Rock & Roll Queen

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 Elle avait des seins fiers et menus. Leur forme frisait la perfection, comme souvent à mes yeux, et les imaginer frôler ceux d’Ellie était une belle chose. Souffle haletant, langue tirée l’une envers l’autre pendant que leurs pointes électrisaient le reste.

— He ho, t’es toujours là ? Me demanda Laura.

— Oui. T’as pas trop froid comme ça ?

— Non. Il fait bon chez toi.

— Chez toi aussi, j’imagine.

— Comment ça ?

— Laisse tomber. Tu permets ?

Sans attendre sa réponse, je m’envoyais deux des lignes qu’elle avait préparées. Attaqué comme je l’étais, le produit ne me paraissait ni bon ni mauvais, il était là. Laura se pencha au-dessus de la table basse, sa poitrine libre de toute entrave et s’en envoya deux autres.

— Cul-sec maintenant ! Lançais-je.

— Le mien coule encore un peu de la bouche d’Ellie.

— La cocaïne dilate.

— Rien à foutre, j’aime avoir mal.

— Moi aussi, c’est pour ça que vous êtes là.

— David, t’as pas envie de me goûter un peu ?

— T’en as visiblement plus envie que moi.

— Pauvre con.

— Termine ton verre, et fous moi la paix.

 Le dilemme était maintenant le suivant, appeler Sonia pour me débarrasser de tout ce bordel, ou m’en débarrasser seul en violentant la ptite. Elle ne méritait pas plus et semblait ne pas attendre autre chose. Qu’est-ce qu’Ellie avait bien pu lui raconter ? J’aurais deux mots à lui toucher demain. Des choses à lui dire en considérant que sa copine soit vierge de ma queue. Dans le cas contraire, je n’aurais qu’à me cacher et passer la journée en boule au fond de mon lit. Lit occupé par la fille de mes amis. J’aimais tellement ma vie. Nombre d’enfoirés de première auraient tué pour ça. Les autres ? Des bandes mous, des méticuleux, des gens aimant leur femme et leur foyer. Un réveil sobre et plein de vie dans les bras de leur aimée depuis toujours. Le café ne fait pas vomir et aller courir ensuite s’impose comme évidence. Putain de vie cool. Le regard sain et un teint plein de promesse. Bien loin des cancers et des salles de réa. Comme Serge et Nina. Bien que Nina aime de temps à autre jouir d’un autre sexe. Une autre étreinte. Un autre parfum. Une nouvelle peur. L’insécurité donne de la vie aux baises clandestines. Pléonasme. La clandestinité est par défaut vouée au danger. L’est-elle à l’échec ? Sans doute. Laura prit deux lignes et me laissa les deux dernières. Le sillon de ses seins bordel ! Merde !

— Je vais t’appeler un taxi, lui dis-je.

— Je ne pourrais pas rester cette nuit ?

— Elle se termine la nuit, et la fête avec.

— Pourtant, c’est beau de voir le jour se lever.

— Sur une plage pourquoi pas. Là, j’en ai rien à cirer.

— Un jour nouveau pour faire peau neuve, pour te purifier.

— T’as raison, je vais éviter de te renvoyer comme ça chez toi.

 Elle termina son verre le regard vague. L’arrogance qui l’animait s’était dissoute. Malgré le produit, la fatigue faisait son chemin. Une aubaine pour moi. L'envoyer roupiller avec Ellie et me buter seul comme un grand sur le canapé du salon était encore l’un des meilleurs scénarios qui puisse arriver. Elle était belle cette gamine. Elles le sont souvent quand elles viennent jouer dans la cour des cons. Mes canines brillaient, le temps passait, et je nous resservis. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée, mais pas la pire non plus.

— Ellie t’a raconté quoi exactement ?

— Rien, elle est contente d’avoir un pote plus vieux. Elle se demande parfois si tu ne serais pas en train de tomber amoureux d’elle.

— Et le contraire ne l’interpelle pas ?

— C’est parce que le contraire l’interpelle qu’elle se pose la question.

— Hm. Je n’aime que moi, et le cul des femmes. Sacré merdier t’en conviendras, ne laissant que peu de place aux sentiments.

— Tu penses quoi du mien ?

— J’suis obligé de répondre ? Le tien comme toutes nanas à peu près bien roulées suffit à nous rendre con. C’est toute notre jeunesse qu’on voit à travers vous. Et chaque fois qu’on bande pour l’un de vos pétards, c’est le poids des âges qui vient gaiement nous rappeler que la mort approche. Pars du principe que chaque vieux con dans mon genre aimerait revenir en arrière. Non pour éviter toutes nos erreurs, on les chérit, mais pour vous sauter en toute sérénité. Y’a quelque chose de dérangeant à vous désirer tout en sachant qu’il est déjà trop tard. Quelque chose de rabaissant et de cru, mais on doit vivre avec. Et en même temps, comment se sentir en vie sans ça. Parfois, il m’arrive de penser aux types n’ayant pas la chance de côtoyer ces choses-là. Certains te diront qu’ils s’en foutent, mais j’en suis pas sûr. S’en foutre est rassurant et permet de passer à autre chose. Moi, j’y arrive pas, et dans le fond, je ne suis pas sûr d’en avoir envie.

— Si tu me ressers à boire, je retire ma petite culotte David.

— Se mettre à nu excite. La vulnérabilité, aussi bien pour le bourreau que la victime, attise.

— Juste un dernier ?

— Juste un dernier.

 J’avais lâché ma litanie d’une traite et me sentais mieux. Elle m’écoutait gentiment et régnait maintenant dans la pièce quelque chose de doux. Ce dernier verre ne serait que le sien. J’avais soif à en crever et priais pour sombrer d’un trop-plein de boisson. Un sommeil sans rêve. Ne pas avoir à cogiter quand nos yeux se ferment. Laisser notre corps nous dire merci d’avoir stoppé ce train fou l’espace de quelques heures et s’endormir comme une pierre. J’avais maintenant envie de la serrer contre moi. De pleurer dans son cou en bandant suffisamment fort pour lui envoyer tout mon foutre de la chatte aux sourcils sans l’avoir possédée.

— Tu permets ?

Sans attendre sa réponse je mis à nouveau quatre lignes, pour les siffler dans la foulée. J’avais aucune envie de la voir partir en OD chez moi. À choisir, qu’on me retrouve raide mort au milieu de ces deux nymphes pleines d’avenir m’enchantait.

Elle s’allongea sur le canapé, ses jambes sur mes cuisses et comme promis, elle retira le dernier rempart me reliant encore au monde. J’avais chaud, et elle, les yeux mis clos. Ma chemise disparue très vite, ma ceinture aussi, pour lui lier les mains au-dessus de la tête sans qu’aucun mot ne sorte de nos bouches. The Subways lâchait Rock & Roll Queen à tue-tête maintenant et en me penchant sur elle, je goutais sa bouche avec autant de passion que de tristesse. Elle respirait la vie et c’est toute la mienne que j’aurais aimé voir disparaître dans cette étreinte. Je la pris comme ça, pesant de mon poids sur elle, minuscule entre mes bras, pour jouir très vite de concert dans des larmes de désir.

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