La villa du frère de Rolando

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Bertrand raconte :

Nous n’avions jamais pensé jusqu’alors que Rolando puisse avoir une famille. À tout hasard, j’avais recherché, puis retrouvé la trace d’une sœur qui se souvenait de lui, et j’essayais de lui tirer les vers du nez au sujet de la fratrie. Elle ne voulait pas se mêler de leurs affaires. Elle n’avait plus fréquenté Rolando depuis leurs adolescences, car disait-elle, il est fou depuis tout petit. Quant à Ernesto, c’était un riche homme d’affaires à la retraite qui avait réussi dans le secteur de la santé. Son dada, c’étaient les courses de chevaux, et il en possédait quelques-uns dans son écurie. Il était marié. Il n’avait certainement jamais accepté de travailler avec Rolando. Elle ne les côtoyait pas non plus, mais elle avait été invitée à tous les mariages des enfants du couple. Une gentille famille.

Comme il est de bon ton de ne pas abandonner une stratégie qui a fonctionné, je remis en état le drone utilisé pour retrouver la maison aux volets verts.

La villa d’Ernesto était située à la Pointe-Rouge, dans les quartiers sud de Marseille.

Elle était entourée de hauts murs dont les sommets étaient hérissés de bouts de verre. Un grand portail en protégeait l’accès. Le lieu semblait bien protégé, et difficile d’accès.

J’avais garé ma voiture à l’ombre, hors de vue de la villa. Le drone avait décollé, et je l’avais disposé le plus haut possible pour que personne ne l’entende. Cet appareil est un vrai plus pour les voyeurs amateurs, car il était possible de visiter toutes les piscines aux alentours. Et dans certaines propriétés, les baigneurs se croyant protégés par de hauts murs d’enceinte n’avaient pas pris la peine d’enfiler un maillot. Et je passe sur le couple qui copulait allègrement rafraîchi par les jets de son arrosage automatique.

Ernesto et sa compagne jouaient aux cartes sous un grand parasol, au bord de leur piscine. Ils picolaient bières sur bières qu’ils sortaient au fur et à mesure d’une glacière.

J’orientais mon appareil pour me placer au-dessus des écuries et de l’enclos permettant aux chevaux de se dégourdir les jambes.

Un peu plus loin, encerclé par des arbres de haute taille, je remarquais un bâtiment qui avait failli échapper à mon attention.

Bingo !

Je ramenais sur terre mon drone pour échanger sa batterie, et je secouais Amandine qui s’était assoupie.

– Regarde.

Et je lui montrais ce que la caméra avait enregistré dans la dernière minute de vol.

– Regarde, le petit mec au chapeau de cow-boy. C’est le directeur du cirque qui faisait jouer Arnold et Helmut à l’époque. Regarde, ils se promènent ensemble. Zut, fin de l’enregistrement. Je te repasse la séquence.

– Qu’est ce qu’il est lent Helmut !

– C’est un monstre, et on sait maintenant qu’il mesure à peu près 2mètres 20. Mais il doit avoir entre soixante et soixante-dix ans, et il semble un peu ankylosé.

– Tu ne m’avais pas dit qu’il était presque aveugle ?

– C’est ce qu’avait raconté le directeur du cirque, mais ici, sur la vidéo, on ne peut pas le confirmer. En tous cas, si c’est vrai, ça n’a pas pu s’améliorer.

Bertrand, l’ami de Rolando

Amandine et Bertrand surveillaient la villa.

Alors qu’il traversait la route, il fut intercepté par quatre hommes armés qui sortaient d’une estafette et qui l’ont mis en joue.

– Les mains derrière la tête.

L’un d’entre eux s’approche, le fouille, et lui prend son portefeuille et son pistolet.

– C’est Bertrand Mangin, c’est un ami de monsieur Rolando. Excusez-nous monsieur, il n’y a que la petite qui nous intéresse.

– Rends-lui son arme. Excusez-nous encore, on ne pouvait pas savoir. On ne vous connaissait pas.

Je profitai de cette surprenante rencontre pour questionner celui qui semblait être le chef :

– Rolando est ici en ce moment ?

– Non, on ne le voit plus depuis quelque temps, mais on surveille, car il y a encore des affaires à lui dans la villa. Vous voulez qu’on le prévienne que vous le cherchez ?

– Non, non. Merci, je sais où le trouver.

Les quatre individus réintégrèrent leur véhicule qui pénétra dans la villa.

Amandine qui était restée cachée derrière un arbre à quelques mètres de là était restée totalement abasourdie. Les voyous auraient pu abattre Bertrand sans courir de risques dans ce coin isolé. Et au lieu de cela, ils le laissaient repartir avec son arme et des excuses !

Ils se rejoignirent près de la voiture.

– Toi, l’ami de Rolando, dis-moi que je rêve.

– Je t’assure que je ne comprends rien à ce qui s’est passé. J’étais mort de trouille.

– Tu ne m’as pas paru très effrayé.

– Tu doutes de moi ?

– Ce qui s’est passé est éloquent.

– Amandine, si j’avais voulu te dénoncer, c’était facile.

– Oui, c’est vrai, je ne sais plus trop quoi penser.

Amandine était songeuse, mais elle n’avait d’autre choix que de faire confiance :

– Tu crois que Rolando vient ici de temps en temps ?

– Je ne sais pas, mais pour qu’il y ait quatre gardes armés, cela signifie quand même qu’il a laissé ici quelque chose d’important. Viens, on retournera demain.

De retour, Bertrand décida qu’il était beaucoup trop dangereux d’exposer Amandine dans la traque de Rolando. Elle et sa sœur devront rester sous haute protection.

Bruno et les deux frères se chargeront d’Olivia, Harris Guillaume et lui d’Amandine.

Guillaume et Sylvain m’accompagneront. Il ne s’agira pas d’attaquer frontalement les occupants, mais de découvrir ce que Rolando pouvait cacher. Et si ce dernier s’y trouvait, le tuer. L’exploration aérienne avec l’aide du drone avait permis de vérifier que l’on pouvait se déplacer dans presque toute la propriété tout en se cachant derrière des haies que le propriétaire avait plantées.

Bertrand avait vu que les hommes qui l’avaient intercepté avaient composé un code sur un clavier proche du portail. Il sortit une bombe de laque coiffante volumatrice susceptible de gonfler la chevelure. Selon la publicité, la laque se dépose sur vos cheveux en un léger voile sans laisser de dépôts. Pour sa démonstration, il dispersa la laque sur une feuille de papier, laissa sécher, puis appuya son index à différents endroits de la feuille. On percevait distinctement les traces de doigts. Il suffisait d’appliquer le produit sur le clavier, et d’attendre que quelqu’un entre dans la villa, pour connaître le code. Ingénieux.

Pas tant que ça. Sylvin me fit remarquer que mon système ne permettait pas de déterminer l'ordre dans lequel les touches devaient être frappées. Il fut abandonné.

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