Sortie en boîte

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L'alcool pulse dans mes veines au même rythme que la musique électro. Une verre dans la main, je me dandine sur la piste de danse de la boîte de nuit. À mes côtés, mes deux meilleures amies bondissent dans tous les sens, lançant leurs poings vers le plafond et chassant tous les hommes qui les dévorent des yeux. Deux grands mains empoignent ma taille et m'attirent vers un torse puissant. Je me laisse aller contre lui quelques secondes avant de m'éloigner en lui faisant un petit signe de la main. Désolée, mec, je ne suis pas intéressée. Célibataire depuis plus d'un an, je reconnais que ça me manque de n'avoir personne dans ma vie et dans mon lit, mais ce n'est pas pour autant que je vais me transformer en fille facile et me mettre à coucher avec des gars rencontrés en boîte. Je le vois râler mais, heureusement pour moi, il n'insiste pas. Je me rapproche de mes amies, les forçant à arrêter de balancer leurs membres dans tous les sens.

Un peu plus tard, la soif me force à quitter la piste pour rejoindre le bar en jouant des coudes dans la foule de plus en plus compacte qui tente de se faire une place dans le grand espace créé en contrebas des quelques tables. Je finis par atteindre mon but en moins de dix minutes. Le barman me repère avant même que je puisse lui faire le moindre geste. Il me serre une vodka-pomme avec un sourire et un clin d'œil, m'empêchant de payer. Un verre offert par la maison? Génial! Je ne vais pas refuser une telle offre. Je m'accoude pour le boire à mon aise en gardant mes amies dans mon champ de vision. Deux hommes les ont rejointes mais elles restent dans leur bulle, ce qui est hilarant.

Un geste attire mon regard. Du coin de l'œil, je vois un homme. Grand, carré, les cheveux coupés tellement court qu'on le croirait chauve avec des yeux hypnotisant. Impossible de déterminer leur couleur avec les stroboscopes qui passent et repassent, délavant la pièce de ses nuances. Il y a quelque chose en lui qui m'interpelle, qui m'ancre à ce visage, qui me fait sentir comme un papillon de nuit face à une lampe. Mes pieds avancent seuls et ce n'est qu'une fois arrivée à quatre-cinq mètres que je remarque la meute de groupies assises à sa table et qui le dévorent littéralement. Dégoutée de m'être laissée prendre dans ses filets, je secoue la tête pour me débarrasser de ce désir crasse et tenace. Merde, j'espère que mon vibro a encore assez de batteries pour cette nuit, je vais en avoir besoin.

Je décide de rejoindre mes amies qui ont chassé tous les hommes qui s'accrochaient à leurs hanches. Elles me prennent les mains et m'entrainent dans une nouvelle danse endiablée. J'oublie tout. Adieu travail, célibat et regard viril. Seuls comptent l'alcool dans mes veines et les basses qui me font vibrer.

Je sors de ma transe à cause d'une envie pressente. Où se trouvent ces maudites toilettes? Dans un coin de la salle, je repère enfin le pictogramme. Je me faufile sous les bras, glisse entre les corps en sueur et parviens à quitter la piste. Dans le couloir sombre, des mouvements étranges m'arrêtent. Il faut une seconde à mes yeux pour s'habituer à la faible luminosité et trois de plus à mon cerveau pour comprendre ce qu'il se joue devant moi. Merde! C'est une putain d'orgie! Une dizaine de couples sont en train de baiser contre les murs voire même au sol. Dégoutant. Le nez froncé par l'odeur de sexe qui plane dans le passage, je dois enjamber deux femmes en plein 69 pour arriver à destination. J'ai envie de prendre une douche et de me laver les yeux pour effacer ces images de mes rétines.

Je me soulage, sors de la cabine et me lave les mains, percutant enfin qu'il y a une présence derrière moi. Je lève la tête et intercepte une paire d'yeux caramel. Ma respiration se bloque dans ma poitrine où mon cœur s'emballe. Je reconnais cet homme. Car c'est bien un homme qui se trouve dans les toilettes des femmes. C'est le même qui avait mis de feu à ma petite culotte et qui me fait espérer avoir assez de batterie pour me soulager de la tension et du désir sexuel qui m'habitent. Lentement, alors que je m'essuie les mains, il s'avance vers moi. Ses grandes mains s'abattent de part et d'autre de ma tête et je sens son buste dans mon dos. À la vitesse d'un escargot, je me retourne et découvre son visage à quelque centimètres du mien. Je plonge dans cet océan orangé qui rencontre le bleu ciel de mes yeux. Mes paumes deviennent moites et je perds la raison. Une seule chose me reste à l'esprit: goûter ses lèvres et voir si son corps peut tenir les promesses qu'il fait.

Merde! Je suis dingue ou quoi? Que disais-je, il n'y a que quelques heures? Ne pas coucher avec un mec rencontré en boîte, surtout quand j'ai trop bu. Je détourne la tête, pose mes mains sur ses épaules musclées pour l'éloigner de moi. En faisant ça, je lui offre un accès plus que tentant vers mon cou et il n'hésite pas une seconde avant de plonger dessus. Ses lèvres frôlent ma peau, déclenchant une flopée de frissons délicieux qui dévalent mon dos pour faire grossir cette bulle de désir dans le fond de mon ventre. Il fait dériver sa bouche vers l'ouverture de ma chemise, me clouant au mur frais des toilettes. L'une de ses mains lâche le carrelage pour glisser le long de mes formes et se faufiler sous l'ourlet de ma jupe plissée pour caresser délicatement la dentelle de ma culotte trempée.

Non, non, non! Mon cerveau se reconnecte au moment s'insinuent sous la mince protection qui recouvre mon sexe. Toutes les alarmes de mon corps se déclenchent en même temps, faisant retomber mon excitation. Je tombe de haut, c'est la douche froide. Je me dégoûte de m'être laissé faire aussi facilement. Je le repousse plus fermement que la première fois et prends la fuite, quittant ces toilettes, loin de la tentation qu'est cet homme inconnu et trop sexy pour mon bien-être.

Malheureusement, dans le couloir, c'est toujours la débauche d'une orgie à laquelle d'autres personnes se sont ajouté pendant que je prenais du bon temps aux toilettes. De l'autre côté, je vois mes amies qui me cherchent. Je leur fait signe et me fraie un chemin entre les corps gesticulants et gémissants pour les rejoindre. Elles me prennent dans leurs bras, hurlant leur inquiétude par-dessus la musique. Je les rassure et vois du coin de l'œil l'homme qui m'a presque fait jouir contre le mur des toilettes sortir par la porte de secours au fond du passage. Légèrement déçue, je me laisser guider par les filles jusqu'au bar.

Le barman remarque que je ne suis pas dans le même état d'esprit que tout à l'heure et m'offre un second vodka-pomme. Je le remercie d'un bisou sur la joue, en équilibre précaire par-dessus le bar. Un nouveau clin d'œil et il s'en va servir d'autres clients. Je sirote ma boisson et me reconnecte avec l'ambiance électrique qui règne dans la discothèque et mes meilleures amies. L'alcool me fait du bien pour oublier cet homme qui me perturbe et m'excite toujours.

BAM!

BAM!

BAM!

Des coups de feu retentissent dans la salle. La musique s'arrête brutalement au milieu d'une chanson de Quentin Mosimann, remplacée par des cris de terreur. Les gens se jettent au sol pour éviter les balles qui continuent de voler dans tous les sens. Mes meilleures amies me tirent avec l'arrière du bar pour nous protéger mais je ne les sens pas, les yeux braqués sur l'homme de tête du groupe d'assaillants. Même avec une cagoule et des vêtements différents, je le reconnais. Il me regarde droit dans les yeux et se lèche les doigts qui se sont faufilés sous ma culotte. C'est lui. Ses yeux caramel me transpercent et m'hypnotisent. Je n'entends plus rien. Plus de balles, plus de cris, plus de peur, juste l'adrénaline qui court dans mes veines à la place de l'alcool et mon désir pour lui qui me pousse à avancer à travers le cliquetis des fusils, droit vers sa main tendue qu'il me tend.

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