La boîte de nuit

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Bertrand raconte :

J’appelai Amandine qui, je le supposai, vivait avec Guillaume.

— Amandine ?

— Oui, bonjour Bertrand.

— Bonjour, je ne sais pas quel est ton niveau de relation avec ton nouvel ami, mais si c’était possible, j’aurais été heureux de t’inviter à danser ce soir.

— Ça ne sera pas possible, mais si tu veux te joindre à nous, nous sortons ce soir. Il y aura mes deux sœurs et leurs petits amis. Je te présenterai à Guillaume, il est charmant.

En voix de fond, j’entendis celle d’un homme : qui est-ce ? Passe-le-moi.

— Bonjour, Guillaume à l’appareil, l’ami d’Amandine. J’ai entendu qu’Amandine vous a invité à vous joindre à nous ?

— Oui, Bertrand, un ami d’Amandine. Je tiens à préciser que je ne comptais pas venir seul. Et si cela vous contrarie, on annule.

— Non, non, vous pouvez venir, on fera connaissance.

J’avais réussi à m’en tirer grâce à une pirouette, mais maintenant, je devais trouver une femme disponible. Il était inenvisageable que j’appelle une des nombreuses que j’avais quittées. Il ne me restait plus qu’à tenter ma chance avec Léa en priant pour qu’elle soit disponible.

Elle l’était, et elle accepta mon invitation à condition qu’on termine la nuit chez moi, et que je la laisse conduire. Comprenez : dans mon lit, je devais lui laisser l’initiative des opérations. Comme je n’avais pas le choix ni le temps de négocier les détails de notre future partie de jambes en l’air, j’acceptai tout. Je lui demandais seulement de revêtir la robe qu’elle portait lors du mariage de sa sœur.

Nous sommes arrivés les derniers dans la petite boîte de nuit que Guillaume et Amandine avaient choisie. Nous étions dix, car un couple ami de Guillaume nous avait rejoints au dernier moment.

Le serveur avait rapproché deux tables pour que nous ne soyons pas séparés.

Amandine portait une robe verte toute simple qui la rendait encore plus belle. Elle dansait avec Guillaume, et je trouvais qu’il la serrait de trop près. Enfin, il ne l’embrassait pas devant moi, c’était déjà ça. De mon côté, je collai au corps de Léa. J’aurais voulu rendre Amandine jalouse, mais elle ne me regardait pas. Il ne me restait plus qu’à poser ma tête contre celle de Léa et qu’à plonger mon regard dans son décolleté profond.

Ses seins étaient superbes, j’avais déjà joué avec. Lors du mariage de sa sœur, nous avions longuement dansé, et la vue continuelle de ces deux boules qui se déplaçaient en cœur m’avait charmé. Pour ce soir, ils représentaient mon prix de consolation.

Léa n’était pas dupe. Elle se doutait de mon désarroi qu’elle comprenait.

Après le dernier slow de la série, alors que les couples se séparaient pour rejoindre la table, Amandine en profita pour faire les présentations.

Roro était très pointilleux dans ses relations. En clair, on n’approche pas d’Olivia. Il était corse, et il avait passé plus de temps dans les boîtes de nuit, à se battre qu’à danser. Amandine m’avait prévenu, et comme Olivia ne m’intéressait pas, je n’insistai pas.

J’essayais de sympathiser avec Harris, mais outre mon anglais insuffisant pour soutenir une conversation, je sentis que Maguy s’y opposait. Et je l’entendis distinctement s’adresser à Amandine : « Qu’est-ce qui t’as pris d’inviter ce mec tordu. Il n’est pas pour toi. Oublie-le. Tu sais ce que je pense de ses manières. Et puis, Guillaume est un beau parti pour toi. Tu m’as dit que ses parents vont à la messe ».

Maguy était une fervente catholique, et elle était la seule dans sa famille. Personne ne savait comment cette dévotion avait pu survenir, ses deux parents étant athées. Harris d’obédience anglicane ne s’en formalisait pas. Donc, tout était pour le mieux.

Comme elles avaient l’air trop sérieuses, Guillaume s’inquiéta et s’approcha des deux femmes qui durent se séparer.

Puis, Guillaume me prit par le bras et m’éloigna de la table. Il voulait connaître mes rapports exacts avec Amandine, et je ne savais pas ce qu’elle avait pu lui raconter :

— J’ai rencontré votre amie alors qu’elle travaillait pour une entreprise du secteur de la mode. J’avais été embauché comme photographe. Nous avons sympathisé.

Il semblait pressé de se débarrasser de cette conversation :

— Le détail de vos relations passées m’importe peu. Je sais bien que je n’ai pas rencontré une vierge. Par contre vos intentions à son égard m’intéressent.

— Alors là, je peux vous rassurer. Entre nous, tout est terminé. Je suis en couple avec Léa, la femme qui m’accompagne.

— Bon, retournons nous asseoir. J’avais invité ce soir les sœurs d’Amandine pour faire connaissance. Vous êtes aussi mes invités.

Je retournai plus tard sur la piste. Amandine et Guillaume dansaient à nouveau. Amandine souriait, et quand elle me faisait face, elle me regardait par-dessus l’épaule de son ami.

Léa me connaissait suffisamment pour savoir que, si je n’émettais aucun signal physique alors que nous étions étroitement enlacés, c’est que j’étais profondément perturbé.

Elle me demanda si nous ne pouvions pas partir, parce qu’elle se sentait fatiguée.

— Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

— Non, chez toi, et c’est moi qui conduis, parce que tu as beaucoup trop bu.

J’avais effectivement consommé plusieurs verres de whisky, sans rien manger durant la soirée.

Nous prîmes congé de nos hôtes. La bise à Amandine se fit sous le regard suspicieux de Guillaume.

Durant le retour, Léa ne put pas se contenir de me faire une remarque :

— Tu es très bizarre, tu ne te conduis pas comme un mec amoureux. Plutôt comme un mec jaloux. Guillaume, t’as piqué ta nana, et c’est ce qui te chagrine. Tu n’as pas l’habitude de te voir dépossédé. Normalement, c’est toi qui fais le ménage dans ton entourage.

— Non, non, j’y tiens, je t’assure.

— Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? Tu lui as dit, au moins, que tu l’aimais ?

— Non.

— Alors qu’est-ce que tu attends pour le faire ?

— Je vais voir.

— En fait, tu vas attendre ?

— Oui. Enfin, pas tout à fait.

— Bon. On est arrivés, maintenant je vais tenter de te faire oublier ta copine.

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