Chapitre 3

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PREMIER MARDI, j u i l l e t

    Tout perdre à l'âge de vingt et un ans. Une effroyable conscience de la vérité sur la vie. Un homme au destin tragique. Une route qu'il n'avait pas choisie. Un homme qui venait à peine de passer la maturité et qui, d'un seul jet, s'était retrouvé embarqué à travers le verre coupant de son avenir. Il n'avait jamais imaginé que ça lui arriverait, à lui, si innocent, à qui la vie offrait les plus simples des plaisirs, chaque jour. Autant de surprise que de lassitude, d'angoisse et de peur. Un esprit vide, une mémoire qui s'était oubliée dans le précipice de la falaise. Comme un choix ultime, c'était un prix à payer. Il ne pouvait partager ses angoisses que sur un logiciel d'écriture sur son petit ordinateur apple, qu'il avait eu d'un couple mariés depuis trente deux ans et qui se prétendaient être ses parents mais dont il ne se souvenait pas ou peut-être plus, pensait-il. Écrire sur du papier lui paraissait inutile, il avait de toute façon mal au poignet depuis cet incident et préférait gagner du temps que d'en perdre. Il écrivait tout de même mais ne savait pas pourquoi. En premier lieu, par ce que son psychologue le lui avait obligé et qu'il avait signer un contrat – il aurait culpabiliser si jamais il ne l'avait pas fait et au fond de lui, il voulait guérir. Quant à sa vie, depuis quelques mois ne se résumait qu'à vagabonder dans les rues marchandes, avec l'envie irrépressibles de goûter à chaque nouvelles beautés qu'ils croisaient, et goûter au divers cafés de la ville. Quant aux activités intérieure telle que la littérature, il s'en passait. La littérature russe était la seule lecture qu'il se permettrait à savourer de ses yeux vides et cela, de rares fois. Il n'y avait pas de bibliothèques gratuites dans ce petit village abandonné, ce qui parfois, l'arrangeait mais se retrouvait obligé à payer afin de pouvoir lire sur sa tablette. C'était un fait mais c'est tout ce qu'il avait appris à apprécier depuis son accident. La destination que Avram avait choisie était la Russie. Ce grand et beau pays. Cela faisait plusieurs années qu'il préparait ce voyage. Russie, un si vaste pays surpassant toute l'Europe, de son immensité et de beauté durant les périodes d'hiver, se disait-il, le pays de mes rêves, un goût sucré dans la bouche quand il prononçait son nom.

   Il s'imaginait là-bas, parcourant les vastes plaines qui prédominaient les steppes au sud, ou bien la forêt au nord. Ou la toundra le long des rivages de l'océan Arctique. Il voulait photographier les plus grands paysages, tel que l'île de d'Olkhon sur le Lac Baikal. Il rêvait de pouvoir sentir la chaleur suffocante du soleil ou la fraîcheur glaciale de la neige. Qu'importait, la Russie n'était habitée que par ces deux saisons. Il voulait que ses yeux goûtent à la littérature classique russe d'Alexandre Pouchkine, le Shakespeare russe.

— « Voilà, monsieur Centrique. Un vol pour la Russie. Avez-vous des objets que vous souhaitez faire passer en cas d'incident ? Avram laissa échapper un petit rire, acquis et donna le petit papier plié en quatre à la jeune hôtesse derrière le comptoir en marbre. Bon voyage, monsieur, lui lança-t-elle dans un petit sourire. »

  Malheureusement, quelques heures s'étaient écoulées. Aussi longuement qu'une feuille sur la terre. Qu'une étoile parcourant le vaste ciel. Les derniers battements qui se déchaînaient. Une respiration coupée. Une vue brouillée. Ses sens l'abandonnaient, et seuls ses membres, figés par la peur, s'étaient accrochés le plus fortement possible au bras en fer de son siège, lui glaçant le sang de par sa froidure. Les frissons lui grimpaient dans la colonne vertébrale, et chaque secondes qui s'écoulèrent à ce moment-là disparurent dans un amas de fumée. C'était trop tard, l'avion avait décollé vers sa prochaine destination.


   Avram venait de se réveillait. Il était nu, sous un drap blanc qui formait les coupes sensuels de son corps. Il était mince et élancé, une taille marqué, des muscles saillants qui brillaient sous les éclats lumineux du soleil, qui passait au travers de la fenêtre pour luire tendrement sur sa peau d'homme. Il était presque somnolant, à ne rien faire. L'image de la jeune libraire et son corps nue qui se dévoilant dans son esprit. Il souriait, fier d'une imagination si cocasse. Il espérait, malgré l'heure tardive, de se rendormir pour espérait rêver plus. Il n'avait plus d'énergie et de hardiesse pour laisser sa main assouvir ses désirs sexuels. Il espérait être tranquille, ce jour-là. Mais Alexandre, sans prendre une quelconque peine pour se servir des bonnes manières inculquées par ses parents, ne toqua pas et ne sonna pas non plus à la porte, et s'invita précipitamment dans la chambre de son frère. En voyant son frère la main en dessous de la couette, et l'autre derrière sa tête, il poussa un soupir rauque :

« — Putain, Avram ! Sérieusement, il est quinze heures ! Ça fait une heure que je t'appelle sur ton portable. Tu as pensé à y jeter un œil ?

— Non. Avram avait un sourire narquois plaqué sur sa face hâlé. Il riait de la gène que son frère pouvait ressentir devant lui, qui venait de commencer à se masturbait. Avram ria à gorge déployé avant de se redresser pour enfiler un slip qui traînait par-là.

— C'est bon, c'est bon, grogna Avram. Il se passe quoi, aujourd'hui ? Adda a fait une connerie, c'est ça ? Une baffe dans la gueule et c'est réglé.

— Agir de telle sorte ne suffit pas pour éduquer une gamine en pleine crise d'adolescence. Il s'agit d'elle en second lieu.

— Donc, en premier lieu ? Avram étira ses lèvres fines pour laisser échapper un long bâillement, en s'attardant dans la cuisine, décapsulant une bière qu'il venait de sortir de son mini frigo. Il but une longue goutte, écoutant Alexandre, mais aussi pour ne pas avoir à causer.

— Le problème, pour l'instant, c'est papa. Il est à l'hôpital. Alexandre observa Avram qui buvait et qui ne répondait pas. Dans un soupir, le frère prit place sur une chaise, et croisa les bras, sans quitter des yeux son pervers de frère qui engloutissait sa bière sans aucunes pauses. Les médecins ne savent pas du tout ce qu'il a et maman a perdu son boulot à cause d'Adda. Elle a tenter de voler plusieurs bouteilles de vodkas derrière le dos de maman. Elle s'est fait renvoyée sans rien attendre. Ça va faire trois semaines. On a dépensés nos derniers fonds pour que papa ai une chambre à l'hôpital. On a plus rien pour payer ses vaccins et ses prochaines opérations. Il faut que tu rentres à la maison pour venir nous aider.

— Je ne vous servirais à rien, et rien ne confirme que vous êtes ma famille.

— Écoute, Avram, tes réactions de gamins puérils, ça suffit. Tu peux sauter toutes les putes de la région si tu le souhaites mais mes parents sont les tiens, Adda est ta sœur et moi, ton frère. Que tu le veuilles ou que tu ne le veuilles pas. Donc tu prends ce putain de billet d'avion et tu rentres à la maison. T'as deux semaines.

— Et si je ne viens pas ?

— Je te tuerai de mes propres mains. »

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