Amandine raconte :

La femme me tenait en joue avec un pistolet. Je savais que je l’avais déjà vue, mais je ne me souvenais plus où. Elle m’interpella :

— Vous ne me reconnaissez pas ?

— Non, mais vous ne m’êtes pas inconnue.

— Je suis Martha, la compagne de Mattéo. Vous l’avez ensorcelé, vous avez manigancé pour me le prendre, et il est mort par votre faute. Je devais reprendre le contrôle de la situation avant que ses nerfs ne lâchent et qu’elle tire, car je sentis une intense émotion dans sa voix :

— Tout cela est faux, Martha, je ne suis pas votre ennemie, et je ne l’ai jamais été. Mattéo m’a dragué, c’est vrai, comme il l’aurait fait avec toutes les femmes qui seraient à sa merci. Mais je n’y ai pas donné suite. La meilleure preuve de ce que je dis, c’est que les tout derniers jours, il n’est même plus venu me voir, et vous le savez.

— Alors, pourquoi ?

— Mattéo, votre compagnon avait une âme de chef, et il ne s’en cachait pas devant les femmes de Rolando et devant ses adjoints. Rolando a dû le trouver trop dangereux. Il a déjà fait assassiner un de ses proches il y a quelques années. Tout le monde le sait.

Martha avait abaissé le canon de son arme pendant que je parlais ; elle semblait indécise :

— Que faire alors ?

J’avais pris l’avantage.

— Vous joindre à nous, nous voulons nous débarrasser physiquement et définitivement de l’homme qui nous poursuit, qui a tué l’ami de ma sœur et votre conjoint.

— Comment faire ?

— Simplement nous fournir des informations sur sa cache, si vous en obtenez sans courir de risques. Vous travaillez pour lui ; il y a des gens qui parlent. N’essayez pas de le tuer vous-même, il est trop dangereux.

Je lui donnais alors mon numéro de téléphone qu’elle apprit par cœur :

— J’ai l’habitude de tout retenir facilement.