Raton-laveur

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Avez-vous déjà vu un raton laveur? On est mignons, hein? Avec notre masque sur les yeux et notre bouille toute poilue, on donne envie de faire des câlins. Ce que vous savez moins, c'est que derrière nos petites têtes de voleurs digne du Robin des Bois de Disney, nous sommes de vrais tueurs. Prenez garde, vos poules, vos lapins et autres malheureux animaux de compagnie, si on passe dans les parages et qu'ils ne sont pas rentrés, il y a de grandes chances qu'ils ne voient pas la lumière du jour le lendemain matin.

Bon. C'est vrai, c'est pas hyper-sympa de notre part de les tuer, mais c'est un peu votre faute, à vous les humains. À la base, on vivait tranquillement au Canada et au nord des États-Unis, puis vous nous avez pris pour des jouets et des bêtes de foire. Avec nos petites mains aux pouces interposables, on lave nos aliments et on arrive à séparer ce qui est bon pour nous des déchets. D'où notre nom si vous n'avez pas encore compris... Bref. Après nous avoir montré un peu partout dans le monde, des petits génies de votre espèce nous ont importés en Asie et en Europe, sans savoir que nous sommes plus rusés et plus fins que vous semblez le penser. Incapables de nous gérer, vous avez fini par nous libérer en pleine nature, sans nous ramener dans notre milieu naturel.

Depuis, on s'adapte, on mange ce qu'on trouve. En ville, on ouvre et on fouille vos poubelles en quête de nourriture, nous installant confortablement dans un arbre creux ou dans les toitures. Dans les campagnes, on se cache la journée dans les sous-bois, à proximité des ruisseaux et des étangs, chassant la nuit. Nous ne sommes pas très difficiles. Poisson, grenouilles, crapauds et petits crustacés sont notre lot quotidien. Puis, parfois, on s'aventure dans vos jardins, nous attaquant à vos animaux qui ont l'audace de dormir à la belle étoile, sans laisser la moindre trace derrière nous. Pas une plume, pas un poil, rien. Ni vu ni connu, on vous vole.

Ça vous arrive, rarement, de nous voir rôder autour de chez vous et de vos poulaillers. Mais vous avez perdu un savoir important, celui de reconnaitre des empreintes d'animaux voire certaines espèces. Vous n'en avez plus autant besoin qu'il y a seulement quelques siècles, mais quand même, faites un effort! Et quand vous nous voyez, vous peinez à en croire vos yeux et, le temps de vous ressaisir, on a disparu.

Vous nous aimez et vous nous détestez en même temps. Avec nos petites bouilles, on vous attendrit et vous peinez à trouver la force de nous tuer. Mais dès qu'on s'attaque à vos possessions, vous vous mettez en chasse, incapables de partager un peu ce qui nous est nécessaire à notre survie. Alors nous attendons, tapis dans l'obscurité, que vous détourniez le regard ou un moment d'inattention de votre part pour en profiter et prendre une part avant de déguerpir tout aussi vite. Vous pensez alors, et c'est bien normal vu que nous ne sommes plus là où nous devrions être, qu'il s'agit d'une fouine ou d'un renard. Nous sommes par ailleurs parents avec ce mustélidé bien connu et tout aussi bon chasseur et opportuniste que nous.

Mince! Vous nous avez enfin clairement vu, à proximité du clapier à lapins et du poulailler. Pas le temps de trainer, on prend la fuite avant que vous n'ayez le temps de saisir une arme ou de courir vers nous. Il va falloir qu'on se montre plus prudent, on se doute que vous n'allez pas oublier de si tôt notre visite surprise et que vous allez rester sur vos gardes pendant quelques temps.

Malheureusement, l'hiver ne va pas tarder et il faut bien que nous nous nourrissions pour que nous puissions prospérer. La faim ne tarde pas à nous tenailler et il faut bien que nous mangions. Les nuits s'allongent et la présence des petits animaux de ferme nous tente de trop. Prudemment, regardant de tous les côtés pour ne pas nous faire prendre, nous nous approchons, à l'affut de la moindre odeur de nourriture.

Là! De la viande. Pas la plus fraîche qui soit et elle est déjà morte, mais ce n'est pas trop grave. Le sol n'est pas parfaitement le même qu'il y a quelques pas, est-ce pourtant si étrange? Les hommes changent la nature du sol à grande vitesse, arrachant arbres et fleurs pour les remplacer par du béton et du goudron.

CLAP!

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