Guillaume

4 minutes de lecture

Amandine raconte :

Bertrand m’avait demandé de me louer une chambre dans le quartier, car il ne supportait plus notre proximité quotidienne. Je le privais d’air, me disait-il. Il ne souhaitait pas que l’on se sépare, mais que l’on prenne de la distance. Je cherchai donc une colocation, et j’en avais trouvé une rapidement.

Mon colocataire était un jeune avocat stagiaire, aussi beau que sympathique.

Un barbu de taille moyenne, aux cheveux bruns.

Nous avions fait l’amour le soir même. J’avais pensé qu’en cédant trop vite à ses avances, il risquait de me prendre pour une fille facile qu’il abandonnerait dès qu’il m’aurait trouvé une remplaçante, mais j’en avais trop envie. Et puis, s’il me trompait, je lui mènerais la vie dure, car il ne pouvait pas me virer, étant sa colocataire.

Il m’emmenait dans des restaurants chics, et nous sommes sortis plusieurs fois en boîte de nuit. Il était toujours attentionné et prévenant à mon égard, et je n’avais jamais vécu cela. Il semblait connu de partout, là où nous passions.

J’avais fouillé ses affaires pendant qu’il travaillait, et j’avais constaté que son salaire n’était pas très élevé. J’aurais cru qu’un avocat gagnait plus que cela. Le point positif, c’est que l’employeur était son papa, et que le cabinet portait son nom. Ses armoires étaient toutes fermées à clef, aussi je n’ai pas pu fouiller plus avant.

Je me suis surprise à rêver d’un beau mariage avec lui.

Les premières heures qui ont suivi notre rencontre furent laborieuses. Après m’avoir fait visiter les moindres recoins de l’appartement, je sentis bien qu’il souhaitait donner un caractère plus personnel à notre conversation. Mais tout ce qu’il avait trouvé avait consisté à me proposer que l’on se tutoie, ce que j’avais bien évidemment accepté.

Il tournait autour du pot, et il finit par s’entortiller dans une phrase dans laquelle il énonça qu’il était très content d’avoir une colocataire blonde. Ce à quoi je lui rétorquai que je n’étais pas blonde de partout.

Je crois que c’est cette réponse qui participa le plus au dégel de notre relation. Car, à partir de ce moment-là, Guillaume prit les choses en mains, si je puis dire.

Sur le plan des pratiques amoureuses, Guillaume et Bertrand étaient aux antipodes l’un de l’autre. Guillaume était gentil et prévenant, Bertrand, indifférent et absent dès qu’il avait fait l’amour, ce qu’ils ne pratiquaient d’ailleurs pas tous les deux de la même façon.

Bertrand était du type chien renifleur. Il explorait tous les coins et recoins de ma personne avant de se concentrer sur un point de mon corps, et de me besogner presque uniquement avec la langue. S’il avait été Napoléon, il m’aurait demandé, comme à Joséphine, « Ne te lave pas, j’accours ». Et, s’il avait été manchot, je n’aurais pas vu la différence. Et puis, il n’aimait pas que je lui parle pendant l’amour. Un jour, je lui ai dit « Quand je suis avec toi, je fais le vide dans mon esprit, et je savoure », et il m’a répondu : « Avoir le cerveau vide, c’est un état naturel chez les blondes, tais-toi ».

Guillaume, au contraire, était un manuel, et sa méthode consistait au début, à caresser de partout, avant de se focaliser sur les zones sensibles. La première fois, alors que j’étais allongée sur le lit, et que je sentais ses mains se balader sur tout mon corps, je me suis dit « qu’est-ce que je vais m’emmerder avec lui », mais je me trompais. Il était méticuleux, précis, il semblait savoir d’instinct ce qu’il devait faire, et il ne cessait pas de me dire tout ce qui lui plaisait chez moi, c’est à dire, tout.

Une semaine plus tard, mon téléphone sonna :

— Oui.

— Amandine, c’est Bertrand, comment vas-tu, es tu bien installée ?

— Très bien, j’ai une grande chambre, l’appartement est grand et bien meublé, et je m’entends bien avec mon coloc.

Il sembla tomber des nues.

— Ton ?

— Oui, il est avocat. Un mec super sympa.

— Je souhaitais t’inviter au resto, et après, on pourrait terminer la soirée chez moi, en amoureux.

— Ça ne sera pas possible, car ce soir, Guillaume m’a déjà invité au restaurant, et ensuite, nous irons danser. Je crains fort que la fin de soirée se finisse dans son lit.

Maintenant, il semblait catastrophé.

— Amandine, tu ne peux pas me faire ça, je tiens à toi.

— Ce n’est pas l’impression que tu m’as donnée en me demandant de déguerpir de chez toi.

— Amandine, c’était la fatigue, il faut oublier.

— Je t’ai oublié, je suis passé à autre chose. Tu es un amant super, et lui aussi. Avocat, il pourra me défendre, et peut-être dissuader Rolando de continuer à me poursuivre. Ne m’en veut pas, c’est avec lui que je souhaiterais me marier. C’est la chance de ma vie. C’est pas avec un mec comme toi qui vit au jour le jour avec les femmes, et qui m’a viré de chez lui par crainte de Rolando.

— Je n’ai pas du tout peur de Rolando. Mais, tu ne crois pas que quand il verra ta famille, et son origine, c’est pas lui qui va prendre peur ?

— Je lui ai dit que j’étais fâchée à mort avec toute ma famille, et que je ne voulais jamais plus en parler et en entendre parler. Ma mère a fait passer le message, et aucun de mes frères et sœurs ne me contactera.

— Tu sais que j’ai vraiment un sentiment pour toi ? Je t’ai dans la peau.

— Ton sentiment m’a toujours apparu comme étant attaché à une partie seulement de mon anatomie. Bon je raccroche, Guillaume entre. Bisous, Bye.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Harimax ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0