Maguy et Harris les avaient tous invités à fêter leur installation dans leur nouvelle maison.

La disparition de Rolando les avait incitées à quitter l’Angleterre pour revenir à Marseille. Le climat n’était pas tout à fait le même dans les deux pays, et Maguy y tenait énormément.

Ils avaient choisi en commun de prendre en location une petite villa un peu isolée, à l’écart des bruits de la circulation. Les pièces de jour se situaient au rez-de-chaussée, les chambres au premier étage. Vue du jardin qui l’encerclait, le lierre qui grimpait aux murs donnait à la maison une apparence de petit manoir.

Harris, l’ami de Maguy, était un authentique proxénète au pays de Sa Majesté la reine. Ce n’était donc pas étonnant qu’ils se soient rencontrés pendant des vacances scolaires, et étaient devenus amants les années suivantes. Le papa de Maguy qui envoyait ses enfants passer tous leurs congés en Angleterre, pour éviter qu’ils ne se fassent de mauvaises relations à Marseille, avait manqué son coup. En attendant, il semblait terriblement amoureux de sa compagne, et était toujours ostensiblement aux petits soins pour elle.

Outre la famille, et des proches de Maguy, Bertrand, Léa et Guillaume faisaient partie de la liste des invités. L’égalité homme femme n’avait pas été respectée parmi eux, car Maguy avait tenu à présenter à Olivia quelques partis acceptables.

Pendant le repas, Guillaume s’acharnait à rendre Bertrand jaloux. Amandine, assise entre les deux, ne cessait d’entretenir ces provocations. Elle prenait le bras de Guillaume en lui parlant, puis posait sa main sur celle de Bertrand en se retournant. Léa située à gauche de Bertrand s’en agaçait. Elle avait bien évidemment percé la manœuvre. À observer sa physionomie, on aurait pu penser qu’elle était un peu jalouse. À moins qu’elle ne soit simplement dépitée de constater que personne ne s’occupait d’elle.

Après le repas, de nouveaux invités firent leur apparition. Les meubles furent repoussés dans les coins de la pièce, et certains d’entre eux déplacés sur la terrasse qui jouxtait la salle de séjour. Un convive chargé de la sono effectua les derniers réglages, et la piste de danse fut ouverte, inaugurée par les nouveaux locataires.

Flora mise à part, une assistance jeune s’y déployait.

Flora dans un fauteuil analysait les scènes. Devant elle, la liste des prétendants tournait autour d’Olivia qui représentait la femme disponible de la soirée. Guillaume et Bertrand se partageaient Amandine. Et Léa récupérait ceux qui, fatigués d’attendre leur tour, l’invitaient pour ne pas faire tapisserie, tout en surveillant la disponibilité d’Olivia. Léa semblait en prendre son parti, les mœurs n’étant pas assez évoluées pour qu’elle puisse, dans ce milieu, inviter des femmes qu’elle ne connaissait pas.

Maguy qui connaissait tout le monde jouait les boute-en-train et incitait à rester tous ceux qui tentaient de s’éloigner de la piste. Même Flora et Léa se laissèrent entraîner avec elle.

Il semblait qu’Olivia avait fait son marché, et affiché son choix. Mais elle n’arrivait pas à se débarrasser de la bande des prétendants attachés à ses pas. Elle dut se retirer sur la terrasse avec son nouvel ami pour que les autres comprennent enfin. L’ambiance s’en ressentit, et la piste se vida de participants qui se réfugièrent vers les chaises et les bouteilles d’alcool.

Amandine s’était décidée à octroyer la priorité à Bertrand, mais elle n’avait pas clairement éloigné la menace de Guillaume. Elle devait se régaler à ce petit jeu dans lequel elle aiguillonnait en fait les deux hommes.

Quand il fallut se séparer, Bertrand et Léa partirent ensemble, Guillaume rentra seul, et Amandine décida de rester dormir chez sa sœur.

Au retour, l’ambiance dans la voiture de Bertrand fut assez fraîche et silencieuse. Ce dernier n’ayant pas invité une seule fois sa voisine à danser de toute la soirée. Il la déposa devant chez elle sans qu’ils aient échangé une seule parole.