse de tennis de très haut niveau.

J’avais baissé la luminosité de la pièce, et nous baignions dans une semi-pénombre. Elle avait maintenant les yeux fermés, et son visage esquissait un léger sourire.

J’avais déjà connu ce type de femmes, qui s’isolaient du monde extérieur, pour se concentrer sur leurs seules sensations. Elles n’éprouvaient pas le besoin de participer, du moins au début.

Je ne devais surtout rien brusquer.

Je m’allongeai à ses côtés, et commençai une séance de petits bisous. Puis je me fis plus pressant, observant ses moindres réactions pour déterminer ce qui répondait le mieux à mes caresses.

Très rapidement, j’eus le sentiment que quelque chose clochait. Elle paraissait de moins en moins réceptive.

Son corps ne semblait pas du tout répondre à mes sollicitations.

J’étais dans le dur, car il me semblait que la belle était absente. À entendre sa respiration, j’avais presque l’impression qu’elle dormait.

Ses yeux étaient toujours fermés, mais son sourire avait disparu. Je m’allongeais sur elle, posais mon front contre le sien et lui fis un petit bisou sur les lèvres. Elle ouvrit les yeux et me dit « vas-y, vas-y, ne m’attends pas ».

Je n’avais jamais pu résister à ce type de proposition, aussi je lâchai les chevaux que je tenais en réserve.

Elle s’assit sur le lit, l’air contrarié :

— Ne le prends pas pour toi, ce n’est pas de ta faute, mais lorsque je jouis, on m’entend dans toute la maison. Et quand j’ai pensé que mes parents occupaient la chambre à côté, cela m’a bloquée. Ils croient toujours que je suis une jeune fille vierge qui ne vit que pour le tennis.

Et elle poursuivit :

— Maintenant, il faut que tu partes. Je n’ai pas envie que mon père te découvre ici demain matin.

J’étais très surpris, mais je m’exécutai, et refis mon strip-tease à l’envers. Puis je regagnai ma chambre y pour terminer la nuit.

Le matin, j’avais rendez-vous au bar de l’hôtel avec Amandine pour prendre notre petit déjeuner. Ensuite, direction le TGV. Nous nous y sommes rendus à pied, la gare étant à deux pas.

Je lui racontais mon aventure. Elle, de son côté s’était couchée seule, et tôt. Elle me lança :

— Tu aurais pu me rejoindre dans ma chambre, cela m’aurait fait plaisir.

— Tu sais, j’étais fatigué, j’ai beaucoup donné.

— Peuchère, dans ton roman, tu te compares aux revolvers à six coups, qui dans les vieux films de cow-boys et d’indiens, peuvent en tirer des dizaines sans recharger. Ici, un coup, et tu te couches. Tu fais pitié.

— C’est un roman, Amandine. Et puis, ne te fous pas de moi.

Pendant le trajet du retour, je n’ai pas ouvert la bouche. J’ai fait semblant de dormir. Ce que je craignais se produisait avec elle. La promiscuité que nous avions depuis quelque temps se transformait en une relation de couple. Je me sentais obligé de rendre des comptes. J’allais y mettre le holà.

En chemin, je me rendis compte que j’avais oublié de remettre la fameuse clef USB à Miss juillet.

Le Contrat mode

L’employeur d’Amandine la relança pour reproduire la soirée échangiste comme celle de la dernière fois. Elle refusa, arguant que je n’étais plus d’accord. Je téléphonais moi-même à sa conjointe pour lui expliquer que cette soirée avait troublé les rapports qu’Amandine et moi entretenions, et que je préférais m’abstenir.

Toute cette affaire se termina par la non-signature du contrat mode qui m’avait été promis.

Quelques jours plus tard, il congédia Amandine. Comme je lui téléphonai pour lui exprimer mon indignation, il m’expliqua que ce n’était pas son travail qui était en cause, ni son refus de participer aux activités échangistes, mais parce qu’il avait été menacé par des gens dangereux.

Il n’avait pas envie de voir sa villa partir en fumée.

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