La course poursuite derrière Rolando

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Bertrand raconte :

Guillaume conduisait sa vieille Mercedes. C’était une grande et belle voiture, avec un gros moteur, mais c’était aussi un vrai tank tant elle était lourde.

Nous avions obtenu une information par Martha, l’ancienne compagne de Mattéo : Rolando en fuite logeait chez des amis dans une maison à la Sainte Baume, près d’Aubagne. Elle n’en connaissait pas le lieu exact, mais elle avait entendu dire que c’était une baraque aux volets verts, invisible depuis la route. Elle savait qu’il se rendait à Marseille très souvent, pour relever les compteurs de ses prostituées. Il y allait dans une vieille estafette dont elle nous communiqua le numéro.

Nous avions caché notre voiture derrière des rochers, et nous attendions patiemment son arrivée.

Soudain, nous aperçûmes une fourgonnette qui approchait. Je m’étais muni de jumelles pour m’assurer que Rolando occupait bien le véhicule. C’était bien lui, assit sur le siège passager. Nous ne savions pas s’il y avait des individus à l’arrière.

Nous avions là une occasion unique de débarrasser la terre de ce fou dangereux, et tant pis s’il devait emporter d’autres personnes avec lui dans l’au-delà. La fin justifie les moyens.

J’étais surpris de me sentir aussi résolu, et capable d’entraîner mes camarades dans ce chemin. Pour des gens ordinaires, nous allions perpétrer un meurtre de sang froid qui nous ferait basculer du côté sombre de la société. Et nous étions tous déterminés.

Guillaume démarra la Mercedes et poursuivit l’estafette. La route qui descendait de la montagne de la Sainte Baume pour rejoindre Gémenos était étroite, et les virages en épingles à cheveux s’y succédaient. La Mercedes rattrapa rapidement le vieux véhicule dont le conducteur s’affola dès qu’il nous aperçut dans son rétroviseur.

Il prit le premier virage en catastrophe, puis accéléra. Le suivant lui fut fatal, et l’estafette tira tout droit, chutant de plusieurs centaines de mètres, en rebondissant sur les rochers.

Guillaume eut juste le temps d’arrêter sa voiture pour que nous puissions voir les derniers tonneaux du véhicule de Rolando. La carcasse s’immobilisa, et prit feu quelques secondes plus tard.

Paix à son âme.

Nous étions d’humeur à sabrer le champagne, d’autant plus que l’attente sous le soleil nous avait rendu la bouche sèche.

Mais nous n’avions pas emporté nos téléphones portables pour qu’ils ne bornent pas, évitant ainsi d’être repérés par la police, mais nous interdisant aussi de diffuser la bonne nouvelle à nos amis.

Le soir, nous avions préparé la visite du véhicule accidenté que nous allions réaliser le lendemain. Je restai seul avec Amandine, et je suis revenu sur l’événement de la journée qui me tracassait :

— Ça ne te fait rien, à toi, d’avoir tué des gens ?

Elle parut surprise :

— Rien, ils l’ont bien cherché. Pourquoi tu me demandes ça ?

— Laisse tomber, je disais ça comme ça.

J’étais quand même perturbé. On m’avait appris pendant toute mon adolescence à respecter les personnes et la loi, et je devenais un délinquant en quelques jours en battant une soumise, puis en tuant des êtres humains.

Il fallait que j’arrête de penser à ça. Je devais me pénétrer du vieil adage : pas vu pas pris.

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