69. Nouvelle menace pour l’amoureuse

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Jade

J’en ai déjà marre d’être enfermée dans cette cellule. Oh, j’imagine qu’il doit y avoir pire, après tout, les murs sont propres, le sol aussi, et j’ai même une petite couchette. Là, le confort pêche un peu. Je suis épuisée mais incapable de dormir. Une boule de stress énorme s’est logée dans ma poitrine, sans parler des regards constants du garde assis à son bureau et de sa collègue à chaque fois qu’elle le rejoint dans la pièce qui abrite ma “chambre”. Ici, il semblerait que les hommes et les femmes puissent parler librement… Un comble, quand on sait qu’on me reproche d’avoir eu des contacts avec le sexe opposé.

Je remonte la couverture sur mes épaules et m’adosse plus confortablement contre le mur. Je ne sais pas combien de temps je vais passer ici, mais j’essaie de me focaliser sur le fait qu’au moins, on ne m’envoie pas directement au recyclage. Ça ne rend pas le séjour ici plus agréable pour autant, évidemment, mais c’est toujours mieux que rien.

Quand la rouquine entre à nouveau et va s’asseoir sur le rebord du bureau après m’avoir jeté un coup d’œil, je ne peux que constater que le type n’a pas les yeux dans sa poche. Lui qui a passé un bon moment à lorgner ma poitrine a trouvé un spectacle de proximité qui semble lui être tout aussi agréable. Apparemment, ici, tout est permis, non ? Au village, si un homme regarde une femme comme ça et se fait attraper par un garde… il se fait reprendre à coup sûr.

J’essaie d’écouter ce qu’ils se racontent à voix basse, mais j’ai du mal à percevoir des phrases complètes, surtout que sous la fenêtre doit se dérouler une partie de balle aux prisonniers entre les enfants des membres, ou je ne sais trop qui. En tout cas, ça parle fort, ça crie, ça rit… Et je me rends compte que le Karma ne me sourit pas. Vu leur jeu innocent, quand je me retrouve prisonnière dans cette cellule…

Je soupire de soulagement quand les cris s’éloignent. Je n’ai rien contre les enfants, au contraire, mais j’avoue que mon cerveau est déjà assez embrouillé comme ça sans en plus devoir être perturbé par l’environnement extérieur. J’ai beau tenter de trouver une solution, je ne vois pas comment me sortir de ce guêpier. J’imagine que Liz et Malcolm doivent avoir le même genre de réflexions que moi, réfléchir à une solution… Je l’espère, surtout, et j’ose croire qu’à deux cerveaux brillants, ils vont réussir à élaborer un nouveau plan. Je cherche de l’espoir partout, pour moi, mais surtout pour notre bébé.

Maintenant que l’extérieur n’interfère plus sur l’intérieur, il m’est plus facile d’entendre mes geôliers, et je me fige en entendant la nana parler d’avortement. Je n’arrive pas à réaliser qu’ils pourraient aller jusque-là. Cela me semble totalement irréel. Sur l’île, les enfants sont précieux. Quand je vois les recherches encore effectuées aujourd’hui pour améliorer leur conception, l’importance que tient la remise d’un enfant à ses parents dans notre quotidien, la place qu’il prend dans la vie de tout un chacun… Jusqu’alors, me restait encore l’espoir d’au moins mener ma grossesse à terme. J’imaginais le Conseil m’obliger à accoucher et donner mon bébé à un couple avant de me recycler. De tous les scénarios catastrophe, c’était sans doute le plus acceptable pour moi. Mais là…

Je sens mes yeux s’embuer quand je réalise qu’ils envisagent de mettre un terme à ma grossesse, de tuer mon bébé, tout simplement. Je ne le supporterais pas, c’est certain. Ils ont sans doute trouvé la pire des punitions possibles pour moi. Je ne me relèverais jamais d’une telle épreuve. C’est tout bonnement impossible. Je l’aime déjà plus que ma propre vie, ce bébé, je me suis projetée, je l’ai imaginé, je le rêve… Il n ‘y a qu’à voir mon état actuel pour comprendre à quel point ce serait terrible. J’en tremble, mon cœur bat à toute vitesse dans mes tempes et je suis à deux doigts de pleurer toutes les larmes de mon corps.

J’ai beau essayer de comprendre tout ce qu’ils disent, mon état ne m’aide pas à me concentrer et je ne parviens pas à savoir quel sera mon sort. Tout ce que je comprends, c’est que le Conseil attend que je dénonce Malcolm. Pour quoi faire ? Le recycler ? Aucun intérêt, ils peuvent courir.

Je finis par me détourner de la conversation quand j’entends le gars proposer à la rouquine de le retrouver à sa pause. Son regard pervers ne laisse aucun doute sur ce qu’ils comptent faire, tous les deux, surtout qu’elle glousse comme une dinde. J’hallucine littéralement. Ils vont oser me reprocher de coucher avec un homme alors que leurs propres gardes font ce qu’ils veulent ?

En tout cas, s’ils pensent que je vais dire Amen à tout sans me rebiffer, ils peuvent courir. Je crois que j’ai fini par comprendre ce que me disaient mes mères, quand j’étais petite. L’instinct maternel est un sacré moteur, parce que je suis prête à tout pour sortir de là. Je l’étais déjà quand nous avons décidé de partir, mais maintenant que je me retrouve ici, je n’ai plus qu’une envie : bousculer leurs petites vies tranquilles et ne surtout pas leur donner ce qu’ils veulent. Obéir ne me servira plus à rien. A moins qu’ils me promettent que nous nous en sortirons vivants et libres, il n’auront rien de moi.

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