Bertrand raconte :

Nous étions tous les deux d’accord, Perkins était le ventre mou de notre problème. Son association même forcée avec Rolando le mettrait sur la sellette, quelle que soit l’issue de notre action. Car, Ernesto et moi ne comptions pas rester les bras croisés. Il traitait avec son ami, et moi, je terminerai le travail.

Le lendemain, à 23H précise, Perkins répondit à l'appel d'Ernesto :

– Adams, j’écoute.

– Adams, où en es-tu de tes mâchouillages ?

– Encore deux ou trois jours maxi. Pour accélérer, je recrache dans les w.c..

– tu es prêt pour après ?

– je suis prêt.

– Ta femme est blindée ?

– Elle ne manquera de rien.

– J’ai trouvé un immeuble en cours de réfection en face de ton labo. Les ouvriers vont déjeuner entre midi et deux heures, et le bâtiment reste ouvert pendant ce temps là.

Bertrand sera présent sur un balcon du troisième étage. Il y a une vue parfaite sur une terrasse de ton immeuble.

– Le moment venu, j’y serai. J’y viens souvent pour fumer une cigarette, et personne ne me suit.

– On fera comme ça. Je te dis à demain à midi ?

– Oui, à demain.

Le lendemain, je garai mon estafette à six heures du matin près du bâtiment en rénovation. À cette heure-là, j’étais certain de trouver une place de stationnement. Je patientai jusqu’à midi avant de me rendre dans les étages. Aucune porte n’était verrouillée. J’avais enfilé une tenue de peintre toute neuve. À 12H30, Perkins se présenta sur la terrasse, et il alluma une cigarette. Il se tenait droit.

J’avais pris appui sur la rambarde du balcon. Il était au centre du croisillon de la lunette de tir. La balle l’atteignit en plein front. Le bruit atténué par le silencieux fut couvert par ceux de la circulation. J’avais tout mon temps pour partir. Le quartier n’était pas équipé de caméras de surveillance.

Il ne me restait plus qu’à enterrer le fusil pour qu’on ne le découvre jamais.