Evaluations

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Nos petits jeux fonctionnent toujours aussi bien. Mais je sens qu'un petit coup de boost va être nécessaire avec l'arrivée des évaluations trimestrielles. Je passe d'autres petits caps sans même m'en rendre compte. Naturellement, de nouveaux cadeaux se sont invités pour récompenser la persévérance de mes petits gars. S’ils ont fait un sans-faute, je pose ma main sur la leur en paraphant leurs feuilles et en effleurant le bras en retirant ma main. Discret et très sensuel. J'adore les sentir frissonner sous mes doigts. Il arrive aussi que je vienne regarder leurs progressions en me tenant derrière eux et en me penchant au-dessus d'eux de manière à mettre ma bouche à proximité d'une oreille et qu'ils ressentent mon souffle tout en glissant légèrement ma poitrine contre le haut de leur dos. Le visuel, c'est bien, le sensoriel ajoute une profondeur supplémentaire. La semaine précédant les examens est intense. Ils savent que leurs résultats ont un effet quand ils se retrouvent devant le juge. De bons points prouvent leur bonne volonté et souvent entraîne un allègement ou assouplissement des peines. Et pour les aider, j’ai ma petite idée. Enfin, elle n’est pas vraiment de moi, c’est celle du collabo. Il doit avoir un don de voyance celui-là. Ça reste un connard quand même. Mais l’idée de ne pas mettre de culotte me semble être un super cadeau à inclure dans ma hotte. La semaine commence bien. Les révisions avancent rapidement. Ils ont bien compris, retenu et assimilé les différentes matières. Ma méthodologie fonctionne, c'en est bien la preuve. Je n'ai pas encore eu l'occasion de sortir mon super cadeau. J'en étais presque déçue. On continue au même rythme, c'est vraiment gratifiant l'enseignement quand on voit progresser ses élèves. L'avant-dernier jour, avant de reprendre les travaux, je me suis assise les jambes croisées sur mon bureau pour les féliciter de leur travail et de leur ténacité. Je balance légèrement mes jambes pour concentrer leurs regards sur cette partie de mon anatomie avant de les décroiser et de les écarter de manière à ce qu'ils se rendent bien compte du présent. Le silence de stupéfaction qui suivit était sans équivoque. Je fais ensuite le tour des tables pour ramasser les feuilles. De retour à mon bureau, je range les documents dans mon sac en restant, bien évidemment, dos à mes élèves en gardant les jambes bien tendues en espérant que ma jupe se soulève assez pour qu'ils profitent de la vue. En me retournant et en regardant mes petits gars, je comprends que tous ont bien reçu le cadeau. Quand ils retrouvent l’usage de leurs poumons, je leur souhaite une bonne soirée et leur demande d’être en forme pour la journée de demain, pour mettre un dernier bon gros coup. Je n’en reviens pas d’avoir osé aller jusque-là. Ma méthode est efficace, j’en ai les preuves. Je ne sais pas encore comment ni ce que je vais en faire, mais ce serait dommage de garder cela pour moi alors que je pourrais la partager. Je peux apporter une solution efficace dans ce monde de brutes. Je m’imagine déjà organiser des conférences et répondre aux différentes questions posées. Non, je n’ai pas l’impression d’abuser. J’utilise juste le principe de la récompense et de l’effet de surprise. Il ne faut pas oublier que, en tout être humain, la notion de reproduction est inscrite dans l’ADN. Utiliser l’attraction sexuelle comme élément motivateur dans l’évolution est un principe fondamental de la vie. Pourquoi serait-ce choquant de l’utiliser dans le milieu éducatif alors qu’il est utilisé en permanence dans la société économique ? La publicité l’utilise pour vendre des boissons gazeuses, des voitures, des macaronis… Moi, je l’utilise pour aider ces jeunes à évoluer, sortir de la spirale infernale qui les entraîne vers le fond. Rien n’est irréversible ! Eux, aussi, ont le droit d’apprendre et d’évoluer. Oui, je suis consciente que ce n’est pas conventionnel et que cela ne peut pas être appliqué à ce point à tout le monde. Quoique, si l’on analyse sincèrement ma méthode, elle peut être simplifiée à ceci. Si on arrive à unifier amour et apprentissage, tout être devrait trouver de l’amour dans l’apprentissage. Et ainsi arriver à aimer apprendre.
Aimer apprendre… C’est tellement évident que je ne comprends pas pourquoi c’est à moi que revient le rôle de vous l’enseigner.

Ce soir, j’ai rendez-vous avec des amis pour aller au théâtre. Une version contemporaine de la pièce “Les justes” d’Albert Camus. Adaptée sous la forme de tragédie musicale par Abd Al Malik. Étrangement, moi qui ne suis pas fan de théâtre, ce spectacle m’a touchée. La mixité culturelle, cette volonté de s’adresser à tous et d’attirer un public qui n’irait, à priori, pas dans ce lieu, j’ai trouvé le concept génial.

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