Entrée par effraction

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Mia
Je reste sans voix. Je ne sais pas quoi penser de la discussion que je viens d'écouter.
Devrais-je faire comme si je n'avais rien entendu? Ou devrais-je plutôt faire bon profit des informations que je viens d'entendre?
Enfin, quelles informations? Je n'ai entendu qu'une petite bride de leur conversation. Du moins, si j'ai tout bien entendu. Je sais que le but du père de Matt est de trouver quelque chose, mais quoi? Serait-ce la raison pour laquelle Matt et sa famille ont déménagés ici? Est-ce que Matt est au courant? Si il l'est, serais-ce la cause de son entrée par effraction dans le bureau du directeur?
Il y a trop de questions que je me pose. Et j'ai besoin de clarifier tout ça.
J'en arrive à me demander si je connais vraiment les personnes qui m'entourent: Matt me ment depuis le début et mon directeur que je connais depuis ma tendre enfance semble avoir une double personnalité.
Je suis perdue. Je compte confronté Mathis à tous ses mensonges mais devrais-je également confronter ce cher François maintenant?
Je réfléchis au milieu du couloir depuis de nombreuses minutes. Je n'ose plus bouger. Les élèves me regardent, se demandant qu'est-ce que je fait ici toute seule. Ce n'est effectivement pas dans les habitudes du collège de voir des élèves trainer seule dans le couloir en face du bureau du directeur. Ils y vont rarement de leur plein gré alors, lorsqu'ils y sont, ils y restent le moins longtemps possible.
Il faut que je bouge maintenant pour ne pas. trop attirer l'attention. Soudain, je me souviens de la vrai raison pour laquelle je suis venue ici. Il me reste encore 20 minutes pour aller parler à mon directeur de l'accident que j'ai eut au cours de chimie. Je n'ai plus du tout envie de m'y rendre. Serais-je encore le regarder dans les yeux en sachant tout ce qui se cache derrière son faux sourire?
Je prends quand même mon courage à deux mains pour toquer à la porte. Je ne suis pas le genre e fille qui se dégonfle comme ça. En général, je n'aurais pas prit la peine de faire ce geste. J'aurais préféré y entrer sans prévenir. Mais le souvenir de la dernière fois m'en empêche. Je ne veux plus de nouveau perdre mon sans froid. Je n'aime définitivement pas ça...
Je frappe trois fois sur la grande porte de sapin mais le directeur n'apparaît pas derrière elle. Je l'ai pourtant vu y entrer à l'instant. Lorsque je m'apprête à recommencer, la porte se dérobe sous mes doigts et le visage étonné de mon directeur apparu devant moi. J'étouffe une exclamation lorsque j'aperçois le visage de celui-ci. De grandes poches se sont formé sous ses yeux cernés et son teint est devenu tout blanc. Il est presque méconnaissable. On aurait dit qu'il avait passé de nombreuses nuits blanches depuis la dernière fois que je l'ai vu. J'ai un pincement au coeur de voir mon cher directeur dans cet état.
Après tout, il a toujours été là quand j'en avait besoin. Même si il ne le montrait pas toujours j'ai toujours su qu'il était là en cas de besoin. Maintenant que j'y pense, je me dis que j'ai à de nombreuses reprises abusé de sa gentillesse envers moi.
C'est peut-être à mon tour d'être là pour lui, me dis-je.
Lorsque qu'il voit que je ne parle pas, il commence à refermer la porte. Il n'était visiblement pas d'humeur à parler.
Son geste me sort de mes pensées. En un geste, je retiens la porte avec mon pied avant qu'il ne puisse la fermer complètement. Il a eut l'air surpris. Il avait l'air K.O. . Je décide de prendre les devant pour une fois.
-Puis-je entrer, monsieur? demandé-je.
En guise de réponse, je vois la porte s'ouvrir en grand devant moi. Je ne pensais pas qu'il coopérait aussi facilement. Je me dépêche de rentrer avant qu'il ne puisse changer d'avis. Une fois à l'intérieur, je le regarde fermer la porte derrière lui. Il a l'air épuisé. Il marche ensuite difficilement jusqu'à sa chaise de bureau pour enfin s'y affaler. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer la bouteille de whisky vide sur son bureau. Il ne prendre même pas la peine de me la cacher lorsqu'il remarque que je l'ai vue.
Il a visiblement envie de retourner à ses occupations quelques peu... passionnantes? Il s'impatiente.
-Alors, Mia. Qu'est-ce qui t'amène encore ici?
Pendant un instant je songe à lui expliquer la discussion que j'ai écoutée dans le couloir mais je suis consciente que ce n'est pas le moment. Celle-ci l'a manifestement marqué. Il serait donc mal venu de remuer le couteau dans la plaie.
-Je viens de part de ma prof de chimie, commencé-je à expliquer.
Il se met étrangement à rire. Cela me déstabilise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne la nouvelle avec temps de legereté.
-Que ce passe-t-il cette fois? Tu lui as parlé trop sèchement? Ou tu as été insolante? Ah non, je sais. Tu lui as fait une blague qui ne lui a pas plu, se moque-t-il. Vas-y, raconte la moi. Cela me changera un peu les idées.
Il n'allait définitivement pas bien. Ce n'est pas l'homme que je connais et cela est sûrement dû à un surplus d'alcool. Il pourrait être renvoyer pour ça. Il faut vraiment qu'il fasse attention.
-Non, non... dis-je confuse. Ce n'est pas ça du tout. J'ai eut, comment dire, un accident pendant le cours et...
Il ne me laisse pas finir ma phrase. Il se redresse en sursaut sur sa chaise. Il avait l'air inquiet. Il me lança sans réfléchir:
-Que s'est-il passé? Tu vas bien?
Je ne m'attendais pas à ses questions de sa part même si celle-ci me réchauffa le coeur. Je n'avais plus du tout envie de lui reprocher ces cachoteries. Après tout, il ne me doit aucunes explications. Je ne suis qu'une élèves parmi tant d'autres. Mais alors, pourquoi cette surprenante et soudaine inquiétude à mon égard?
Malgré ma surprise, je veux le rassurer.
-Oui, je vais bien. Il ne s'est rien passé d'extraordinaire, ment-je, j'ai juste raté mon expérience mais s'est le banc qui a tout prit.
Il avait un air interrogateur mais acquiesce.
-Il faudra que j'aille trouvé ta professeur. Des expériences aussi dangereuses n'ont rien à faire dans mon établissement.
Je me retiens de lui dire que cette expérience n'était pas censé réagir comme ça.
-Et... pour le banc? J'imagine qu'il faudra que je vous le rembourse? dis-je d'un air triste espérant une réponse par la négative.
Il me fit un petit sourire avant de me répondre.
-Ne t'inquiète pas avec ça. Je sais que ce n'est pas facile pour ta famille pour l'instant avec l'accident,... donc je vais fermer les yeux la dessus pour cette fois.
Il me raccompagna vers la sortie. C'était très gentil de sa part mais quelques chose dans sa réponse me perturbait.
Comment a-t-il su pour l'accident? Mais parents ont eu un mal fou à camoufler ça au reste du monde. Alors, comment était-il au courant? La question me brule aux lèvres. Je ne sais pas m'en empêcher, ma curiosité prends le dessus.
-C'est gentil mais... comment savez-vous pour l'accident?
Son sourire s'évanouit. Ses yeux se dirigent vers le sol, il ne me regarde plus dans les yeux. Il prends un air si sérieux que ça me fait presque peur.
-Tu sais, Mia, je suis au courant de bien plus de choses que tu ne le crois.
Tant de mystère se cache derrière cette affirmation. Il ne le sais pas mais j'ai déjà eu un petit avant gout de ce qu'il me cache il y a quelques secondes. Mais ça, je ne vais pas lui préciser. Je me demande où s'arrête ses cachoteries.
J'entends la sonnerie, ce qui me ramène à la réalité: il faut que j'y aille.
Je lui fais signe vers la porte et il comprends immédiatement. Je suis toujours sous le choque de ce que j'ai appris. Il m'accompagne jusqu'à la sortie en titubant. Une fois dehors, il se penche pour me faire la bise. L'alcool lui fait décidément faire de drôle de choses mais je comprends rapidement le but de son geste. Une fois qu'il se trouve assez proche de mon oreille, je l'entends chuchoter.
-Mia, écoute moi, il faut que tu restes loin de Mathis Smith. Promet le moi.
Mathis? Pourquoi je devrais rester loin de lui? Pourquoi est-ce aussi important? Je ne veux pas rester à l'écart de lui. Je ne peux pas promettre une chose pareille.
Je ne sais pas quoi penser. Alors, je me dépêche de m'éloigner de lui pour ne pas avoir à lui répondre.
J'ai besoin d'être seule.

Je suis retournée un peu plus tôt chez moi. J'ai sêché le dernier cours pour pouvoir réfléchir à tout ça. J'en avais besoin. De toute façon, je ne suivait plus rien à ce que mes profs disaient.
J'ai besoin de me reposer pour pouvoir tout remettre au clair dans ma tête. Je m'étends de tout mon long sur mon lit. Mes yeux se ferment tout doucement et je plonge dans un sommeil profond.

Je viens de me réveiller. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis allongée ici. Sûrement des heures. Tout ce que je sais c'est que désormais ma chambre est plongée dans la pénombre. La nuit est tombée pendant mon sommeil.
Cela m'a fait le plus grand bien. Je me sent apaisée comme je ne l'ai plus été depuis longtemps. Je profite le plus possible de ce moment.
BZZZZ...
Jusqu'à ce qu'un bruit retentisse, me ramenant à la réalité. C'était mon téléphone qui a sonné m'indiquant que j'ai reçu un message. Inconsciemment, j'espérais que ce soit Matt. Mais à mon étonnement le message venait d'Ambre.

-Coucou, ça va?

-Ca avance avec Mathis?
Pourquoi faut-il que tout me le rappelle toujours... D'une certaine manière, il me manque. Je lui réponds tristement.

-Non... mais je pense qu'il s'intérresse à d'autres filles. :(
Ecrire cette phrase m'a mis comme un grand coup de poignard dans l'estomac. Je me suis bien trop attaché à lui, ça ne va plus.

-Oh... Il ne sait pas ce qu'il rate ;)
Je ne m'attendais pas à ce message venant d'elle mais ça me réchauffe le coeur.
Elle a raison! Je ne vais pas le laisser partir comme ça je vais d'abord lui montrer tout ce qu'il rate mais aussi l'obliger à me donner les réponses dont j'ai besoin. Je suis plus obstinée que jamais.
Si je ne sais pas avoir cette discussion avec lui au collège, alors je l'aurais directement à domicile. J'enfile mes chaussures et une veste. Et, en essayant de faire le moins de bruit possible, j'enjambe ma fenêtre. Je m'accroche à la goutière le plus fermement possible. Je descends tout doucement. J'avais presque oublié que j'avais le vertige.
Ne regarde pas en bas, Mia, ne regarde pas en bas, me répète-je dans ma tête.
Une fois en bas, je vérifie que personne ne m'ait vu. Il devait être très tard car la rue était déserte. Je ne pouvais plus reculer maintenant. Je traverse la rue me rapprochant de Matt et de sa maison.
Une fois la-bas, je commence la montée vers la fenêtre de sa chambre. Je m'agrippe tant bien que mal aux lières.
Je ne peux définitivement plus reculer. Je me demande comment il va réagir à ma venue soudaine...

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