Ce n'est pas facile d'écrire un roman encore moins sa vie. L'objectivité doit primer avant tout et ce n'est pas évident.

Je suis mariée depuis six mois. L'Amour est souvent égoïste. J'ai assez admiré les couples heureux pour ne pas en profiter moi-même le moment venu. C'est étrange, n'est ce pas ? Moi la célibataire vindicative tombée dans les bras du premier venu ?

Non, ce n'est pas vraiment cela. Des hommes, j'en ai rencontrés, pas intimement, il est vrai ; mais suffisamment pour les juger : égoïste et très machistes pour la plupart. Oh, Andreï n'est pas différent des autres, son caractère russe n'aidait pas en plus à adoucir mon comportement vis à vis de lui. C'était un être insolent, brutal dans ses paroles et dans son regard. Sa fierté et son orgueil donnaient du charme à sa personne.

Lui et moi avions le même caractère, têtu et emporté, les mêmes idées. Mais c'était plus fort que nous, au lieu de se lier pour défier les autres, nous nous défions nous-mêmes. J'avais horreur d'être subordonnée à quelqu'un. Imaginez un homme être aussi arrogant envers moi, c'était d'une part un comble et d'autre part, il éveillait en moi les méchants instincts que je gardais pour mes ennemis. Dès notre deuxième rencontre, ce fut d'ailleurs la guerre (verbalement, s'entend).

J'avais cependant un faible pour lui. Pas pour sa beauté, il n'avait rien d'extraordinaire : c'était seulement un Apollon. Sa gentillesse à l'égard des jumeaux, les petits derniers de la famille, fléchissait mon jugement. Il adorait s'occuper de ces deux chenapans. Je n'ai jamais vu d'homme plus heureux que lui quand il est avec des enfants. Peut-être était-ce cela qui nous rapprochait ?