Flora raconte

2 minutes de lecture

C’était il y a très longtemps, avant la naissance d’Amandine. Depuis plusieurs années, Rolando me traitait comme sa chose, et il couchait avec moi, parfois sans protection. Je travaillais pour lui sur le trottoir. Et puis Albert est arrivé, il était le chef d’une bande qui opérait sur Lyon. Il était très dangereux, et ses adjoints étaient nombreux. Ils ont chassé les équipes de Rolando et récupéré une partie de ses prostituées.

Albert s’est épris de moi, et, ce qui est très rare, m’a proposé de m’épouser.

Il savait qu’Amandine dont j'étais enceinte n’était pas sa fille, et il ne m’a pourtant jamais demandé qui était son vrai père.

Il l’a traité comme son propre enfant, et personne n’a jamais connu la vérité. Nos cinq petits ont eu une vie facile et ont fréquenté les meilleures écoles. Bien entendu, Rolando non plus n’était pas au courant. Il a éprouvé depuis son éviction une haine contre mon mari et mes enfants. Je ne l’intéressais plus, mais il s’était mis en tête de se venger en mettant mes filles sur le trottoir.

C’est lui qui a tué mon mari.

Rolando n’est pas seulement le persécuteur de mes filles et le mien, c’est aussi l’assassin de mon mari. Son meurtre ne s’est pas déroulé comme cela l’a été raconté dans les rapports de police. Mon mari n’a pas été tué par une bande rivale souhaitant s’approprier la drogue qu’il était en train de livrer. Il a été tué par Rolando et un de ses sbires. Ils ont tiré un chargeur entier sur lui avant de s’enfuir.

Je le sais, car j’étais assise à ses côtés, et je n’ai eu que le temps de détacher la ceinture et de me jeter par terre. L’obscurité m’a sauvée, car ils ne m’avaient pas vue. J’ai regagné mon domicile en prenant le train, sans billet, et je suis rentrée chez moi. Je me suis tue, car je craignais des représailles. Dans le milieu, on ne se dénonce pas.

À la mort d’Albert, il y a deux ans, il a pris la direction du petit groupe de prostituées et il m’a dit que je devais préparer mes filles à travailler pour lui. Et c’est la présence de Roro auprès d’Olivia qui l’a fait momentanément reculer.

Je suis allé le voir en prison pour le prier de cesser ses actes monstrueux, mais ça l’a fait rire.

Maintenant, il sait. Il va passer de nombreuses années en prison, pendant lesquelles il n’aura qu’une pensée en tête : il aura tué sa propre fille.

Ce n’est pas ma consolation, mais c’est ma vengeance.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Harimax ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0