Amandine parle :

J’étais désœuvrée depuis la perte de mon travail dans l’atelier de mode. J’avais prévu de me rendre dans l’appartement de Guillaume, enfreignant la promesse faite à son père de ne plus y retourner. Je détenais encore un jeu de clefs, et je me décidais à l’utiliser, sachant que chaque matin, il se rendait au tribunal.

J’entendis un bruit de voix d’hommes dans sa chambre. J’étais surprise, mais je voulais absolument savoir et j’ouvris la porte en m’annonçant :

— Chéri, c’est moi.

Le spectacle qui s’offrit à mes yeux était édifiant. Guillaume était attaché sur le lit, tout nu et les fesses en l’air, avec derrière lui un grand gaillard qui le fouettait avec un fouet jouet, tout en lui criant des obscénités.

Ils me tournaient le dos, ne m’ayant ni vue, ni entendue. Je restais devant la porte bouche bée.

Soudain, le camarade fouetteur se rendit compte de ma présence, il cessa ses frappes et détacha Guillaume qui vint m’embrasser :

— Je te présente Alex, mon professeur de karaté.

Je lui serrais la main qu’il me tendit et ne pus répondre que :

— Enchantée.

Guillaume voulait absolument s’excuser et minimiser l’incident :

— Le tribunal est en grève aujourd’hui, alors j’ai invité Alex à passer la journée avec moi.

Je devenais rouge, et je ne savais pas si c’était la colère ou l’envie de rire qui allait prendre le dessus.

Que j’avais été bête d’avoir cru que je pouvais avoir un avenir avec ce mec-là. Pourquoi sont ils tous tordus ? Je lui demandais :

— Et moi, je fais quoi dans toutes ces affaires ?

— Mais toi, je t’aime.

C’est alors qu’Alex intervint dans notre échange :

— Fais attention à ce que tu dis. Tu m’as dit à moi aussi que tu m’aimais.

La conversation tournait au vaudeville. Je n’étais même pas choquée, juste un peu déprimée.

— Alex, garde-le, c’est à toi qu’il a dit qu’il t’aimait en premier.

Je jetais le jeu de clefs de l’appartement sur le lit :

— By By, les petits amis.

Guillaume ne broncha pas. Il avait compris qu’il était inutile d’essayer de me retenir.