Le Château

4 minutes de lecture

Bertrand raconte :

Après plusieurs heures de marche, à très petit pas, pour ne pas me blesser, je rencontrai quatre jeunes hommes qui semblèrent très surpris de me voir dans cette tenue.

Ils m’accompagnèrent dans leur campement. Trois familles tziganes occupaient trois roulottes sans roues. Ils me fournirent des vêtements, et me proposèrent même de me prêter une vieille bicyclette pour rejoindre Aix-en-Provence. Ils travaillaient au noir pour les paysans du coin.

Ils m’indiquèrent que je revenais du royaume des morts, dont on ne pouvait discerner, la nuit, que les yeux. C’est un endroit dangereux, les démons essaient de nous attraper, nous n’y allons jamais. Et, ils se signèrent religieusement.

Je leur demandai si, malgré la peur qu’inspirait cet endroit, il n’y avait pas des courageux qui s’y rendaient. Ils me confirmèrent que cela arrivait, toujours en voiture, mais ce qui les surprenait, c’est qu’ils venaient surtout la nuit.

Des amateurs de films d’horreur, certainement.

Je pris le vélo pour me rendre chez un ami habitant Aix qui eut l’amabilité de me raccompagner à Marseille.

Le plan

Aussitôt de retour chez Flora, après avoir dormi une paire d’heures, je racontai mon aventure.

Je leur expliquai que les cadavres traités avec le produit DECOMP ne se décomposaient pas totalement, les yeux et une toute petite partie du corps restaient visibles. Et je me demandais même, s’ils ne vivaient pas encore ; leurs yeux semblant me suivre lors de mes déplacements.

Toutes les prostituées de notre équipe avaient abandonné leurs passes pour venir aux nouvelles. Elles se doutaient que des événements cruciaux pour leur avenir se préparaient.

J’avais décidé de visiter la zone de jour et d’attendre les renseignements de la vieille femme pour trouver l’entrée du château. Amandine était sous la protection de Guillaume, Bruno et Harris. Elle ne pouvait m’accompagner. Natacha se proposa. Amandine tiqua, mais ne s’y opposa pas, à condition que ses deux frères viennent avec nous.

La visite diurne

J’étais parti effectuer une reconnaissance diurne de l’emplacement du fameux château. Je m’étais arrêté au campement des Tziganes. Natacha et les deux frères m’accompagnaient.

J’en profitai pour leur rendre la bicyclette qu’ils m’avaient prêtée.

Je leur racontai une partie de l’histoire comportant l’enlèvement d’Olivia, et sa probable détention dans une grotte.

Les Tziganes étaient fascinés par mon récit.

Quand j’eus terminé, ils m’indiquèrent que quelques semaines avant, la sœur de l’un d’entre eux avait disparu près du lieu qu’ils avaient baptisé le royaume des morts.

Ils avaient exploré, sans succès, la zone de jour, car la nuit, ils avaient bien trop peur.

Comme ils ne disposaient pas de papiers, ils n’avaient même pas pu déclarer sa disparition à la police.

Je leur certifiai qu’il n’y avait pas à avoir peur des yeux visibles la nuit, et que seules les créatures habitant la grotte pouvaient se révéler dangereuses.

Je leur indiquai que j’interviendrai la nuit prochaine, armé, et que je ne serais probablement pas seul.

Je constatai que Natacha qui portait un treillis militaire les impressionnait. Casquette, chemise à manches courtes nouée à la taille, petit short, chaussures de marche et lunettes de soleil. J’ai senti qu’ils regrettaient de la voir partir.

Sur ce, je les quittais.

J’attendis que le ciel soit bien sombre pour m’aventurer dans le territoire des yeux.

Rapidement, je discernai ceux à qui j’avais parlé la dernière fois, car ils se mouvaient toujours verticalement. Mes compagnons restèrent à l’écart.

Je m’en approchai, et je reconnus la vieille femme assise par terre, dont une partie du corps avait en partie disparu.

J’avais pris un cahier et un crayon, et lui demandais de me décrire le chemin menant au château.

Elle me dit : dessine.

Devant moi, la plupart des yeux s’étaient éteints, et ceux qui restaient ouverts affichaient une ligne qu’il me fallait parcourir pour parvenir à l’entrée de la grotte.

Je pris le parti de la suivre, tout en prenant des notes sur mon cahier, car j’évoluais hors des chemins.

Nous perçûmes enfin l’entrée du surnommé château.

Un trou béant dans la montagne ressemblait en effet aux entrées des anciens châteaux forts, avec un sommet arrondi.

Je ne comprenais pas pourquoi, vu sa taille, on ne pouvait distinguer cette entrée de jour.

Le château

Soudain, j’aperçus des phares d’un véhicule qui approchait. Il était encore loin. C’était le petit camion que je connaissais bien.

Il vint se garer près de l’entrée, éclairant la scène.

Caché derrière des rochers, je pouvais suivre les événements.

À leur arrivée, une herse se leva.

Le conducteur et son passager vidèrent leur chargement.

La livraison effectuée, la herse redescendit.

Voilà un obstacle inattendu. À part cela, il ne semblait pas y avoir de gardes armés à l’entrée.

Ma stratégie était simple. Prendre la place des livreurs, pour que l’on nous ouvre la herse.

J’avais besoin des Tziganes pour qu’ils m’indiquent le meilleur endroit pour les intercepter et les attaquer.

Nous avons passé le reste de la nuit à observer l’entrée de la grotte. Je voulais savoir par quel miracle, elle n’apparaissait que pendant cette période durant laquelle les yeux dissuadaient les gens de s’en approcher.

Au petit matin, cinq hommes sortirent de la grotte, et se mirent à déplacer des rochers et à les positionner devant l’entrée.

Ce travail ressemblait à un ballet bien orchestré. En quelques minutes, le bas de l’entrée fut dissimulé. Il devenait impossible maintenant de l’apercevoir si on n’en connaissait pas l’emplacement auparavant.

J’attendis que le soleil se lève. C’était, semble-t-il, la période où les habitants du lieu devaient se sentir le plus en sécurité. Peut-être dormaient-ils à ce moment-là ?

J’escaladai les rochers pour examiner l’entrée de la grotte.

La herse était baissée, et elle semblait très lourde et très solide.

Rien à faire, donc pendant la journée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Harimax ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0