PDV du colonel

Je frappe et entre aussitôt ce qu'elle ne devrait pas apprécier. Je la provoque volontairement pour lui montrer qui commande. Je le fais rarement, seulement quand je dois imposer mon autorité devant les plus rebelles.

Elle est debout devant la fenêtre ; elle ne prend même pas la peine de se retourner. Je me demande ce qu'elle fait de la politesse. Si, en plus, il faut lui en apprendre les bases, ce n'est pas une année qu'il va me falloir pour la remettre dans le droit chemin mais plusieurs.

- Ely, lorsqu'une personne entre dans ta chambre, tu dois te retourner pour la saluer. C'est un minimum de respect pour la personne qui entre !

Elle se retourne doucement avec une mine déprimée. Cependant, il faut que je me méfie parce que les nouveaux font souvent cela pour noyer le poisson. Je pense que cette petite a beaucoup plus de ressources que ce qu'elle laisse paraître en ce moment.

- Excusez-moi, monsieur.

- Ce n'est pas monsieur mais mon colonel ; on dit : je vous prie de m'excuser mon colonel. Répète.

Je la vois hésiter. Elle a l'air si fragile derrière son côté rebelle.

- Je vous prie de m'excuser, mon colonel.

- Ceci étant réglé, voici ton emploi du temps ainsi que le fonctionnement et le règlement de cet établissement. Tu dois les respecter si tu ne souhaites pas être punie.

Je la fixe jusqu'à ce qu'elle me réponde.

- Oui, mon colonel.

- Bien, je vois que tu commences à comprendre où est ta place. Je vais te résumer le plus important même si tout ce qui est dans ces documents est à connaître. Premièrement, les portables sont interdits. Je n'ai pas besoin de récupérer le tien car il est déjà dans mon bureau. Deuxièmement, vous avez le droit de téléphoner une fois par semaine durant 5 minutes devant un gradé lorsque votre comportement et vos notes ont été irréprochables au cours de la semaine. Vu ton comportement depuis ton arrivée, tu n'as pas le droit à cet avantage pour cette semaine. Troisièmement, tout le monde s'habille en treillis et rangers. Vos habits sont dans cette armoire.

Je la vois qui blêmit à chaque nouvelle règle alors que moi je jubile. Pour finir, elle a l'air moins rebelle que je ne le pensais. Je continue à lui énumérer les règles, les unes après les autres. Lorsque j'énonce la règle sur les sorties, son comportement neutre jusque-là, change. Effectivement, c'est une des règles les plus difficiles à supporter pour nos recrues. Pour le moment, elle est interdite de sortie que ce soit en semaine ou le week-end. Je lui explique que c'est un privilège qui se gagne. Je préfère la garder sous mes yeux après ce qu'elle nous a montré depuis son arrivée.

- Mais vous êtes complètement dingue dans cette école. C'EST UNE ATTEINTE À MA VIE PRIVÉE ! ET PUIS QUOI ENCORE ! QUE JE VOUS DISE QUAND JE VAIS PI..

Je lui coupe la parole. C'était trop beau pour être vrai ! Même si son comportement au fond me fait sourire, il faut que je sévisse pour imposer mon autorité.

- Très bien ! Pour bien faire comprendre à cette petite tête que je ne peux pas tolérer ces paroles qui sortent de cette bouche, tu rédigeras une dissertation de 4 pages sur ton comportement depuis ton arrivée. Tu y ajouteras les solutions que tu envisages pour améliorer ton attitude. Un conseil : fait la correctement si tu ne souhaites pas recevoir une nouvelle fessée en travers de mes genoux. Estime-toi heureuse de ne recevoir que cette légère punition. Nous sommes vendredi, je la veux dimanche soir dernier délai sur mon bureau.

- Oui, colonel.

- Pour ce dortoir, le repas est servi à 19 h et le coucher est à 21 heures. Que nous ne te voyons pas debout après l'extinction des feux ! Bonne soirée Ely. Je ne veux plus entendre parler de toi au cours de ton séjour parmi nous, me suis-je bien fait comprendre?

- Oui, colonel

Elle soupire, mais je fais celui qui n'a rien entendu. Je sors et retourne à mes occupations.

PDV d'Ely

Pourquoi est-il toujours sur mon dos? Pourtant, un colonel ça ne sort pas de son bureau. Je suis hyper énervée : pas de téléphone, pas de sortie, pas de ceci, pas de cela... c'est pire que la prison. Ce colonel et ce lieutenant sont des vrais tyrans. Mine de rien, c'est bien à cause du lieutenant que j'ai été punie le premier soir.

Je vais me faire un plan d'attaque afin de mieux les contrer.

Première chose, je dois faire profil bas durant quelques jours afin de ne plus attirer leurs attentions sur moi. Il faut que je me calme ; le souci c'est que je ne sais pas faire quand je vois ce connard qui fait exprès de m'énerver avec ses règles. On ne m'en a jamais imposées depuis que je suis petite et, lui, il arrive avec ses grands sabots et me dit ce que je dois faire. Je ne vais pas me laisser faire !

J'aimerais bien rencontrer mes camarades, histoire de voir à quoi ils ressemblent. Et, surtout, essayer d'obtenir quelques infos pour pouvoir sortir de cet établissement de merde.

Grâce à leurs sanctions, ils espèrent que je vais devenir docile et bien ils vont attendre longtemps.

À quelle heure est le repas déjà ? En plus, je ne sais même pas où est le réfectoire. J'ouvre ma porte pour voir si un élève traîne dans les parages mais le couloir est vide. À mon avis c'est 19 heures, je regarde ma montre 18h50. Je sors rapidement afin de trouver le réfectoire en regardant le plan. Ouf ! Il est là ; je m'empresse de rejoindre les autres qui sont déjà en file indienne en attendant de rentrer. Il n'y a pas un bruit, personne ne discute. Ma mission s'avère beaucoup plus compliquée dans ces conditions.

Je vais essayer de discuter avec le garçon de devant afin de créer un lien.

- Salut, ça va ?

- Tais-toi, tu es folle ou quoi ? Tu vas faire punir toute ta section, me répond-il.

En se retournant, il me lance un clin d'œil.

Il va falloir que je le questionne dès que je pourrai. À priori, une fois dans les rangs, on n'aa plus le droit de parler. Encore une règle à la con ! Pourtant, je ne me rappelle pas que le colonel me l'ait énoncée. Il va vraiment falloir que je lise ce foutu règlement si je ne veux pas être punie ou, pire, faire sanctionner toute ma section ce qui me ferait beaucoup d'ennemis potentiels.