Daisy

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Bertrand raconte :

Je retournais dans ma maison que j’avais quittée précipitamment quelques jours plus tôt par crainte d’être poursuivi par la police, emportant dans mon affolement tout ce que je pouvais.

Et bien entendu, j’avais oublié de prendre ce qui m’était indispensable.

Je m’attendais à découvrir des scellés apposés sur les différentes issues, et je fus presque déçu de n’en pas trouver.

Le grand portail qui sécurisait ma propriété ne fermait plus depuis l’accident.

En visitant mon potager, je me rendis compte que celui-ci avait été pillé pendant mon absence.

Une surprise supplémentaire m’attendait quand je m’aperçus que la porte d’entrée n’était pas fermée à clef.

Je pénétrai dans la maison, et fis le tour des différentes pièces pour m’assurer que rien n’avait été volé.

Mon lit était défait, et certainement, une ou plusieurs personnes avaient dormi dedans. La cuisine était en désordre. Le visiteur n’avait même pas pris le temps de refermer les placards. En pénétrant dans la salle de bain, le bruit de l’eau dans la baignoire en train de se remplir me fit frissonner. Je fermais le robinet.

Je n’étais pas seul dans la maison.

Compte tenu des diverses agressions ayant eu lieu récemment, je n’étais pas rassuré.

Armé d’un couteau et d’un marteau, j’entrepris de visiter toutes les pièces. Et c’est dans la cave que je découvris mon visiteur qui tentait de se cacher dans un recoin, sous une couverture.

Tirant fortement dessus, je reconnus immédiatement la soumise qui s’était fait appeler Daisy lors de l’épisode sadomaso.

Elle se recroquevillait sur le sol comme si elle craignait d’être frappée.

— Que faites-vous chez moi ? Vous dormez dans mon lit, vous videz mon potager.

Je devais avoir l’air menaçant en brandissant mon marteau et mon couteau, aussi je les posais ostensiblement, et elle se détendit.

– J’avais faim et pas de toit.

– OK, mais pourquoi chez moi ?

– Quand la police a fermé le cercle sadomaso, je ne savais pas où aller, car j’y avais une chambre. Et n’ayant plus de prestations à fournir, je n’étais plus payée. Lors de mon interrogatoire, j’ai découvert votre nom et votre adresse qui figuraient dans les rapports. J’ai pensé que vous aimeriez renouveler votre expérience avec moi. Vous aviez eu l’air d’apprécier.

– Je ne pouvais pas apprécier, car en réalité, j’étais en service commandé.

– Gardez ces arguments pour votre défense. Moi, j’ai raconté que vous vous êtes extrêmement bien comporté, que vous m’aviez libéré à ma demande, mais par contre, que vous frappiez diablement fort. J’ai ajouté que vous n’aviez pas tenté d’abuser de moi lorsque j’étais attachée, alors que beaucoup de mes clients profitaient de ma position qui les excitait. Et en plus, ils me laissaient sans me détacher.

– Vous aimez réellement vous faire frapper ? Ou c’est l’appât du gain ?

– Vous savez, mes parents m’ont toujours frappé, mes frères ont fait de même, et comme ils avaient toujours une bonne raison, j’ai dû penser que c’était mérité. Maintenant, quand je suis battue, je ressens comme un soulagement. C’est certainement maladif.

Je me demandais si elle ne pouvait pas me fournir des indices dans mes recherches au sujet de Rolando :

– Regardez cette photo, reconnaissez-vous cet homme ?

– Bien sûr, c’est Rolando, un des patrons de l’association sadomaso.

– Vous avez eu affaire à lui ?

– Oui, mais pas au siège de l’association. Chez lui. Enfin, c’est ce qu’il disait. C’étaient surtout ses hommes qui me battaient, et qui me consommaient après. Lui a toujours été très respectueux.

– Vous connaissez donc le lieu de sa planque ?

– Non, car j’effectuais tout le trajet dans le coffre d’une voiture, et je ne voyais rien. Tout ce que je peux dire, c’est que le trajet était long et caillouteux à la fin.

– Long comment ?

– Je ne sais pas, long.

Soudain j’entendis un grincement dû à l’ouverture du portail. Non seulement il ne fermait plus, mais il émettait un bruit désagréable.

C’était Natacha qui se présenta. Comment avait-elle su que j’étais chez moi ?

Tout le monde semblait vouloir se donner rendez-vous ici.

– Bonjour, j’ai fait un tour à ton appart rue Breteuil, et comme il n’y avait personne, je suis venue chez toi. Aujourd’hui, je ne travaille pas. Alors, à tout hasard… Mais je vois que tu as déjà du monde.

– Non, reste. J’ai un service à te demander. Daisy que tu vois travaillait dans la soumission, si tu me comprends.

– Oui, des coups de cravache. Continue.

– Elle vient de perdre son boulot. Elle n’a plus rien pour croûter et pour se pieuter. Tu peux lui fournir quelque chose ?

– Elle sait faire ?

Daisy hocha la tête :

– J’ai tout fait.

– Pas de problème.

Je pris Natacha en aparté :

– Natacha, tu me plais beaucoup, mais en ce moment je dois faire profil bas avec Amandine. Nous sommes en discussion avec sa mère pour savoir qui d’elle ou de moi va diriger le groupe.

– Mais mon chéri, si elle devient chef, je resterai avec toi.

– Ce n’est pas aussi simple que ça, Natacha. Maintenant, emmène Daisy avec toi. Il va falloir patienter un peu avant de se revoir.

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