Après-midi entre fille !

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Léonie !

Samedi, presque onze heures et j’ouvre à peine les yeux. Quel pied de pouvoir faire une grasse matinée et je n’ai pas entendue mon voisin de la nuit. Soit il a retenu la leçon, soit il est allé faire la fête ailleurs, peu importe, ce que je vois, c’est que j’ai retrouvé ma tranquillité.

Putain, quand j’y pense, je suis en train de vieillir !

Si je ne supporte même plus la bringue en pleine semaine, que vais-je devenir ? À ce rythme-là, d’ici la fin de l’année, je vais hériter du chat de Cléo.

Non, j’ai vingt-sept ans et je refuse d’agir comme si j’en avais quatre-vingts ! Il faut remédier à la situation et vite. J’aime trop sortir pour me laisser aller de la sorte. Ce soir, je suis bien décidée à aller danser et à picoler jusqu’au bout de la nuit, il ne me reste plus qu’à trouver comment convaincre Cléo de bouger. Joy, cela devrait être facile, mais ma meilleure amie risque d’être plus difficile à persuader. Depuis qu’elle en couple et qu’elle a accouchée, il n’y a plus moyen de l’éloigner tard de chez elle, ma morue préfère passer ses soirées tranquilles devant la télé, même mamie camomille à une vie sociale plus active que la sienne.

Je me connecte sur Messenger, ouvre notre conversation de groupe et en parcourant nos derniers échanges, je constate qu’ils ont bien changé. Auparavant, nous partagions des photos de beuveries et maintenant, mon fil est rempli de clichés de la petite Laura. Soyons claire, j’adore cette gamine, c’est ma nièce favorite, mais si elle pouvait prendre un peu moins de place, je ne m’en porterais pas plus mal.

Ma copine me manque, je l’avoue !

Attention, je vous vois venir, non, je ne suis pas jalouse de ce qu’elle a. Cléo à toujours rêver de cela et je suis ravie pour elle, mais la vie de famille ce n’est pas pour moi, du moins, pas avant au moins trente-cinq ou quarante ans. J’ai envie de profiter à fond avant de rentrer dans une routine chiante et prévisible le plus tard possible. Parce que soyons honnête, une fois en couple avec des enfants, plus de sexe n’importe où, plus de soirées de folies, des valises encore plus grosses que celles que j’emporte pour partir en vacances sous les yeux, bref, la merde !

Prise de conscience ! C’est exactement ce que je suis en train de vivre, sans le mec et les gosses, tous les inconvénients sans aucun avantage.

Bien décidée à remettre ma vie sociale sur les rails, j’envoie des messages groupés à mes folasses.

Moi 11 h 06 : Mes amours, les copines de mon existence, l’heure est grave et j’ai besoin de vous de toute urgence, ma santé mentale en dépend ! Ma morue, Rafiqui, ne me laisser pas tomber, je suis en train de sombrer ! Les filles, je me meurs, je ne suis plus comme avant, il faut faire quelque chose !

Rafiqui : 11 h 07 : Tu ne vas pas nous sortir le code d’urgence ?

Moi 11 h 08 : Si, c’est un code ROUGE le plus rouge qui soit ! J’ai la chatte qui crève de faim, mon minou est en train de dépérir à vue d’œil, à ce rythme-là, d’ici peu, j’aurais retrouvé ma virginité et vous êtes bien placé pour savoir que la première fois est loin d’être la meilleure ! Je refuse de revivre ça. Pitierrrrrrrrrrrr, je suis en manque !

Rafiqui 11 h 10 : Tu ne trouves pas que tu exagères un tout petit peu ?

Moi 11 h 10 : Quoi moi ? Mais alors passss du toutttt ! On sort ce soir ? Dites oui !

La morue 11 h 11 : Putain, mais vous n’avez pas un peu finis de faire vibrer mon cul ? J’essaie de donner à manger à ma fille ! Qu’est-ce qui t’arrive la suceuse ? La dernière queue n’était pas à ton goût ?

Rafiqui 11 h 12 : Apparemment, elle ne voit plus d’organes génitaux masculins. Je me demande si elle serait capable d’en reconnaître une, si elle lui passer devant le nez ! Lol !

La n 11 h 15 : Tu parles oui ! Même les yeux fermés, elle en retrouverait une, j’en suis convaincue ! MDR !

Rafiqui 11 h 15 : À l’odeur, tu penses ? XD !

Moi 11 h 16 : Vos gueules les poufiasses ! Vous n’êtes pas drôle, je souffre, je ne peux être équilibré sans sexe, il en va de ma survie, je crois que vous ne vous rendez pas bien compte. Et puis mon nouveau voisin n’arrange rien à la situation, à chaque fois que je le vois, j’ai la culotte qui frétille et le clito qui s’agite, il ne m’aide pas du tout !

La morue 11 h 18 : Ton nouveau voisin ? Depuis quand la p’tite vieille du quatrième a été remplacée et pourquoi je ne suis pas au courant ?

Ah ben voilà, il suffisait de parler de l’ours mal léché pour avoir un minimum d’attention. Maintenant que les poissons ont mordu à l’hameçon, il ne me reste plus qu’à attendre que leurs têtes se pointent. Cléo est à peu près aussi curieuse que moi et cela m’étonnerait qu’elle passe à côté d’un potin. Finalement, elle n’a peut-être pas autant changé qu’elle en donne l’impression.

La morue 11 h 26 : Putain, mais tu vas répondre oui ! Tu ne peux pas balancer un truc pareil et te faire la malle. La suceuse, je veux une explication et vite !

Rafiqui 11 h 27 : Cléo à raison, franchement, tu abuses. C’est qui ce type et à quoi il ressemble ? Bon avec toi, je m’attends quand même à tout. Si ça se trouve, il est chauve, bedonnant et moche.

La morue 11h29 : Rhô tu crois qu’elle est si en manque que ça ?

Rafiqui 11 h 30 : Avec elle, tout est possible et envisageable peut-être qu’elle parle de son super proprio, tu sais celui qui put comme une centrale d’épuration et qui te donne l’impression d’être son prochain casse-dalle !

Beurk, elles vont me faire gerber ! Je referme l’application et les laisse à leur plan sur la comète, moi, je file sous la douche. Lorsque j’en sors plus de trente minutes plus tard, c’est exciter comme une puce sur le dos d’un chien que je constate que j’ai un texto de Cléo.

« Ma suceuse, j’espère que tu n’as rien prévu ce tantôt, avec Joy nous serons chez toi vers quinze heures pour une après-midi et soirée fille. Juste le temps d’endormir Laura et je passe le relais à son père. Tu as raison, il y a bien trop longtemps que nous n’avons pas fait ça, je t’aime ».

J’étais sûre que je pouvais compter sur elle. Mes copines c’est les meilleures. Elles sont parfois un peu coincées, mais je les chéris comme ci elles faisaient partie de ma famille, ce sont mes sœurs de cœur. Revigorée, je regarde mon appartement qui ressemble à un vrai champ de foire. Être ordonnée n’a jamais été mon truc et je ne suis pas non plus une fée du logis. Je sais que je devrais ranger avant leur arrivée, mais je n’en ai aucune envie et puis, si ce soir je dois m’envoyer en l’air, il vaut mieux que j’utilise mon temps à l’éradication de mon système pileux. Mon maillot n’a pas vu l’ombre d’une bande de cire depuis plus d’un mois. C’est le moment de faire le ménage de printemps ! Si un jour, on n'avait ne serait-ce évoqué que moi, l’anti-poil, la spécialiste de la foune douce, je me laisserais aller de la sorte, jamais je n’y aurais cru.

Quand je dis que ça va mal, ça va vraiment mal !

Revenant de l’extermination des indésirables de ma culotte, je sus comme un porc et j’ai des douleurs partout. Que celle qui s’est déjà épilé le maillot, les lèvres, la rondelle et le sillon interfessier me jette la première pierre. Il y a certaines zones difficiles d’accès qui nécessite une certaine souplesse, vous en conviendrez. Bref, me voilà repartie pour une deuxième douche, c’est que le temps passe vite quand on est occupé.

Je suis en train de me donner un dernier coup de crayon sur la paupière lorsque ma sonnette raisonne.

Enfin, elles arrivent !

Je me précipite vers la porte d’entrée et ouvre à mes deux folles. Je crois n’avoir jamais été aussi contente d’apercevoir leurs deux trognes réjouies, elles semblent en super forme.

— Putain, vous n’imaginez pas à quel point vous m’avez manqué ! m’enthousiasmé-je en me jetant dans leur bras.

— Tu as pris quoi comme substance illicite ? Nous nous sommes vues samedi dernier, me tacle ma morue en tenant à bout de bras devant elle.

— Ouais, ben acheter des fringues pour bébé, ça ne compte pas ! Depuis combien de temps nous ne nous sommes pas fait un après-midi et une soirée entre filles, comme tu le dis si bien ? Hein ?

Cléo baisse la tête et Joy se renfrogne. Je suis certaine qu’elles se sentent coupables et bien tant mieux. Je m’écarte de la porte et les laisse pénétrer dans mon appartement. À peine ont-elles franchi le seuil, que Joy émet son petit bruit désagréable qui signifie qu’elle est prête à me faire une attaque. Chez moi c’est le bordel, mais en ce moment, encore pire qu’à l’accoutumée, et elle déteste ça.

— Remballe ta réflexion Rafiqui si tu ne veux pas bouffer de la vaisselle sale ! m’exclamé-je en lui lançant un regard lourd de sens.

Elle lève les mains en l’air, puis mime sur ses lèvres une serrure. Bien, je préfère ça ! Je vire mes fringues qui jonchent le canapé et les jette derrière. Bon sang, il va vraiment falloir que je me décide à passer à la laverie, sinon bientôt, il ne me restera rien à me mettre. Ensuite, je m’attaque à la table basse, je fourre tout dessous, ni vu ni connu, enfin, pas pour mes deux copines qui me regarde d’un œil blasé, mais comme la plupart du temps, je m’en fiche.

— Une bière ? leur proposé-je en me rendant à la cuisine.

— Un truc sans alcool pour moi, rétorque la jeune maman.

— Mais dis-moi Cléo, comment tu fais pour laisser la choupinette à Morgan ? Il va la nourrir comment ? demande Joy.

— Rien de plus simple, j’ai tellement de lait, que je pourrais donner à manger tous les gosses du voisinage, s’amuse cette dernière. Je me le tire entre chaque tétée et vu la quantité accumulée depuis cette nuit, je peux rentrer demain matin sans problème.

— Tu tires ton lait ? m’étonné-je en faisant demi-tour. Tu veux dire comme les vaches ?

— Merci Léo, pour la vision que tu viens de me mettre dans la tête, ironise Joy.

— Ben quoi ? C’est le même principe, non ? Bon, on ne va pas parler bébé toute la journée ! Hein ? Parce qu’à chaque fois que l’on se retrouve, on ne discute que de couches, de nombres de tétées, de transit, de crèche et j’en passe.

— Léo, tu ne serais pas jalouse de ma fille quand même ?

— Qui moi ? Mais pas du tout, rétorqué-je du tac au tac.

C’est vrai, j’avoue, mais elles n’ont pas besoin de le savoir. J’adore cette gamine, mais il faut dire que depuis qu’elle est venue au monde, ils ne jurent plus que par elle et moi les bébés, ce n’est pas vraiment mon truc, alors, je me sens un peu mise à l’écart. En fait, il me tarde qu’elle soit assez grande pour que tata Léo puisse la sortir !

— Et sinon, Joy, une bière ? questionné-je rapidement, histoire de changer de conversation.

— Oui, je veux bien, il fait une chaleur. Vous y croyez-vous, qu’il y a encore quelques jours à peine, nous avions l’impression d’être à l’automne, alors qu’aujourd’hui, on suffoque ?

Parfait, je file en cuisine et les laisse discuter météo, pendant ce temps, elles pensent à autre chose qu’à ma petite personne. Leur retourner le cerveau c’est relativement simple et cela m’arrange, quand il s’agit d’éviter une conversation sensible. Les boissons en main, je repars au salon avec l’idée de les traîner dans les boutiques jusqu’en fin d’après-midi, avant de finir dans notre fief. Nous trois, comme au bon vieux temps, ça, c’est la belle vie. Par contre, un avantage non négligeable, l’une des deux est déjà casée, ça me laissera encore plus de possibilités quand à mon choix. Ce soir, j’ai la ferme intention de rentrer accompagnée !

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