L’enlèvement d’Amandine

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Amandine raconte :

Le soir, j’étais sortie pour me payer un petit resto.

Je retournais tranquillement sur le lieu de ma collocation, quand je fus brusquement bousculée par un individu qui venait à ma rencontre, et je fus précipitée vers une fourgonnette dont les portières arrière étaient ouvertes. Un homme me saisit par-derrière, me plaquant un mouchoir sur la bouche.

Je me débattis.

Je me réveillais avec une envie de vomir. J’étais couchée sur un matelas posé à même le sol, ma main droite étant menottée à un radiateur. Je reprenais mes esprits, je ne savais pas où je me trouvais. Je me palpais du haut en bas. A priori, on ne m’avait pas déshabillée et personne ne m’avait abusé pendant mon évanouissement.

Il faisait jour, c’était midi à ma montre. Deux grandes fenêtres fermées permettaient au soleil d’inonder une vaste pièce totalement vide. On ne m’avait pas tuée, je considérais que c’était déjà un signe positif.

Je commençais donc à échafauder un plan pour m’échapper. Quel que soit le gardien, je devais le séduire. Si j’étais un fruit défendu, je devais jouer le serpent qui convainquit Ève de croquer la pomme. S’il désobéissait à ses supérieurs, je le tenais.

Au bout de quelques heures, je fus tirée de ma rêvasserie par l’irruption d’un homme près de moi. Je le connaissais pour être l’adjoint de Rolando, l’ami de ma mère. Je l’interpellais :

— Mattéo, que fais-tu là ?

— Je t’ai enlevée sur ordre de Rolando. Il veut t’avoir à sa disposition à sa sortie de prison, dans quelques jours. Ne t’inquiète pas, nous te respecterons, et personne ne te fera de mal.

— Que s’est-il passé pour Olivia ?

— Nous avions la même consigne que pour toi, mais ça s’est mal passé. Le petit con a dégainé son arme et a blessé Manuel, et ta sœur s’est débattue. Bref, fiasco total. On ne l’a pas encore dit à Rolando, et il ne sera pas content du tout.

C’était Mattéo le maillon faible, et je devais en profiter.

— Tu crains tellement Rolando ?

— Non, non. Mais c’est lui le chef.

— Tu le remplaces pourtant quand il est en prison, et tu sembles aussi capable que lui.

— Oui, je suis aussi capable, mais c’est lui le chef.

— Tu sais pourquoi il m’a fait enlever et me garde prisonnière ?

— Pour te faire travailler, et avoir l’exclusivité sur toi.

— Il y a deux ans, alors que mon père était encore vivant, je passais souvent vous voir pour plaisanter avec vous, et à la façon dont tu me regardais, j’ai toujours pensé que tu aurais souhaité avoir l’exclusivité avec moi.

— Amandine, c’est du passé, les temps ont changé.

— Moi, je n’ai pas changé.

— Je vais t’apporter de quoi manger, mais enlève-toi tout cela de la tête.

Je devais commencer mon travail de sape.

— Avant de manger, je voudrais faire pipi.

— Bon j’enlève les menottes, les cabinets sont dans la pièce à côté, mais pas de bêtises.

— Promis.

Cette station pipi me permis de me rendre compte que du côté du cabinet, il n’y avait aucun accès vers l’extérieur.

Je retournais me faire attacher à nouveau au radiateur, sagement.

J’eus beaucoup de mal à m’endormir, tant j’étais excité, car je sentais que je tenais le bon bout. Mais, je ne devais pas me rater.

J’avais créé une routine me permettant de me préparer à la masturbation quand j’étais seule, qui reposait sur un incident qui était survenu alors que je devais avoir seize ou dix-sept ans. Je pratiquais le jogging sur la plage de La Ciotat, avec une amie. Nous étions en maillot de bain, et portions des chaussures adaptées à notre activité. À un moment donné, par inadvertance, j’ai heurté en pleine face un homme de la quarantaine, à la haute stature. J’ai eu l’impression de rentrer dans un bloc de béton, et je suis tombée en arrière. J’étais là, assise par terre, un des bonnets de mon soutien-gorge s’était déplacé, libérant un de mes seins. Je le regardais ébahie. Il était grand, il était beau, un visage d’acteur hollywoodien, de larges épaules, des pectoraux imposants, une ceinture abdominale à craquer.

J’avais le coup de foudre. Il me demanda :

— Vous ne vous êtes pas fait mal, mademoiselle.

Je n’osais pas répondre. Soudain, je vis ses lèvres se rapprocher de moi, et j’ai cru qu’il allait m’embrasser. J’étais comme hypnotisée, mais d’une main douce, il souleva ma bretelle de soutien-gorge pour rétablir l’équilibre. Puis il me tendit la main pour m’aider à me relever. Une main ferme qui me tira sans effort.

J’étais trop émue pour le remercier, et mon amie me prit le bras pour m’inciter à poursuivre notre course.

Je suis retournée plusieurs fois sur le bord de la plage de La Ciotat, mais je ne l’ai plus jamais rencontré.

Après cette aventure, je m’endormais avec Lui dans la tête. Ce n’était pas mon petit ami qui était dans mes bras, mais c’était Lui. Et je transposais toutes mes expériences sexuelles banales en réussites extraordinaires. Il me suffisait d’embrasser un garçon en fermant les yeux, pour que ce soit Lui qui prenne sa place, et alors, il n’y avait pas photo.

Quand je me suis retrouvée sans ami, Lui était toujours présent, et je pouvais l’animer à volonté dans mes fantasmes. Je pouvais obtenir les mêmes résultats que si je m’étais caressé longuement. Parfois je devais terminer mon affaire à la main, mais le plus souvent, c’était inutile.

Je me servais de cette merveilleuse capacité, pour accélérer les préparatifs avec des petits amis maladroits ou débutants.

Quand je me suis réveillée sur mon matelas, toujours liée à mon radiateur, Mattéo se tenait devant moi, et m’observait.

Je lui demandais s’il ne pouvait pas me détacher, que je n’allais pas m’échapper.

Il me répondit :

— Ce sont les ordres de Rolando.

— Tu vas obéir toute ta vie à Rolando ?

— Peut-être, peut-être pas, qu’est-ce que cela peut bien te faire ?

Je devais le provoquer avant qu’il ne recule.

— Moi, ça me chagrine beaucoup, car j’ai envie de toi, et pas envie du tout de passer mes nuits avec Rolando. Tu n’as probablement pas les couilles pour t’opposer à lui. Détache-moi, au moins.

Il prit la clef dans sa poche, et me libéra la main.

Je poursuivis :

— Approche-toi un peu, je vais te sucer. Ça au moins, tu peux le faire, Rolando n’en saura rien, et j’en crève d’envie.

Il s’approcha de mois, et je me baissais pour être à la hauteur, quand soudain, il me repoussa brutalement sur le matelas. C’était tellement inattendu que je crus qu’il allait me frapper. Il agrippa mon tee-shirt, puis mon soutien-gorge et il tira dessus pour les enlever de force. Il détacha la ceinture et les boutons de mon jean, pour le retirer. Et mon slip passa au-dessus de ma tête sur le mouvement suivant.

Je le vis ensuite sortir de sa poche un préservatif dont il défit l’emballage avec les dents. Je sus à ce moment-là que j’avais bien fait de me préparer. Pendant qu’il baissait son pantalon et son slip, je vérifiais discrètement l’état de ma lubrification.

Il s’empala en moi en un instant, et il commença à accélérer ses va-et-vient jusqu’à l’explosion.

Il resta sur moi plusieurs minutes, haletant, avant de se relever et de réajuster ses vêtements.

Je n’avais pas fait semblant de jouir, car il savait très bien que cela n’avait pas été le cas. Ma baise était pour lui le signal qu’il était dorénavant le patron.

Mattéo était ensuite sorti sans un mot, et sans m’attacher au radiateur comme les autres fois. Je pouvais ainsi faire mon pipi librement dans la pièce à côté sans demander l’autorisation.

Je fus surprise de constater que ce n’était plus Mattéo qui m’apportait mon repas. Il me fit parvenir un paquet contenant du linge de rechange. Pour me laver, il n’y avait qu’un lavabo ne disposant pas d’un robinet d’eau chaude, mais je m’en contenterais.

Les jours suivants, Mattéo ne réapparut pas. Mes repas m’étaient fournis par des personnes différentes, parfois des femmes. Personne ne m’adressait la parole. J’héritais d’une petite télévision portative pour tromper l’ennui pendant les longues heures de solitude.

Enfin vint le jour J. Le jour J était celui de la libération de Rolando. Je connaissais dans les moindres détails le déroulé de sa sortie de prison. Car ce n’était pas la première fois. Mattéo attendait son patron à une centaine de mètres des portes de la maison d’arrêt, toujours au même endroit. Je pariais, et j’espérais que cette fois-ci, tout soit différent. Et ce le fut.

Un bandeau en bas de l’écran d’une chaîne d’information indiquait qu’un détenu avait été abattu à sa sortie d’une prison marseillaise. Le bandeau suivant, que c’était le vingtième règlement de compte dans la région depuis le début de l’année.

Pour ma part, j’avais vengé Olivia et Roro, et je m’apprêtais à poursuivre mon combat pour ma liberté. Et je devais trouver un remplaçant honorable à Rolando, pour subvenir au quotidien de ma mère. Celle-ci, qui avait conservé un physique acceptable, avait une bonne réputation dans le milieu, un milieu dans lequel, même si on se tue parfois, on se serre les coudes toujours.

Cette joie ne dura pas, car quelques minutes plus tard la chaîne d’information publia un communiqué rectifiant le précédent. Un détenu libéré avait été en effet attaqué par des inconnus à sa sortie de prison, mais ses agresseurs avaient été abattus par des individus cagoulés qui avaient pris la fuite.

Merde, et merde, Mattéo est HS, et Rolando va revenir.

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