Partie 13

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Enzo embrassa le cou tendre de la jeune fille, descendit sur ses clavicules saillantes ; les doigts de Madeleine s'enroulèrent autour des siens, leur firent doucement gravir son ventre avant de les poser sur sa poitrine. L'homme-lion se crispa, n'osant croire à ce qu'elle lui offrait. Le visage dans son cou, il effleura sa peau à travers le tissu épais de la robe ; la jeune fille s'arqua contre lui et il grogna de plaisir. À moitié fou, il pressa son désir brûlant contre elle, entre ses cuisses, il la sentit s'agripper à son dos, à ses épaules, comme si elle ne trouvait pas de prise sur ce corps trop grand ; ses bras se nouèrent derrière sa nuque puissante pour l'attirer plus près, encore plus près. Ivre d'elle, de son odeur, de son corps contre le sien, de ses gestes fébriles alors qu'elle effeuillait ses vêtements, l'homme-lion se noya dans sa peau, dans ses baisers, oubliant le monde autour d'eux.

Leur étreinte dura longtemps ; une chaleur étouffante, emplie de halètements et de gémissements, régnait dans la caravane immobile. Les draps se froissaient sous la brutalité d'Enzo ; les doigts de Madeleine se crispaient sur ses muscles, au rythme de ses efforts, laissant des marques sombres dans son pelage humide de sueur. Le souffle brûlant de l'homme-bête errait dans son cou, sur sa poitrine, sur son ventre, et ses chuchotis avides, insatiables, faisaient rougir la peau de la jeune fille dans de longues vagues ardentes.

Puis un grand frisson parcourut le corps d'Enzo. Etendue sous lui, Madeleine vit son regard se voiler ; un grondement monta dans sa gorge noire et il se détendit doucement. Sa grande ombre vint s'échouer sur la jeune fille, qui l'étreignit très fort et le pressa contre elle, contre ses côtes haletantes.

Enzo resta immobile un moment, épuisé comme un lion aux désirs repus ; il recouvrait Madeleine toute entière, la cachait aux regards du monde, son mufle enfoui dans ses cheveux. Leurs souffles hachés ralentirent doucement. Puis il fit mine de se redresser.

– Non, reste, couina Madeleine d'une petite voix qu'il ne lui connaissait pas.

Elle lui griffa le dos pour le retenir ; il s'étendit à nouveau sur elle, le cœur débordant d'amour et de désirs déjà revenus, embrassa son cou rougi par les baisers. La jeune fille ne le quittait pas des yeux ; lorsqu'il lui rendit son regard, il remarqua l'eau qui embuait ses iris argentés.

– Madeleine ?

Une peur incertaine lui griffa le cœur.

– Madeleine, ça va ?

Elle sourit faiblement et lui caressa la joue ; une larme s'étiola le long de ses cils.

Alarmé, Enzo se releva pour de bon. L'état du lit lui sauta aux yeux. Il crut tomber dans un gouffre sans fond.

Il y avait du sang. Beaucoup trop de sang.

Il y avait du sang absolument partout.

Avant même de réfléchir, il prit Madeleine dans ses bras. Titubant entre les meubles, il la couvrit du drap taché de rouge, la pressa contre lui, et se précipita hors de la caravane.

Zabeth ouvrit sa porte quelques instants plus tard, ses bigoudis de travers dans sa tignasse grise ; il s'engouffra chez elle sans un mot, l'œil plein de terreur, et déposa son fardeau sur la table.

Il n'eut pas besoin de dire un mot. La doyenne avait déjà compris. Elle soupesa cette vision étrange : le grand diable noir dépourvu d'habits, la jeune fille nue et le rouge qui empourprait ses cuisses, jusqu'au drap étendu sous elle. Zabeth releva un regard incrédule sur son fils adoptif, qui dansait d'un sabot sur l'autre, courbé sous le toit de l'habitacle ; une énorme culpabilité rongeait son visage. La vieille femme tendit un bras vers le téléphone vieillot posé sur le bureau, et dit d'un ton sans réplique :

– Dehors, vite. J'appelle le médecin.

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