Léa rencontre Rolando

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Léa, de retour du travail avec une amie policière, constata qu’un gros quatre-quatre tractant une remorque était garé au milieu de la rue. Sa copine ne put résister à l’envie de mettre un PV au contrevenant. Léa qui était restée dans la voiture avait reconnu Rolando, le conducteur.

Rolando était sorti furieux de son véhicule pour récupérer le PV, et il s’en alla.

Le numéro d’immatriculation du quatre-quatre était faux, mais pas celui de la remorque.

Léa avait eu du nez en relevant le numéro de la plaque de cette remorque qui pouvait abriter deux chevaux. Le propriétaire n’était autre que Ernesto Garibaldo, le propre frère de Rolando.

Elle détenait une piste solide.

Le lendemain, Léa se dirigea vers la villa du frère de Rolando.

Elle sonna au portail et s’annonça dans l’interphone :

— Bonjour, je voudrais voir Rolando, je sais qu’il est ici. Mon nom ne vous dira rien. C’est personnel.

Le portail s’ouvrit pour se refermer derrière elle.

Elle patienta quelques minutes devant la piscine avant que Rolando ne la rejoigne.

Il la fit asseoir…

— Je suis venue vers vous pour parler de l’affaire qui vous oppose à la famille d’Amandine Sanchez.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

— Vous avez failli griller tout cru, attaché sur un matelas dans un bâtiment près d’Aubagne. Votre gestion des prostituées de Flora. Vos liens avec l’association sadomaso. Vous voulez des détails ?

— Qui êtes-vous ?

— Une amie de Bertrand, vous le connaissez.

— Et que voulez-vous ?

— Que vous me garantissiez que dans votre conflit avec la famille de Flora, vous ne touchiez jamais à Bertrand. S’il lui arrive quelque chose, je vous en rendrai responsable.

— C’est la meilleure de l’année, vous m’en rendriez responsable.

— Oui.

— Vous n’avez pas répondu. Qui êtes-vous ?

— Je suis officier de police.

— En civil ? Vous ne craignez pas pour votre sécurité ?

— Je ne suis pas en service, mais si vous prenez la peine de vous déplacer, vous constaterez qu’il y a une estafette de police qui m’attend devant la villa, et eux sont armés et en service.

Rolando se leva et revint s’asseoir.

— Bon, vous êtes flic, qu’est-ce que cela peut bien me faire ? En admettant que j’aie quelques désaccords avec la famille de Flora, pourquoi faudrait-il que je sois inquiété s’il arrivait quelque chose à votre Bertrand ?

— Parce que je vous rends responsable de lui, quoi qu’il lui arrive.

— Et s’il meurt dans un accident de voiture ?

— Le parquet recevra une pièce d’archive qui ne lui a pas été transmise, par erreur, dans le cadre du meurtre d’un certain Bérigo qui était à ce moment-là un de vos adjoints. Cette pièce contient la liste des empreintes qui ont été retrouvées sur l’arme qui l’a tué, et dans le véhicule qui l’a transporté. Cette affaire n’est pas prescrite.

Je vois que vous comprenez soudain.

— Bon, je m’engage à ce qu’il ne lui arrive rien. Vous êtes satisfaite ?

— Racontez-moi comment vous vous en êtes sorti dans votre accident.

— Pourquoi le ferais-je ?

— Parce qu’un homme qui a frôlé la mort et qui s’en est tiré par ses seuls moyens peut être fier de raconter ce qui suscite la surprise et l’admiration des gens normaux. Et puis, je suis curieuse. Et enfin, je suis certaine que vous aimeriez que je vous raconte comment je suis remontée ici, jusqu’à vous.

— Après tout, pourquoi pas. Mais pour comprendre, il faut que vous connaissiez toute l’histoire.

— Je la connais.

Rolando reprit sa respiration :

— Dès que la Mercedes de vos amis a commencé à nous poursuivre, j’ai senti que cela se terminerait mal. J’ai détaché ma ceinture de sécurité, et je m’apprêtais à sauter hors de l’estafette au prochain virage. Malheureusement, la voiture a tiré tout droit.

Je me suis jeté et j’ai rebondi sur des rochers avant que ma chute soit amortie par des buissons. J’avais très mal à la jambe, et je croyais qu’elle était cassée. J’avais mal de partout, et de multiples égratignures en plus. De surcroît, j’avais perdu une chaussure. Je ne pouvais pas demander du secours, car je craignais que mes agresseurs ne veuillent m’achever. Je ne savais pas qui ils étaient.

La paroi était trop raide pour que je puisse regagner la route. En définitive, j’ai mis plus de deux jours pour rejoindre ma planque.

— Vos adjoints se sont empressés de libérer Olivia. Comment ont-ils pu savoir aussi vite que vous étiez mort ?

C’était un ballon d’essai qu’elle lançait, car ses équipiers avaient été probablement renseignés par Rosaria que nous dénommions la taupe. Et, bien entendu, il ne pouvait pas en parler.

— Un homme à moi m’attendait à Gémenos. Je devais le récupérer et le conduire à Marseille. Ne me voyant pas, tous en ont déduit à un accident. En plus, les freins de l’estafette n’étaient pas dans un état fameux.

Dommage que vous et moi on ne se soit pas rencontrés quand j’avais vingt-cinq ans de moins.

— Probablement. Mais vous savez bien que de mon côté, j’ai un autre homme en tête.

— Bon, maintenant, expliquez-moi comment vous m’avez retrouvé, et qui est au courant.

— Vous n’auriez pas dû attacher une remorque disposant d’une immatriculation valide à un quatre-quatre portant une fausse plaque, quand vous choisissez de mal les stationner. Et je vous ai reconnu au volant. Seuls les services de police sont informés, mais les cas des deux engins ont été dissociés.

Rolando la raccompagna jusqu’au portail, sans se montrer aux policiers qui patientaient dans la voiture.

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