Chapitre 1

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J’entends au loin le vague le son du réveil. Je me réveille la tête engourdie, par le sommeil et la nuit que je veux continuer ou bien par les médicaments qui m’assomment continuellement ? Je n’arrive plus à dissocier l’un et l’autre. J’erre perpétuellement comme un fantôme depuis maintenant cinq ans. Un brouillard toujours devant les yeux, ne discernant pas vraiment si ce que je vis est la réalité ou si ce n’est que ce que me renvoient les médicaments.

Les journées ne sont que répétitions. Réveil, petit déjeuner, travail, diner ; avant d’aller me laver et de me coucher. Ceci est ma vie depuis trois ans si ce n’est pas plus. Je ne sors pratiquement plus sauf pour tout ce qui est courses. Mon appartement est ma grotte, ma bulle, mon évasion. Sortir est devenu pour moi une épreuve. Dès que je le fais je rentre épuisée, car je me sens toujours espionnée. Je sais que cela peut paraître étrange et cela ressemble plus à un comportement paranoïaque mais ce n’est pas réellement le cas pour moi. Pas depuis ce qu’il s’est passé.

J’essaye de sortir du lit, mais je m’y sens beaucoup trop bien pour le vouloir. Quel jour sommes-nous? Je l’ai oublié depuis longtemps. Les jours s’enchainent sans que je ne m’en rende compte. Le seul objectif de mes journées est celui d’avancer dans les commandes que l’on me fait. Rien ne m’intéresse, il n’y a que ce que l’on me demande de produire. Avant il y avait tant de choses qui me randaient vivantes, tant de choses qui maintenant me paraissent fades.

Mon portable vibre, un nouveau mail, celui-ci vient directement d’Asael Morelli. Contrairement aux mails habituels qui me font états des souhaits ou des avis concernant mes créations, celui-ci est plus personnel.

“Bonjour Cléo,

Je voulais savoir comment vous alliez. Bien que nos échanges soient très professionnels, je voulais prendre de vos nouvelles. J’ai vu que vous n’avez jamais pris de pauses depuis que vous êtes arrivée à Music Starlight. Le travail que vous avez produit est conséquent il serait bien de vous reposer également et pourquoi pas aller quelque part pour vous ressourcer. Je ne veux en aucun cas vous obliger, je veux simplement ne pas perdre notre meilleur élément.

Prenez en compte ma proposition,

Bien Cordialement

Mr Asael Morelli PDG de Music Starlight”

Faire une pause. Peut-être. Après tout je n’ai plus goût à rien. Il y a cette maison. Il serait temps que je m’y rende. Il serait temps que j’affronte tout ça. C’est ce que je voulais un temps et puis plus rien. On m’a enlevé toutes volontés. Comment? Pourquoi ai-je perdu cette envie? Je ne sais plus. Mes souvenirs sont brumeux, vagues et lointains.

Je devrais sûrement y aller. Mais nous sommes en hiver et la maison n’est plus chauffée depuis longtemps. Les enfants qui jouent dans la neige dehors témoignent de ce froid avec leur bonent, leurs gants, leur doudoune.

La neige tombe comme lors de ce jour. je m’en rappellerai toute ma vie. Ce souvenir est imprimé dans ma mémoire à l’encre indélébile. Il me hante. Le froid est encore présent sur mon visage à me glacer. Je peux encore la revoir immobile sur la table d’autopsie, immobile, bleue, glacée. Je peux l’imaginer en train de mourir. Ce corps ce figeant dans la rivière entre un mélange d’eau et de glace essayant de me laisser un message vocal sur mon téléphone. Ce message que j’entends encore, là, dans ma tête.

Ce souvenir est aussi froid et sombre que le temps qu’il faisait.

Les enfants qui sont en train de jouer sont si innocents, comme je l’étais, mais c’était avant ça. Maintenant je ne suis qu’un fantôme. Oui ils sont bien chanceux.

Pour la maison je verrai plus tard.

Je me remets au travail, je n’ai pas le temps de faire une pause, des personnes contant sur moi pour assurer des commandes.

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