Le décès de Maguy

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Amandine raconte :

Un énorme orage prévu par la météo avait éclaté dans l’après-midi. Celle-ci annonçait une alerte orange sanguin « orages et inondations » sur la région.

Des trombes d’eau dévalaient d’un ciel zébré par les éclairs. Le fracas du tonnerre était assourdissant. La lumière faiblissait par moment.

Maguy n’avait pas eu le courage d’affronter la pluie pour se réfugier chez sa mère, et elle commençait à le regretter. Son petit ami Harris n’était pas avec elle.

Toutes les fenêtres, tous les volets étaient fermés.

Maguy se souvenait de la terreur qui l’avait envahie lorsqu’elle avait entrevu une tête d’homme à la fenêtre de sa chambre. Et cette peur la pénétrait à nouveau, avec cette sensation d’enfermement qui l’oppressait.

Elle entendait le vent violent qui déplaçait des objets sur la terrasse, le déluge qui s’abattait sur les tuiles et les gouttières, et les déflagrations du tonnerre.

Soudain, un grand courant d’air traversa la maison, et une vitre se brisa dans la chambre à côté. Maguy avait l’impression que la porte d’entrée de la maison s’était ouverte, et qu’elle battait librement sur ses gonds au gré du vent.

Il lui semblait maintenant avoir entendu des voix provenant du couloir, juste derrière la porte de sa chambre. Elle n’en était pas certaine.

Elle chercha le pistolet que Bertrand lui avait confié. Elle fouilla dans la commode.

Il n’y était plus. Elle jeta fébrilement par terre tous les vêtements du tiroir. Rien.

Elle était pourtant certaine de l’avoir placé sous la pile de slips de son ami Harris.

Maguy me téléphona pour me dire qu’elle entendait des bruits dans la maison, et que le pistolet avait disparu. Elle avait fermé la porte de sa chambre à clef depuis longtemps, et laissé la clef dans la serrure.

Je lui promis de venir avec Bertrand et de rester en contact avec elle depuis mon portable.

— Amandine, j’ai peur, il y a quelqu’un derrière la porte, j’en suis sûre.

— Ne t’inquiète pas, on va arriver.

Dehors, le ciel déversait des trombes d’eau. Les éclairs éclairaient presque la route, et le tonnerre nous assourdissait.

— Maguy, je t’écoute, parle-moi.

— J’ai peur.

J’écrasais le téléphone contre mon oreille pour pouvoir entendre Maguy.

— Amandine, la lumière s’est éteinte, il fait tout noir.

— Maguy, calme-toi, on est chez toi dans cinq minutes.

Maguy se mit à hurler dans le téléphone :

— C’est lui, c’est lui.

Et puis plus rien. La liaison avait été coupée.

Nous étions à un kilomètre de sa maison, mais nous avancions lentement, les essuie-glaces peinant à refouler les trombes d’eau, et les phares n’éclairant guère qu’à quelques mètres.

Soudain, un gros 4x4 noir venant en sens inverse, que nous n’avions pas vu venir, nous percuta, et mon véhicule fit une embardée. Pas le moment de faire un constat amiable.

Arrivés devant la maison dont la porte d’entrée n’était pas verrouillée, nous entrâmes en courant en criant « Maguy, c’est nous ». Nous nous dirigeâmes à tâtons pour trouver l’escalier qui menait au premier étage. Il n’y avait pas de lumière à l’intérieur.

Personne ne répondait, seuls les roulements du tonnerre... l’orage commençait à s’éloigner.

Toujours en longeant les murs, Bertrand avait pénétré dans la chambre de Maguy. En passant la porte, il constata que le bois du pourtour avait éclaté. Elle avait été enfoncée. Dés son entrée, il s’avança vers l’endroit où devait se trouver le lit de Maguy. En s’en approchant, il chuta sur un obstacle. Il se releva avec les mains pleines de sang.

Soudain, la lumière revint. J’avais réenclenché le compteur d’électricité qui avait disjoncté.

La situation était horrible. Maguy baignait dans son sang, trois rats morts gisaient à côté d’elle.

Sa tête, détachée du corps avait été déposée sur une commode.

Bertrand se précipita pour m’empêcher de voir cette scène insoutenable. Il me cria :

— Amandine, ne rentre pas. Il ne faut pas que tu voies çà.

Et il me fit descendre au rez-de-chaussée et m’asseoir dans un fauteuil.

— Amandine, il faut que tu saches : c’est fini pour elle. Elle n’a pas eu le temps de souffrir.

Sur ce, il appela la police, Harris, et ma mère.

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