Conseil de guerre

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El Sereno Avenue, Pasadena

« Il faut qu’on en finisse ! »

Nous sommes réunis chez Lucy a Pasadena. Elle a envoyé l’enregistrement de la conversation à Mary et Nash et nous voilà tous les quatre dans le salon. C’est moi qui ai lancé cette phrase après avoir entendu Leonardo me menacer, mais surtout menacer Lucy.

« On ne cède pas au chantage, ajouté-je. Qu’est-ce qui nous garantit qu’il va s’arrêter lorsque je lui aurai donné son fric ?

— Tu as raison, commente Nash. Si tu avais payé dès le premier jour, l’affaire se serait sûrement calmée, mais maintenant c’est un animal blessé. Une blessure d’orgueil, qui ne cicatrisera pas.

— Qu’est-ce ce qu’on fait alors ? demande Lucy.

— Ce qu’on fait à un animal blessé ! On l’abat ! »

Ces propos sortent de ma bouche de façon spontanée. Je n’ai pas réfléchi à cette phrase. Je ne me reconnais pas. Mes amis non plus. Ils me regardent étonnés.

« J’en ai assez de laisser ce type me harceler, nous menacer. Si c’est une confrontation qu’il veut, je ne vais pas me défiler. Trouvez-moi un flingue et je vais lui régler son compte.

— Doucement, on ne peut pas partir à la guerre comme ça, modère mon ami. Tu n’as aucune expérience, il tirera le premier.

— Si on veut l’éliminer, ajoute Mary, il faut que nous soyons insoupçonnables. C’est peut-être un mafieux, mais la police recherchera quand même son assassin. Soit on fait en sorte qu’il disparaisse sans laisser de trace, soit on rend sa mort acceptable.

— Acceptable ? Qu’est-ce que tu veux dire ? demandé-je.

— Une mort naturelle ou accidentelle.

— Explique !

— Ce type mène une vie de débauche, c’est de notoriété publique. On peut envisager une overdose, un accident de voiture avec un fort taux d’alcool…

— On ne va l’obliger à se piquer ou à boire, juste pour nous faire plaisir ! objecte Lucy.

— Non, en effet. Il faut prévoir un peu de mise en scène, je te l’accorde. Il faut d’abord l’approcher, puis le neutraliser. Après on pourra agir. »

Je regarde mes amis. Ils ont l’air sérieux. Je les sens déjà dans la construction d’un scénario. Lucy semble plus dubitative, mais pas hostile à l’idée. Je me sens plus fort.

« C’est moi qu’il veut. J’irai l’affronter. Il suffit de me dire comment opérer.

— Il a dit qu’il me recontacterait demain, précise Lucy. On peut lui fixer un rendez-vous, un guet-apens !

— Admettons que ça marche, comment faire pour le prendre vivant ?

— Si j’ai un flingue, je le braque ! proposé-je.

— Il va sûrement se méfier. C’est pas un enfant de chœur, il prendra quelques précautions, et puis il pourrait réagir sans que tu puisses parer, répond Nash.

— On pourrait essayer le shocker, suggère Lucy. J’en ai toujours un dans mon sac le soir.

— Ça pourrait marcher, mais l’effet est limité, il faudrait pouvoir le menotter tout de suite après ! complète Nash.

— On peut avoir un modèle un peu plus puissant que ceux faits pour les sacs de dames, ajoute Mary. J’ai le permis qu’il faut pour ça.

— Il faudrait être deux, pour que ça marche.

— Mike et moi, suggère Lucy. Si c’est n’importe qui d’autre, il sera alerté.

— Admettons qu’on parvienne à l’immobiliser, dis-je, on fait quoi ensuite ?

— C’est là qu’on simule l’accident, propose Mary. On le met dans sa voiture et on le balance dans un virage de Mulholland.

— On ne peut pas lui laisser les menottes ou le boucler dans le coffre, objecte Nash.

— On lui fait une injection de came, une bonne dose, assez pour l’assommer. Si les flics font une autopsie, ils retrouveront la trace de la piqûre et la drogue dans le sang. Ils penseront qu’il a fait un malaise en rentrant chez lui. Si en plus la voiture prend feu, c’est encore mieux !

— C’est un peu tiré par les cheveux, mais ça pourrait marcher, valide Nash. Il y a quand même une bonne part de risque. Si c’est lui qui sort le flingue en premier… »

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