Chapitre 6

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Je prends conscience de l’horreur que j’ai vécue sans pour autant m’en rappeler. De tous ces mensonges. Y en a-t-il d’autres ?

Tandis que je m’apitoie sur mon triste passé, un raisonnement métallique cogne jusqu’au fin fond de mes entrailles. Une énorme vague de chaleur, tel un tsunami aperçu au dernier moment, transperce tous mes membres. Une boule m’enserre la gorge. La chatière s’est ouverte. Je ne l’ai même pas vu se refermer. Une assiette contenant de la salade verte et des morceaux de porc froid vient d’apparaître. Elle est recouverte par un film plastique avec des couverts propres à côté.

Premier réflexe, hurler à plein poumon et tabasser la porte de toutes mes forces :

— Pourquoi faites-vous ça ! Qui êtes-vous ? Sortez-moi de là !

Aucun résultat, bien évidemment.

À quoi pensais-tu Alice ? Réfléchis. Ton agresseur ne veut pas spécialement te faire de mal, mais il n’est pas prêt à te libérer juste parce que tu le lui demandes.

Peut-être qu’il veut de l’argent ? Une rançon ? Putain, je n’en sais rien.

Deuxième réflexe, analyser la nourriture. La salade semble verte et fraîche. Le porc, cuit. Il y a même une petite dosette de mayonnaise que je n’avais pas vue. Tout ceci est totalement paradoxal !

Je suis enfermée dans une pièce moisie, mais traitée de sorte que je sois dans un confort maximal au sein de cette prison. Il y a quelque chose qui cloche.

Quoi qu’il en soit, je mange doucement et mon ventre me remercie.

Après une bonne heure, en tous cas, selon l’horloge que je m’invente, mes paupières sont lourdes. Le temps à l’extérieur est toujours noir. Je pense que nous sommes en fin d’après-midi. J’ai besoin de sommeil. Dormir sur le sol dur ne m’enchante pas, mais je ne dispose pas d’autres alternatives. Je m’allonge et fait le bilan de cette journée effrayante qui va se reproduire demain.

Je me suis réveillée dans cette salle macabre en disposant d’une chaleur suffisante pour ne pas m’effondrer, ainsi qu’un bon repas suffisamment copieux. J’ai même semblé beaucoup moins affolé que je ne le devrais.

D’un coup, sans que je le veuille, ma vessie m’élance cruellement. C’est vrai que le stress m’a empêchée de ressentir mes besoins. Je m’assieds immédiatement sur le WC, me rince ensuite les mains et bois une grande gorgée d’eau directement du robinet. Elle n’est pas très bonne, mais sûrement potable. Un goût de tuyauterie se glisse dans ma gorge. J’esquisse une grimace amère. Ça ira.

Au moment de plonger dans un sommeil réparateur, la chatière s’actionne une nouvelle fois. Je sursaute.

Comme auparavant, je n’ai pas eu le temps de distinguer ne serait-ce que des doigts. Une couverture bleue épaisse se retrouve devant la porte. Je la déplie. Elle est douce et moelleuse.

En la secouant, juste avant de la déposer sur le sol à l’opposée de la fenêtre, un petit papier jaune atterrit lentement à mes pieds. Je l’attrape. Sans pouvoir les contrôler, mes mains sont prises de légères secousses. Elles se raidissent à la lecture du message. Un pique d’adrénaline percute mon cœur de plein fouet. L’incompréhension gagne rapidement mon esprit, toujours mélangée à cette anxiété permanente plus ou moins puissante. Mon souffle se coupe de nouveau. Je sens la peur grimper. La claustrophobie reprend du terrain. Je dois la dompter.

Une phrase est écrite au stylo noir comme la nuit sur le petit bout de papier.

Pardonne-moi.

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