La plongée sous-marine

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Amandine raconte :

Nous avions décidé de visiter les fonds de la mer, chacun à notre façon. Anis avait stabilisé son petit voilier. Bertrand et moi avions plongé. Depuis quelque temps, nous nous étions réconciliés, et il ne me quittait plus.

J’explorais une vieille épave qui gisait sous quelques mètres d’eau, épave qui avait dû être visitée des milliers de fois par tous les plongeurs du coin et que j’avais moi-même inspectée lors de mon stage de plongée. Bertrand nageait plus loin, sans bouteilles, armé de son fusil et de son harpon.

Au moment où je sortais de la cabine du vieux rafiot coulé, je vis trois hommes qui fonçaient sur moi. Deux d’entre eux nageaient en apnée, le troisième était muni de bouteilles sur son dos. Ils me bousculèrent. L’un d’entre eux m’attacha mon bras droit au bastingage du bateau, un autre entreprit de me coucher sur le pont. J’étais pétrifiée par la peur de permettre à l’eau de pénétrer sous mon masque. Lors de ma formation, j’avais appris à la laisser entrer et à la faire refluer, mais ici, avec une seule main qui était d’ailleurs maintenue par un des individus, cela m’était impossible.

Les trois hommes se relayaient pour respirer quelques bouffées d’air de leurs bouteilles, et ils s’en prirent à moi deux par deux. Mes palmes m’avaient été ôtées depuis longtemps, et ils avaient dézippé la fermeture éclaire de la combinaison qui s’étendait de l’aine jusqu’au cou. Le poignard que je portais dans un étui à la ceinture me fut retiré. Puis, armés d’une grosse paire de ciseaux, ils la découpèrent au niveau de la taille. L’eau froide qui m’entourait me fit frissonner, mais j’avais d’autres préoccupations que celle-là.

Je sentis que l’on m’enlevait le bas de la combinaison. Quelqu’un tirait dessus par les chevilles. Quelques secondes plus tard, je vis le bas de mon maillot de bain flotter entre deux eaux au-dessus de moi. Un des trois hommes s’approcha de mon pubis, m’écartant les jambes. Je pensais qu’il voulait me léchouiller et me pénétrer avec sa langue. Mais au lieu de cela, il me mordit sauvagement. Je hurlais dans mon masque, mais je n’osais bouger. J’avais l’impression qu’il m’avait ôté un morceau de chair.

Mon agresseur téta longuement la bouteille de gaz comprimé avant de repasser à la charge. Ses deux comparses me maintenaient, et je ne résistais pas. Il revint se plaquer contre moi, écartant les bords de ce qui restait de ma combinaison, pour dévoiler mes seins, qu’il se mit à brutaliser, non pas à les mordiller, mais à les mordre férocement. Ce type désirait faire mal, et n’avait pas seulement envie de violer une femme à sa merci. Ce con n’allait pas quand même me faire jouir, je n’étais pas maso. Mais si je mouillais, ici, ça ne se verrait pas. Il me pénétra à la hussarde, d’un seul coup, sans préservatif. Il dut y revenir à deux fois, car l’air manquait dans ses poumons. Il reprit sa place, recommença à me labourer furieusement, et alors qu’il explosait en moi, je le reconnus.

C’était Rolando. Un Rolando avec des cheveux longs et une barbe hirsute. C’était fou, Rolando était décédé, j’avais vu de mes propres yeux son véhicule sortir de la route et se fracasser dans un ravin. Ses compagnons durent le soutenir, car son effort avait été trop intense, et il serait mort noyé sans leur intervention. Une fois remis de ses efforts, il ramassa le poignard dont ils m’avaient débarrassé, le portant au niveau de ma gorge, me piquant avec sa pointe. Je sentis ma dernière heure arrivée. J’étais trop terrorisé pour bouger. Puis il amena le couteau vers le lien qui me retenait à l’épave, et fit mine de le couper, avant de le jeter au loin pour m’empêcher de l’utiliser.

Je voyais dans les yeux de cet homme l’envie de détruire. Son regard était celui d’un fou, et son intention consistait à me laisser mourir à petit feu, si on peut dire quand on est à quelques mètres sous la surface de l’eau. J’estimais la durée de ma plongée à 30 minutes, et je me trouvais à une profondeur comprise entre 5 et 10 mètres. Je n’avais donc pas à m’inquiéter d’un manque d’air dans les minutes qui suivaient.

Il ne fallait pas que je m’angoisse, ce qui m’aurait fait consommer plus d’oxygène. Je savais que Bertrand avait une parfaite connaissance des limites des capacités de mes bouteilles, mais nous n’avions pas convenu de nous rejoindre avant de remonter à l’air libre. Il pouvait croire que j’avais déjà regagné le bateau, il pouvait avoir nagé plus loin que prévu, et alors là, il serait trop tard pour me sauver.

Ne plus penser, me décrisper, économiser l’air.

Je m’occuperai du problème Rolando plus tard, s’il y a un plus tard pour moi.

Les minutes passaient, dans des moments où les minutes durent différemment quand on attend un secours.

Et j’ai enfin vu Bertrand revenir.

Rolando arracha l’embout d’alimentation de mes bouteilles au moment où il aperçut Bertrand arriver avec son fusil. Ce dernier hésita à les pourchasser pour s’occuper de moi. Il était moins une.

Comme il n’avait pas de bouteilles, il respira un peu des miennes. Je lui montrais le couteau et il s’en servit pour couper le lien qui me maintenait prisonnière.

Bertrand dut m’aider à remonter à la surface, et à nager jusqu’au voilier sur lequel Anis se faisait bronzer. Tout mon corps tremblait. Il me débarrassa de mes bouteilles et Anis me tira par la main pour me permettre de grimper à l’échelle de corde. J’étais épuisée, mes dents claquaient, j’avais froid malgré la grande couverture dont Bertrand m’avait enveloppée. J’avais envie de crier, mais je n’y arrivais pas. Enfin, je parvins à balbutier :

— C’est Rolando.

Les deux hommes me regardaient incrédules, et je répétais :

— C’est Rolando. C’est lui qui m’a fait ça.

Quelques minutes plus tard, je leur fis un rapport détaillé de mon agression.

Ce fut un signal d’alerte général chez les personnes de ma famille dont la vigilance s’était assoupie.

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