La libération d’Amandine

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Bertrand raconte :

Amandine enlevée, Sylvain et Anis s’étaient relayés pour protéger Olivia à l’hôpital. Son enlèvement les rendait disponibles. Guillaume n’avait pas donné signe de vie. Maguy se trouvait en Angleterre. Léa passait ses journées à verbaliser les véhicules en stationnement.

Il ne restait plus que moi et les frérots pour tenter de libérer Amandine.

J’avais constaté le traitement réservé à Roro et à Olivia, et je me demandai dans quel état se trouvait Amandine, quel sort lui était réservé. Il était peut-être déjà trop tard pour la sauver.

Même si je le voulais, comment pouvais-je lutter contre Rolando et ses hommes, sans arme. Et, si j’en avais eu, je n’aurais probablement pas su m’en servir.

Dans la voiture, pendant le trajet pour rejoindre l’hôpital d’Avignon, j’avais dit à Amandine que je tenais à elle. Et c’était vrai. Ma tentative de lui caresser le genou fut très mal perçue. Je ne suis pas crédible. Je n’ai jamais été crédible. Et Léa qui me demandait si j’avais informé Amandine que je l’aimais. Je lui avais dit que je tenais à elle, c’est la même chose.

Je restais seul à pouvoir l’aider. Je suis sûr qu’en ce moment, elle ne pense pas un seul instant que je puisse être son sauveur. Je ne suis pas crédible là aussi. Elle m’a accusé d’avoir peur de Rolando. Et c’était un peu vrai.

Mais je vais le faire, et tant pis si une fois sauvée, elle retourne avec Guillaume. Je tiens à elle, aussi je vais le faire.

Amandine ne savait certainement pas les risques pris pour tenter de la délivrer. Anis et moi étions cachés pour pouvoir filer Rolando à sa sortie de prison, et nous avions assisté à toute la scène. J’avais espéré pouvoir le suivre, mais cela s’était révélé impossible. Anis, en dépit de son jeune âge ne fuyait pas le danger, je pouvais compter sur lui.

Je décidai de prendre l’affaire en main, et téléphonai à Léa qui me fournit le nom d’un intermédiaire susceptible de me vendre des armes.

Elle se renseigna pour savoir si dans son service, on pouvait lui indiquer une femme appartenant au groupe des prostituées de Rolando. Un inspecteur la guida dans les rues de Marseille pour lui en désigner une.

Le lendemain je patientais toute la journée pour attendre cette personne, puis toute la soirée, et quand elle quitta son lieu de travail, j’entrepris de m’attacher à ses pas. Elle prit le métro, puis un bus. Elle ne semblait pas envisager la possibilité d’être filée, car elle ne se retournait jamais, et ne dévisageait pas les gens. À la sortie du bus, elle longea la route à pied dans la direction d’Aubagne. Je la suivis de loin. Au bout de quelques centaines de mètres, elle pénétra dans un grand bâtiment qui semblait inoccupé.

Il ne me restait plus qu’à faire demi-tour et à parcourir le chemin inverse.

Le jour suivant, le local fut mis sous surveillance. Il semblait que huit prostituées et trois souteneurs, dont Rolando, y séjournaient.

Au bout de trois jours d’attente, je décidai d’intervenir avec les deux frères. Nous avions réussi à nous procurer une kalachnikov et deux pistolets. J’avais apporté les jeux de menottes dont je disposais pour mon agrément personnel. Nous avions amené une camionnette permettant d’emporter des prisonniers, ou des morts s’il le fallait.

Pas de guetteurs ! L’entrée du local n’était même pas fermée à clef. Au rez-de-chaussée, un long couloir bordé de portes de chaque côté. Nous les avons précautionneusement ouvertes une à une. C’étaient les chambres des prostituées et des proxénètes. Une seule nous accueillit avec un « fermez la porte, je dors », les autres étaient vides. Nous avons donc emprunté l’escalier qui menait au premier étage. C’était là que devait se trouver Rolando, et un de ses comparses. Nous espérions bien sûr y découvrir Amandine.

Arrivés sur le palier, nous perçument un grand hall non meublé. Tout au fond, un matelas était posé par terre, et sur ce matelas, Amandine, attachée à un radiateur, regardait une émission de télévision sur un appareil portatif.

Je suis entré seul dans la salle, les deux frères d’Amandine me couvrant en cas d’apparition de Rolando. Quand elle m’a vu, elle a souri, et m’a montré une des deux portes.

Tout doucement, j’ai tourné la poignée, et nous sommes entrés brutalement en criant : « Ne bougez pas ».

Les deux hommes jouaient aux cartes. Ils ne s’attendaient sûrement pas à ça.

Ils se laissèrent maîtriser sans résistance.

Rolando fut attaché au radiateur à la place d’Amandine, et son adjoint eut droit à mes deux paires de menottes pour lui immobiliser les bras et les jambes. Un bâillon lui fut appliqué. On l’installa assis dans les toilettes.

Anis et Sylvain m’avaient aidé à les maîtriser.

Rolando hors d’état de nuire.

J’interrogeais le prisonnier attaché sur le matelas.

— Rolando, dis-nous vite comment retrouver Olivia.

Il était arrogant et méprisant, et il me cracha dessus :

— Allez vous faire foutre.

Je quittais la pièce et revins avec un bidon d’essence que j’avais préparé.

Anis et Sylvain le plaquèrent sur le matelas, et je lui versai le contenu du bidon sur son pantalon.

Amandine sortit un briquet de la poche de son jean et elle me le tendit ostensiblement :

— Ça va sentir le cochon grillé.

Rolando se débattit. Il tirait de toutes ses forces sur les menottes qui le maintenaient attaché au radiateur. Sa morgue avait disparu :

— Vous êtes fous, complètement fous, vous n’avez pas le droit.

Amandine jouait avec la roulette du briquet. Elle l’allumait en s’approchant de lui.

Je pris la parole :

— Rolando, fini de rigoler, tu es cuit. Je veux savoir ce que tu as fait d’Olivia, et je veux connaître la marche à suivre, ainsi que tous les détails permettant de la retrouver.

Si tu ne parles pas, tu crames. Si tu nous racontes des salades, j’ai d’autres bidons d’essence à ta disposition.

L’homme se mit à table. Il nous expliqua comment il avait fait enlever Olivia.

Il l’avait vendue à une bande d’individus qui organisaient des séances sadomaso sur invitation.

Il faisait lui-même partie de cette société secrète. Cette vente lui permettait d’avoir accès à Olivia, sans devoir s’en occuper. Et il se vengeait aussi des deux sœurs qui refusaient de le rejoindre.

Quand il eut fini, Amandine le regarda droit dans les yeux et lui dit :

— Si tu as fait personnellement du mal à ma sœur, je te coupe les doigts des mains et des pieds, et les couilles, avec un sécateur, avant de te faire cramer.

Il m’a alors semblé, peut-être à tort, qu’Amandine me considérait autrement.

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