Chapitre 4

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DEUXIEME LUNDI, j u i l l e t

  Une semaine s'était écoulée dans un long flottement silencieux. Le temps était plus calme, absentés des enfants bruyants par ces vacances. L'appartement d'Ysée avait était habité par un grand et chaud soleil, d'une volupté si incandescente, que lorsqu'elle posait un pied sur le sol de sa cuisine, une vive brûlure lui arrachait un petit cri de douleur. Cette légère douleur, devenue une sorte de signe étrange, avait permis à Ysée de réfléchir. Oui, par ce que ces temps ci, réfléchir lui donnait un mal de crâne. Ce qui l'amenait à faire les choses logiquement sans se demander si ça pouvait être bien ou mal. Malgré le soleil qui l'en empêchait, une fois sous la douche, ses pensées étaient plus libres. Nue, l'eau coulait sur son visage fin, et parcourait son corps gracieux. Des seins ronds et fermes pointaient au contact de la chaleur humide de la douche, qui ruisselait sur un ventre plat et blanc, des cuisses fuselées et de longues jambes fines. Ysée avait un corps svelte, sur lequel n'importe quel vêtement lui donnait un charme sensuel, dont on pouvait, à chaque fois que l'on passait près d'elle, sentir un parfum de jasmin.

    Entre les quatre murs transparents de la douche, Ysée poussa un long soupir. La tranquillité s'invita contre ses lèvres, embrassant ardemment la jolie brune. Le pommeau de la douche appelait à la dérive la jeune femme à se coller contre ses gouttes d'eau pour faire fusion avec. Elle frissonna en sentant le liquide chaud parcourir son corps. Elle s'imagina des mains. Celles de la passion. Cette amie qui, depuis longtemps, l'accompagnait dans des exploits sulfurant, la tuméfiant de partout, le corps rougit par l'effort, comme la sueur de son front. Quelques secondes de plus à profiter du plaisir intense de cet inconnu dans lequel elle baignait, qui prenait un plaisir à réchauffait le corps fébrile de la jolie brune, l'entourant d'une buée semblable à un nuage qui menait la victime dans ses plus grands rêves, pour mieux la garder. Mais une sonnerie, dissonante à l'oreille fébrile d'Ysée résonna dans la pièce voisine, heurtant la jeune femme dans sa concupiscence. La gêne enveloppa la pièce d'une tendre jalousie, mais Ysée, les joues rougies par l'effort, du se résoudre à répondre l'appel. Elle sortit de la douche. Elle s'enroula dans un léger tissu aux motifs fleuris avant de se diriger vers sa chambre, petite et vintage, dans laquelle elle se balada nue, ses longs cheveux bruns mouillés et échevelés, prenant sa tenue qu'elle avait préparée plutôt. En enfilant de manière délicate sa culotte en dentelle blanche, puis sa longue robe verte, Ysée réfléchissait. Reprenait le fil de ses pensées, interrompues avant sa douche. Régnait en elle un souffle d'angoisse, caché au fond de son corps moite dont elle ne se rendit pas immédiatement compte avant de s'apercevoir que ses mains tremblaient. Elle souffla doucement, inspira longuement et ferma les yeux. Elle se questionnait à propos de l'appel qu'elle avait envoyé au propriétaire de la librairie, monsieur Romane. Il avait répondu à son appel de manière si hâtive, qu'elle-même avait été surprise d'avoir mis autant d'empressement dans sa demande de rendez-vous. Pourtant, c'était fait. La demande de rendez-vous avait était faites et elle espérait que le rendez-vous ne se passe sans réels encombres et que les choses puissent lui simplifier la vie. Deux heures, et ce serait fini. Bientôt, cette grande libraire semblable à une boîte aux odeurs d'amande disparaîtrait, et avec elle toutes ses légendes, ses mythes, ses œuvres d'art. Cette grande boîte deviendra, un jour au l'autre, vidée de sa culture vivante. Puis, sans lendemain, ni retour possible, elle disparaîtra dans un amas de poussières.


   Avram aimait les femmes. C'était avant tout pas par hasard, et avec esbroufe. Il les cherchaient de ses yeux, tout le temps, avec une jolie curiosité. C'était comme une irrémédiable attirance, de nature physique, une aversion. Parfois, il descendait les trois étages qui le séparaient de la rue et sortait pour se poser contre le vieux mur de briques rouges, les mains dans les poches. Il regardait par-ci, par-là, l'astre lumineux recouvrait sa peau hâlée, ses pupilles émeraudes visaient chaque passante qui marchait de manière sûre, parfois plus fébrile, devant lui. C'était là, son destin. Attendre que l'une d'elles s'arrête près de lui et, d'un regard charmeur, puis par un baiser enflammée, finisse sa nuit dans son lit. C'était irrépressible. Voir des corps si bien sculptés, offerts par des divinités, des créatures mystérieuses et attirantes. Il se devait d'embrasser chaque parcelle de leur corps si pur. Toucher une femme, n'importe laquelle, lui permettait d'assouvir quelque chose qu'il ressentait contre sa peau. Étancher sa soif, quelle soit physique ou mentale. Mais aujourd'hui, Avram ne pensait qu'à une seule personne. Il ne connaissait pas son nom, mais se souvenait de ses courbes précises, sa taille marquée, ses jambes fuselées et de son visage si fin, si beau, si poétique : semblable à une montagne entourée de deux lacs. Il voulait la revoir. Pour lui dire qu'elle était belle. Il devait s'approcher de cette flamme vive. Il devait l'embrasser, caresser sa peau si blanche, sentir l'odeur de ses longs cheveux bruns en cascade. A peine eut il cette pensée, cet objectif, par cette matinée chaude et ensoleillée, qu'il décida de quitter son appartement.

   Le chemin était, sur les côtés, parsemé de fleurs roses sur les côtés, s'ouvrant et grandissant chaque jour. A peine écloses, elle étaient magnifiques. Avram étira ses lèvres. Comme elle... Beaucoup de passants traversaient ce petit chemin, avec empressement pour certains. Le soleil était matinal, baignant d'une lumière chaude, éclatante, d'une chaleur irrésistible. Tout paraissait beau, aujourd'hui. Tout se diffusait doucement, ce matin-là : la lumière, les sons plus calme que les autres jours, les rires de joies qui semblaient diffusaient de la bonne humeur, les odeurs variées qui donnait de la panache au paysage urbanisé. En s'attardant sur le trottoir pour rejoindre celui d'en face, là ou les habitants étaient moins nombreux et ou l'ombre faisait office de fraîcheur, il aperçut la boulangère qui patientait devant une friterie, tenant la main d'un petit garçon assit sur une chaise roulante. Il la connaissait bien la boulangère, c'était une femme sage, mère de cette ville. Tout le monde la connaissait pour ses nombreuses pâtisseries goulûment bonnes et incroyablement délicieuses. Plus jeune, pendant des vacances, il l'avait rencontré alors qu'il lui avait volé deux ou trois petits pains aux chocolats, parsemés de miettes colorées, précautionneusement emballé dans un papier bleu opale. Elle l'avait pris sur le fait et lui avait obligé a travailler pendant toutes les vacances pour elles. C'était l'un des rares souvenirs dont il en avait encore des images nettes et claires.

   La boulangère était une amie a lui, il l'aimait beaucoup. Lulu somnolait sur sa chaise roulante, la mine renfrognée. L'ombre le protégeait du soleil qui s'intensifiait au fil des heures et semblait endormir le petit garçon. Théo venait de sortir de la friterie, avec dans les bras, un grand sachet plastique blanc ou l'on voyait du jaune un peu partout. La bonne odeur de frites s'échappait du plastique pour attendrir de faim les narines enfantines. La boulangère pris le plastique dans ses bras et l'accrocha à la chaise roulante du petit garçon.

« — Non ! S'écria le petit garçon, je veux que Théo me tienne la main ! »

    Surprise, la boulangère retira sa main de celle du garçonnet et laissa la place à l'étudiant. Elle esquissa ses lèvres ridées envoyant Lulu prendre la main Théo et lui parlait en rigolant tout au long de la route.

« — On ira au parc, hein, dit ? » Théo ne répondait rien mais il avait ce sourire gauche qui illuminait son visage. La boulangère riait intérieure de ces deux enfants.

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