Chapitre 12

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Mon regard est vide. Je suis malmenée sans pour autant parvenir à soulever mes paupières. J’ai l’impression d’être secouée dans tous les sens. Pendant un instant, mes mouvements s’arrêtent. J’entends comme un bourdonnement régulier. Il chatouille mes oreilles.

Mon cœur comprend qu’il est en danger et se décide enfin à m’avertir. Les pulsions sont plus fortes. Les tremblements reprennent. L’anxiété grandit. Mes mains me tiennent le visage. Je ressens une douleur remonter le long de ma gorge. Comme un flux de sang.

Une caresse effleure ma cuisse. Mes poils s’hérissent de surprise et de peur. Une odeur infâme se propage autour de moi. J’encaisse un souffle chaud à l’haleine de putois proche de ma bouche. Plus près. Encore. C’est insoutenable. Mon corps explose. Il parvient à reprendre possession de lui-même. J’ouvre les yeux.

Un plafond rose me fait face. Je mets plusieurs secondes à comprendre où je suis. Ma tension baisse. Mon index gratte mon nez, signe que je suis toujours angoissée.

Je souffle un grand coup et prends conscience que je suis allongée dans mon lit, chez maman. Une commode renfermant mes vêtements est encrée sur ma gauche. Devant moi, un meuble contenant des DVD et du matériel électronique avec, posé sur le dessus, une petite télévision. À côté du petit écran de vingt-quatre pouces est montée une porte donnant sur mes toilettes personnelles. À ma droite, je retrouve mon bureau en bois, sur lequel trône un ordinateur portable et des pots pleins de crayons, puis ma table de chevet recouverte par une lampe tactile. Enfin, je reconnais l’encens goût pomme qui parfume l’entièreté de la pièce.

Tout ceci n’était qu’un mauvais rêve !

Je dépose une paume délicate sur ma joue et frotte vigoureusement pour me réveiller et détendre mes zygomatiques. Mes paupières sont très pesantes. Je n’ai jamais eu le sommeil aussi agressif.

J’insère mes pieds nus dans des chaussons licornes et me dirige vers la porte en progressant lentement sur la moquette blanche.

J’actionne la poignée. Aucune réaction.

D’instinct, je secoue la tête en esquissant une petite grimace narquoise. Je tente à nouveau. Elle est bloquée. Je me remémore les images que je pensais tirées d’un rêve et réalise avec abjection que je possède trop d’éléments réels.

C’est impossible ! Pas encore ! Réveille-toi Alice.

Cette fois-ci, je n’ai pas la nécessité de me pincer. En reculant de stupeur, je bute contre mon lit et m’assois sur la housse de couette bleue qui l’habille. Je n’y ai pas prêté attention la première fois, mais, maintenant, un petit détail me saute aux yeux. Un détail terrifiant. Il me prouve la véracité des dernières heures écoulées. Je suis anéantie. Le cauchemar reprend. Un chapitre se tourne et un autre commence. L’ascenseur émotionnel illumine mon étage et me fait évoluer au sein d’un gratte-ciel infini.

La boucle est bouclée.

Oh non.

La victime est piégée.

Faites que ce ne soit pas vrai.

Un petit rectangle est détouré dans le bas de la porte. La trappe qui y est fixée permet d’entrer, mais pas de sortir de ma chambre.

Le mal est déjà fait.

Putain de chatière de merde.

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