Chapitre 9

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Au bout d'un moment, je sens le fourgon s'arrêter et je vois les portes s'ouvrir. Depuis quand cette base est là, j'ai pourtant visité tous les environs après mon rétablissement. Ils ont dû la construire entre-temps.

Une personne que je connais très bien vient me chercher en compagnie d'un autre homme munie de menottes, il m'attache les mains.

- Tu n'aurais pas dû nous trahir Wendy, lance Riley.

Je crache alors sur ses chaussures. Je crois qu'il inverse les rôles, ce n'est pas moi qui les aie trahi.

- On dirait qu'être en cavale ne t'a pas réussi.

Je le regarde avec un dégoût prononcé, je n'ai jamais éprouvé cela envers personne avant aujourd'hui. Alors qu'on m'emmène, je l'entends discuter avec Emma :

- Elle nous a causés tellement de problème.

- C'est faux, et tu le sais. Tu pourrais mieux la traiter.

- Elle est traitée comme la fugitive qu'elle était.

Donc Emma me soutient toujours alors que je l'ai laissé tomber ce jour-là. Il faudra que je m'excuse auprès d'elle.

On m'emmène jusqu'à une salle d'interrogatoire, je conclus que je vais dormir là en voyant le matelas sur le sol. Je suis peut-être chanceuse, au moins, j'ai une couchette. Ils me laissent les menottes et me disent qu'il vaut mieux pour moi que je me repose. Ce qui ne m'inspire absolument pas confiance.

- Réveille-toi ! Hurle une personne.

Mal réveillée, je vais m'asseoir sur la chaise. De l'autre côté de la table, Riley vient de s'asseoir.

- Vous pourriez me laisser dormir encore non ? Ou au moins être plus doux.

- Tu prends de mauvaise habitude décidément. J'aimerais savoir comment tu es arrivé en France ?

- Ce n'est pas bien dur : par la mer. J'en ai beaucoup souffert d'ailleurs, dis-je amusée.

- Tu te moques de moi, lance-t-il sur ton sévère.

- Je ne rigole jamais vraiment avec la douleur, dis-je plus sérieusement.

- Combien de temps cela t'a pris ?

- Plusieurs semaines.

- Et tu ne te moques pas de moi... Pourquoi tu es vivante ?

- Je ne sais pas, d'ailleurs je n'ai pas vraiment l'impression de l'être.

- Où est ton ami ?

- Quel ami ?

- Ne joue pas l'idiote, dis-moi tout.

- Pourquoi ? Vous allez me frapper ?

- Non, te priver de nourriture et d'eau, mais tu as l'habitude vu que tu es resté plusieurs semaines en mer sans vivres.

- Je l'ai tué pour me nourrir. (Dire une telle chose m'écœure, mais je ne le laisse pas transparaître.)

- Menteuse ! Il était là quand tu as tué le monstre. Bon je reviendrais plus tard. Ne sois pas idiote d'ici là et prépare-toi à répondre.

- J'y penserai.

Il me dégoute tellement, je suis bien contente qu'il parte. Je retourne dormir, je peux le faire tranquillement car il n'a pas réussi à l'attraper. Espérons qu'il ne revienne pas par regret.

Il se passe quelques heures avant que j'ai une autre visite. Lorsqu'il entre, je suis déjà assise sur la chaise.

- Alors tu es décidée à parler ?

Je ne réponds pas.

- Alors comment es-tu venue jusqu'ici ?

- Par la mer et ensuite vous m'avez emmené.

- Tu te moques encore de moi. Où est-il ?

- Je ne sais pas.

- Il ne t'a rien dit ?

- Non, puisqu'il n'était pas chez moi.

- Bien sûr. Dis-moi de quoi as-tu le plus peur ?

- Je ne sais pas.

- Ah, ça doit être embêtant. Et de quoi as-tu le moins peur ?

- De vous, vous paraissez sûr de vous et fier mais vous n'êtes rien de plus qu'une arme vous aussi.

- Tu racontes n'importe quoi, dit-il en se levant.

- Vous verrez.

Il part. Il ne sait donc rien du tout, cela risque d'être long.

Je ne le revois que le lendemain, il a pris un verre d'eau avec lui. Il veut que la soif me fasse parler :

- Il sera pour toi si tu coopères.

- Je vous dis tout pourtant.

- Si tu le dis. Donc tu es venue ici par la mer ?

- Oui.

- Et tu n'es pas morte de fatigue, ni de soif ?

- Presque.

- Presque ?

- Je suis restée longtemps convalescente.

- Bon alors, où il est ?

- Aucune idée et comment voulez-vous que je le sache ?

- Parce que vous étiez ensemble et que vous habitiez au même endroit.

- On était ensemble... dis-je en murmurant, pas vraiment, je ne suis pas pour l'inceste.

- Vous n'êtes pas de la même famille que je sache.

- J'ai été élevée avec lui quand ce monde m'a abandonnée, dis-je dégoutée.

- Je vois. Et c'est quoi cette histoire d'arme.

- Vous voulez que ce soit moi qui vous le dise, vous demanderez à votre supérieur, ce n'est pas mon rôle.

Il part en me disant qu'il reviendra demain. Je bois alors d'une traite le verre d'eau qu'il a laissé. Je reste assise sur ma chaise sans rien faire jusqu'à ce que je me sente légèrement fatiguée. La journée du lendemain sera riche en émotion.

Je me réveille tranquillement. Quand je vois que quelqu'un me regarde, d'un sursaut, je me lève. En voyant Emma, je vais m'asseoir.

- C'est toi qui gères l'interrogatoire maintenant ? dis-je mitigée.

- Non, je suis venue t'apporter à manger et surtout te demander à quoi tu joues ?

- «Ne jamais mentir, parfois ça peut sauver.» Je lui ai presque toujours dis la vérité.

- Eh bien depuis qu'il est venu te voir hier, il est constamment au téléphone, et surtout, il n'arrête pas de râler.

- Comme d'habitude.

- S'il te plaît Wendy, je ne plaisante pas. Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- La vérité, et puis tu dois bien savoir ce qui se dit ici, dis-je en pointant la caméra.

- Non les enregistrements ont été corrompus.

- Je vois, eh bien je lui dis la vérité et tu sauras très bientôt, à mon avis, de quoi il s'agit. Il va le découvrir.

- D'accord, mais ce ne serait pas plus simple que tu lui dises.

- Pour ça, il faudrait qu'il m'écoute et me croît parce que sinon je ne suis pas prête de sortir d'ici.

- D'ailleurs, pourquoi tu t'es laissée attraper, je sais que tu aurais pu te battre et je ne t'aurais pas retenu.

- C'est vraiment gentil de ta part, mais je dois aider les monstres, ils n'ont pour la plupart jamais voulu ça. Eux aussi ne sont que des armes chez eux. Et je suis bien placée pour savoir que nous souffrons tous.

- D'accord, je comprends, alors je te laisse faire, bonne chance.

- Merci.

Après son départ, je me mets à manger le repas qu'elle m'a rapporté. Je meurs de faim.

Il y a plusieurs heures d'attente avant ma prochaine visite.

- Bonjour, alors vous avez décidé d'être moins difficile à vivre depuis hier ? dis-je sarcastiquement.

Il approche de la table et tape des deux mains dessus :

- Dis-moi ce que tu sais ?

- Asseyez-vous, ne vous faites pas prier.

Impatient, il s'assoit.

- Dites-moi de quand date votre souvenir le plus ancien ? dis-je.

- Je... je rentrais dans l'armée mais pourquoi cette question ?

- Laissez tomber, pourquoi devrais-je vous répondre ? Après tout, je suis coincée ici, mais au moins, j'ai la certitude que j'ai raison.

- Dis-moi et je croirais tous ce que tu dis peu importe que ce soit vrai ou faux.

- Je vais vous le dire. Vous ne trouvez pas ça bizarre de ne pas se souvenir de son enfance ou de son adolescence ne serait-ce que quelques brides ?

- Je n'y ai jamais songé, me dit-il dans l'incompréhension la plus totale.

- Je ne sais pas tout mais je crois que vous avez bien eu une famille avant ça. Mais quand vous êtes rentrés dans l'armée, vous avez fait partie d'une unité faite pour subir des expériences mais elles n'ont pas été une réussite.

- J'y viens. En fait, ces expériences avaient pour but de changer des personnes normales ou des armes en armes d'un niveau encore jamais atteint.

- Tu veux dire que...

- Vous êtes le seul à avoir survécu à l'injection de mes gènes, ils ont découvert mon arme avant moi et ont récupéré mon ADN quand j'étais bébé. Ils m'ont jeté pensant que j'étais morte à cause du manque de sang. Ils vous ont injecté un sérum fait à partir de mon sang pour créer de nouvelles armes très puissantes. Malheureusement, votre mémoire a été effacé car si vous vous transformez, vous perdez le contrôle mais ce qu'ils ne savent pas en revanche, c'est que c'est moi qui le prends. Et étant enfant, je ne savais pas ce que je faisais. Je ne m'en rendais pas vraiment compte...

- Je... comment est-ce possible ?

- C'est monstrueux n'est-ce pas ?

- Merci..., puis il se lève hébété.

- Au fait, je sais que vous ne croyez toujours pas ce que je vous ai dit avant tout ça mais ce n'est pas grave.

Il se retourne pour me demander :

- Comment tu sais tout ça ?

- Ma mémoire m'ait revenu petit à petit, avec tout ce que j'ai vécu d'horrible.

- C'est pour ça que tu as autant changé.

- La Wendy que vous connaissiez et aimiez est morte au cours de cette année. Moi aussi, je préférais sa naïveté.

Il souffle, puis ordonne ma libération. Mais une fois qu'on m'enlève les menottes, je leur dis que je vais attendre ici.

Tandis que j'attends, je ressens ma présence ailleurs que dans cette pièce. C'est comme si mon esprit avait deux corps. Ils ont fait sortir son arme. Cependant, je ne fais rien mais je le sens lutter pour essayer de bouger. Je mets mon armure pour communiquer avec lui plus facilement.

- Ce que vous faites ne sert à rien, vous ne pourrez pas la bouger.

- Qu'est-ce que... comment tu fais pour me parler ? S'étonne-t-il.

- C'est comme ça qu'on communique entre arme, un lien nous unit. Arrêtez de vous malmener.

- Et toi ça ne t'énerve pas de n'avoir été qu'un cobaye, une expérience ratée ! dit-il en s'énervant.

- Quand tu te transformes, je ressens comme si on me volait une partie de corps, comme si mon cerveau était à un endroit et mon corps à un autre. Croyez-moi ça n'a rien avoir avec la séparation, c'est plus violent. Je me sens mal. Et vous voudriez que je fasse quoi ? que je tue tous ceux qui me détestent, qui se servent de moi, mais alors je devrais vous tuer aussi.

- Je...

- Vous ne pouvez rien dire car vous êtes comme eux, vous étiez volontaire et par conséquent, vous m'avez fait du mal. Cela continu encore aujourd'hui, vous m'affamez. Si personne ne m'avait donné à manger, je serais incapable de vous parler maintenant. Alors je vous attends, je n'ai pas quitté cette pièce.

J'enlève mon armure et recommence à attendre comme les jours passés.

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