Une soirée rocambolesque !

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Léonie !

Après-midi parfaite, copines génial, à dix-huit heures trente, nous sommes de retour chez moi pour un petit rafraîchissement en règle avant de nous rendre dans notre bar habituel. Je jette mes sacs de fringues dans la chambre et je me fais la réflexion qu’avec ça, je vais pouvoir repousser la corvée de la laverie durant encore quelques jours.

Je suis un putain de génie !

— Qui squatte la salle de bain en premier ? questionné-je les deux poulpes vautrés sur mon canapé.

— L’une de vous, moi, je vais d’abord entreprendre une courte sieste et donner un coup de fil à Morgan pour savoir comment la journée c’est passé avec Laura.

— Bon, OK, j’y vais. Tout ce shopping m’a épuisé et j’ai encore l’impression de sentir la friture de chichis. Une douche froide devrait me remettre sur pied.

Joy embarque la petite robe rouge que je l’ai convaincue d’acheter, hyper sexy soit dit en passant. Cléo, elle, a les yeux qui papillonnent et elle ne va pas tarder à sombrer.

— Hé morue, c’est pas le moment de ronfler, tu auras tout ton dimanche, lui fais-je remarquer.

— Fou moi la paix, j’suis crevée ! Laura ne dort pas encore très bien, une tétée toutes les trois heures en journée et elle arrive parfois à pousser toutes les quatre heures la nuit. Je veux juste reposer mes yeux quelques minutes, lâche ma meilleure amie en sombrant.

En quelques secondes, sa respiration est régulière et un petit filet de bave commence à s’échapper de ses lèvres. Impressionnant cette faculté à capoter aussi vite, je suis bluffée. En fait, avoir un bébé, ça fait presque un effet identique à une cuite, en tout cas, sur le sommeil ! Allé, comme je suis une nana hyper gentille, je vais la laissée tranquille pendant au moins dix minutes, les siestes réparatrices sont les plus courtes et je réfléchis déjà à un plan pour la sortir de son état léthargique. Hors de question qu’elle me fasse faux bon, je suis même prête à la traîner par le chignon s’il le faut !

Joy fait son apparition dans le salon et elle est tout simplement sublime. Ses cheveux roux relevés au-dessus de la tête dont quelques mèches s’échappent et encadre son visage, maquillé très légèrement, plus cette nana vieillit et plus elle est canon.

Note à moi-même, la bannir de mes amies !

— Je te laisse la belle au bois dormant, je vais me préparer, m’amusé-je en prenant la direction de la salle de bain, sous le regard suspicieux de Rafiqui.

Il faut savoir que Cléo est un ours mal léchée au réveil, pire que mon voisin et Joy en est parfaitement conscientes. En gros, je lui refile le bébé, de toute façon, elle est bien plus diplomate que moi.

Après une douche rapide, la troisième depuis ce matin, je file dans ma chambre et opte pour une petite robe moulante bleue électrique. J’aurais bien été tentée par la blanche, plus voyante sous les stroboscopes, mais je suis encore plus claire que le cul d’un nouveau-né. Putain, vivement mes vacances chez mamie que je puisse me dorer la pilule ! Cette année pas de congés entre potes, juste du repos auprés de ma grand-mère pendant une semaine, mais la bande va me rejoindre le temps d’un week-end. Cléo ne voulait pas voyager avec sa fille qu’elle trouve trop petite, quant à Joy, ses finances ne semblent pas au beau fixe. Bilan, qui est-ce qui se fait encore couillonner dans l’histoire ? Ben c’est bibi ! Mais je me console et songe au mariage de ma meilleure amie avec son beau-gosse le mois prochain et bien sûr, je suis demoiselle d’honneur avec Joy. De toute façon, la morue ne pouvait pas faire sans nous dans le paysage. Morgan a bien compris qu’en épousant sa chère et tendre il devait aussi prendre le package des copines qui vont avec. D’ailleurs, cela me fait penser qu’il va falloir organiser son enterrement de vie de jeune fille.

Je jubile d’avance !

Bref, ma robe enfiler, je pars à la recherche d’un string, culotte ou tanga, peu importe, mais je suis forcée de constater que je n’ai plus un dessous de propre !

La poisse !

De retour dans le salon, je remarque que Cléo a ouvert les paupières et qu’elle est au téléphone, avec Morgan, je suppose. Quant à Joy, elle pianote sur son portable comme une lycéenne devant son premier sexto et après, c’est moi l’accro, elles sont gonflées parfois.

— Les filles, l’une de vous aurez par le plus grand des hasards achetés des sous-vêtements ?

Leurs yeux se relèvent vers moi, leurs sourcils se froncent, ouais, je sais très bien ce qu’elles vont me dire.

— Pas de remarque désobligeante, je suis grave à la bourre sur la lessive, rajouté-je avant que l’une d’elles n’ouvre la bouche. Et non, rien à voir avec un plan cul, c’est juste que je fais des horaires de malade ces derniers temps ! Alors ?

Je les maîtrise sur le bout des doigts, je suis capable de connaître ce qu’elles pensent avant elle-même. Petite moue désespérée de Cléo et œil agacée de Joy. Elles ont très bien saisi comment cela va se terminer, sans culotte, bien évidemment. Je préfère encore passer la soirée les fesses à l’air qu’annuler notre sortie.

Je le sais, elles le savent, nous le savons, bref, vous aurez compris l’idée !

Ma meilleure amie enfin prête, après quatre coups de file à son homme et une douche, parce qu’une morue qui sent le poisson ce n’est acceptable qu’en pleine mer, nous voilà devant notre fief. Celui qui nous a vues plus souvent saoules qu’à jeun, celui où nous avons eu nos plus grands délires, nos plus beaux moments et nos plus gros fous rires. Ici, c’est chez nous !

Nous poussons donc les portes du « Central Pub » un peu avant vingt heures, sachant qu’ils ferment vers deux heures du matin, cela me laisse largement de quoi me dégoter un mec pour la nuit et de boire jusqu’à plus soif.

Installées sur notre table habituelle, je m’imprègne de l’ambiance, des basses qui résonnent et je fais un tour d’horizon des mâles déjà présent. Hum, rien de bien transcendant pour l’instant, mais il est encore tôt, je ne perds pas espoir. Cléo passe son temps à vérifier son téléphone et Joy tire sur sa robe comme si elle avait peur qu’elle remonte par magie au-dessus de ses fesses.

— Morue, tu veux bien arrêter cinq minutes et lâcher ton portable ? Morgan ne va pas noyer ou laisser Laura seule. C’est le mec le plus responsable et le plus posé que je connaisse, alors déstresse un peu, s’il y a le moindre souci, je suis certaine qu’il n’hésitera pas à te prévenir.

— Ouais, je sais, il est parfait mon homme, s’émerveille ma meilleure amie avec des étoiles plein les yeux et la bave aux lèvres.

Sortaient les violons ! Cléo est tellement raide dingue de son ancien coureur de régate que cela en est pathétique, mais j’avoue que je suis tout de même fière d’avoir participé à leurs retrouvailles. Tiens, je me demande si cela ne serait pas bien de monter une agence matrimoniale.

Et devoir bossé le week-end ? Non merci !

— Bon, je vais aller chercher à boire, qu’est-ce que je vous ramène ? questionne Joy en se levant et tirant sur sa robe.

— Tu veux bien arrêter de t’en prendre à ce pauvre bout de tissus, il n’a pas mérité ça, m’amusé-je de voir une Rafiqui gênée.

— Mais c’est de ta faute, je n’aurais jamais dû t’écouter, je suis aussi à l’aise là-dedans, qu’une saucisse dans son boyau !

J’éclate de rire, c’est plus fort que moi. Joy, notre mère Thérésa, celle qui mesure toujours ses paroles et ses actes est sur le point de devenir une parfaite copie de la morue et de moi-même. Cette fille, même si je l’adore déjà, est en train de grave monter dans mon estime.

— Quoi ? s’agace cette dernière alors que je n’en peux plus de me bidonner.

— Rien, je me disais simplement que tu commençais à déteindre sur nous.

— Tu croyais quoi, moi aussi je sais dire des gros mots, s’emporte-t-elle. Conasse !

— Pétasse, répliqué-je, voyons voir jusqu’où elle est capable d’aller.

— Tête de chips !

— Sérieux ? Tu ne peux pas faire mieux que ça ? Gobe-toi les ovaires et étouffe toi avec !

— OK, j’abandonne, personne ne fait le poids contre toi.

— Si, la morue.

— Ouais, mais moi c’est différent, je te pratique depuis l’enfance, il a bien fallu que je m’adapte. Maintenant, si vous avez fini de faire mumuse dans le bac à sable, Joy pourrait peut-être aller nous chercher de quoi nous réhydrater le gosier, parce que je commence à grave me dessécher. Je prendrais donc un cocktail, mais faiblement dosé en alcool.

— Heu, je ne suis pas une experte en bébé et tout ce qui va avec, mais, tu es sûr de toi ma morue ? Ta fille ne risque pas d’avoir des problèmes de développement si tu picoles ? Parce qu’elle part déjà avec un gros handicap, vu sa mère, alors, il ne faudrait peut-être pas en rajouter non plus.

— Je constate que tu es en forme ce soir ma suceuse et bien pour ton information, sache qu’il n’a jamais été prouvé que l’alcool passait dans le lait maternel, mais dans le doute, il est conseillé de n’en consommer que dans de rares occasions. De plus, ma fille à sauter deux biberons dans la journée et vue tout ce qu’il reste d’avance, je peux boire jusqu’aux environs de onze heures sans crainte. Pour finir, je suis en train d’essayer de la sevrer, car je te rappelle qu’elle a aujourd’hui plus de trois mois et qu’en septembre, je vais devoir retourner travailler. Par contre, ce qui est certain c’est que le joint et le pavot ne sont pas bons que ce soit durant la grossesse ou bien l’allaitement et je suis au regret de t’informer que ta chère maman, que j’adore, soit dit en passant en a clairement abusé lorsqu’elle t’attendait.

— Eh bien, en voilà de la répartie, m’exclamé-je. Joy prend en de la graine. Pour moi, ce sera une Vodka Red Bull avec beaucoup de Vodka et un peu de Red Bull.

Cette dernière lève les yeux au ciel et file chercher nos consommations. Dos au comptoir, mais face à l’espace dédié à la danse, je constate que pendant que nous discutons, le bar s’est considérablement rempli. Cléo, installer sur la banquette en face de moi, est en train de taper un message tout en ondulant son corps. Depuis qu’elle est avec Morgan, elle est beaucoup plus sûre d’elle et bien moins empotée. Ce mec a réussi à faire redevenir ma meilleure amie comme elle était avant de connaître connard et rien que pour cela, je porterais toujours son sportif dans mon cœur. C’est un type bien et il est tout ce qu’il lui fallait.

Joy pose le plateau contenant nos boissons sur la table qui nous sépare et s’installe à côté de Cléo.

— Les meufs, énoncé-je en faisant la distribution. À nous et à notre soirée entre nanas ! Allez, cul sec et ensuite nous allons mettre le feu à la piste de danse.

— Au fait Léo, me coupe Joy. Tu as déjà un admirateur. Le barman m’a dit que toutes tes consommations étaient offertes pour ce soir et contemple le joli petit parasol dans ton verre.

Elle s’extasie alors que je grimace. Dans ma boisson trempe une espèce de truc rose où il est écrit « jolie poupée » sérieux ? Qui fait passer un message pareil de nos jours ? Plus personne depuis les années quatre-vingt-dix minimum. Dépitée, je souffle devant les yeux hilares de mes copines qui se fichent de ma tronche.

— À la tienne « jolie poupée », s’exclament ces deux pétasses en chœur avant de descendre leur verre sous mon regard étonné.

J’ingurgite le mien aussi sec et nous partons enflammer le dance flore toutes les trois. Je ne vous ai pas dit ? Eh bien, Cléo a aussi appris à danser, enfin, disons que maintenant, elle arrive à se trémousser sans écraser les pieds de qui que ce soit et elle se contrefout de l’avis de ses semblables. Je me demande encore comment son homme a réussi ce tour de force, mais je dois bien admettre que je suis contente que désormais, elle bouge avec nous au lieu de picoler dans son coin. Collée serrer les unes contre les autres, nous ondulons au rythme de la musique pop qui résonne à l’intérieur. Je repère un mec qui me lance de petits coups d’œil réguliers pas très subtils, alors c’est tout naturellement que j’abandonne quelques instants mes copines et que je me dirige vers lui, aussi discrètement que possible, parce que je suis plus du genre à foncer dans le tas qu’à tourner autour du pot.

À mon approche, il se retourne. OK, très bien, j’ai sans doute mal interprété ses regards. Ce mec ne sait vraiment pas ce qu’il loupe, tant pis pour lui, un autre prendra sa place sans problème.

La soirée se poursuit, Cléo est passée au coca après son deuxième verre. Ben oui, déjà qu’elle ne tient pas bien l’alcool, mais là, après plusieurs mois sans une seule goutte, elle est mûre. Joy, elle, est en train de piquer du nez, il ne reste donc plus que moi et mon… franchement ? Je n’ai aucune idée du nombre de cocktails que j’ai ingurgités, mais je me sens super bien. D’ailleurs, j’ai repéré trois types qui n’arrêtent pas de nous mater et je pense aller passer un moment avec eux. Au pire, je rejoindrais l’un deux, au mieux les trois.

Mon verre à la main, je me lève et me dirige vers eux.

— Bonsoir, lancé-je en m’asseyant au milieu.

Les deux premiers qui m’ont très bien vue arrivée, se mettent debout sans un mot et fuient comme des rats pris dans un tsunami. Ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’ils ont tous ce soir, je pus ou quoi. Pas très discrète, je me sens le dessous des bras, mais aucune odeur suspecte ne s’en dégage, et tout ceci sous les yeux apeurés du troisième mec qui vient de se faire lâchement abandonnés par ses potes. Putain, ce bar est devenu gay ou bien c’est moi qui me fais des idées ? Pourtant, en regardant tout autour, je constate que plusieurs couples se chauffent sur la piste. Il y a un truc qui cloche, j’en mettrais ma main à couper. Mais quoi ?

Il n’y a qu’une seule façon de le savoir !

— Dis donc toi, ils ont un souci tes copains ? Si vous n’aimez pas les filles, il faut le dire, hein, personne ne va vous bouffer.

— Mais pas du tout, on adore les nanas, s’exclame-t-il choqué.

Pauvre chaton, je l’ai blessé dans son ego.

— Alors c’est quoi le problème ?

Il se décale et s’éloigne un peu plus avant de regarder dans toutes les directions. Soit il cherche à fuir lui aussi, soit il est gêné, mais pour quelle raison, ça, c’est la question à cent mille ?

— Écoute, je n’ai rien contre toi, commence-t-il, mais je ne veux pas non plus d’embêtement, par conséquent, je préfère que tu retournes faire la fête avec tes amies.

— J’ai du mal à te suivre et je ne comprends pas un traître mot de ce que tu racontes ?

— Bien entendu, tu sais comment on appelle les nanas comme toi ? Des salopes et ce que tu fais c’est tout simplement dégueulasse, me lâche l’abruti en face de moi qui semble prendre du poil de la bête à mesure de notre échange.

— Soit, je suis une salope, mais pas plus que tous les mecs qui s’envoient en l’air juste pour la nuit et se tirent au petit matin. Chacun est libre de faire comme il l’entend et je n’ai jamais rien promis à qui que ce soit !

Cette fois, cette tronche de cake commence sérieusement à me saouler. D’accord, je viens souvent ici pour me trouver un plan cul, mais je ne comprends toujours pas pourquoi aujourd’hui, tous les hommes semblent me fuir comme ci j’avais la peste. Pourtant, des types qui ne recherchent qu’une aventure d’un soir, il y en a partout d’habitude où alors, je suis en train de devenir un aimant à MQCUB (mec qui cherche une bonniche) et si c’est ça, je n’ai plus qu’à entrer dans les ordres.

— Ouais, mais ils n’ont pas pour but de refiler une maladie vénérienne pour le plaisir !

Arrêt sur image, beugue de mon cerveau, l’information est en train de pénétrer mon esprit avec la rapidité d’un escargot faisant un marathon en pleine canicule, la faute à mon alcoolémie relativement élevée. Je récapitule et rembobine la soirée. Un mec qui m’offre des verres, mais qui ne s’est toujours pas pointé, les hommes qui me regardent avec appréhension et fuis le plus loin possible et maintenant ça !

Quelqu’un m’en veut, c’est QFD !

Je jette un oeil mauvais vers mes copines que j’ai envie d’étrangler. Je suis certaine que ce sont elles qui sont à l’origine de ce coup tordu. Toutes les deux affalées sur la banquette, elles sont en train de se marrer comme des baleines.

Mes connasses, je vous jure que celle-ci, vous allez me la payer cher !

— Mes amies sont un peu fêlées et très dérangées du ciboulot, il ne faut pas croire tout ce qu’elles racontent…

— Ben tient ! Et le barman aussi est un mytho, me coupe l’autre con sans me laisser le temps de finir ma phrase.

Le barman ? NON ! Elles n’auraient pas été jusqu’à impliquer une tierce personne dans leur plan machiavélique tout de même ! Je me tourne vers le bar et ce que je vois me met sur le derche !

L’enfoiré de ces morts ! Je vais lui hacher les couilles et lui faire bouffer à la petite cuillère !

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